20 Décembre 2024
All the Lost Ones // De Mackenzie Donaldson. Avec Jasmine Mathews, Vinessa Antoine et Devon Sawa.
Le cinéma d’anticipation a toujours été un miroir des préoccupations contemporaines. Avec All the Lost Ones, Mackenzie Donaldson propose une plongée dans un futur proche où le chaos climatique et les tensions sociales aboutissent à une guerre civile dévastatrice. Ce second long-métrage de la réalisatrice, bien qu’ambitieux dans son concept, laisse un goût d’inachevé en raison de ses choix narratifs discutables et de personnages manquant de profondeur. L’histoire se déroule dans un avenir proche où des politiques gouvernementales visant à contrer le changement climatique déclenchent une rébellion violente menée par une milice d’extrême droite appelée la United Conservancy. Cette faction, armée jusqu’aux dents et portée par une idéologie simpliste, parvient à prendre le contrôle de vastes territoires en Amérique du Nord, semant la terreur parmi les populations rurales.
Une future guerre civile éclate en raison de mesures imposées par le gouvernement pour lutter contre le changement climatique. Nia, sa sœur Penny et son petit ami Ethan se cachent lorsqu’un chef de milice et ses partisans arrivent à leur porte.
Face à eux, un groupe écologiste surnommé l’"EE" tente de résister tant bien que mal, tandis que les civils pris entre deux feux peinent à survivre. C’est dans ce contexte qu’évoluent Nia (Jasmine Mathews), sa sœur Penny (Vinessa Antoine) et Mikael (Steven Ogg), un homme qui leur offre refuge dans son chalet au bord d’un lac. Ce lieu isolé devient un sanctuaire précaire, mais l’équilibre est rapidement rompu lorsqu’une mission de ravitaillement tourne mal, attirant l’attention des miliciens. Si All the Lost Ones brille par sa capacité à mettre en scène un monde dystopique crédible, il échoue à susciter un véritable attachement aux personnages. Nia, figure centrale de l’histoire, est confrontée à des dilemmes moraux et des situations de survie extrêmes, mais le scénario lui donne peu de matière pour transcender son rôle.
Ses dialogues manquent de subtilité, et les tentatives pour la rendre émouvante tombent souvent à plat, malgré la performance sincère de Jasmine Mathews. Les antagonistes, quant à eux, sont réduits à des caricatures de rednecks brutaux et racistes. Cette représentation simpliste nuit à l’ambition du film, car elle évacue toute nuance. Dans un monde où les motivations et les idéologies sont souvent complexes, cette vision manichéenne laisse peu de place à la réflexion ou à l’empathie. Le film tente néanmoins de s’inscrire dans un discours sur les dérives autoritaires, les inégalités sociales et l’impact des réseaux sociaux sur la polarisation des opinions. Cependant, ces thèmes, pourtant pertinents, sont abordés de manière trop directe pour convaincre. Par exemple, une scène où Nia est confrontée à deux miliciens caricaturaux oscille entre le grotesque et le pathétique, réduisant un sujet sérieux à un échange simpliste.
L’idée que des individus rejoignent une milice non pas pour défendre une idéologie, mais simplement pour exercer un pouvoir brutal, est intéressante, mais elle aurait gagné à être développée avec davantage de subtilité. L’un des personnages, un général de la UC incarné par Devon Sawa, évoque une justification religieuse à leurs actions avec un chant grotesque, "Dieu protège la UC". Ce moment illustre bien la dérive absurde de certains mouvements, mais il manque de contexte et de profondeur pour réellement marquer les esprits. Visuellement, All the Lost Ones parvient à capturer une atmosphère pesante grâce à son utilisation judicieuse des décors naturels et à une mise en scène soignée. Les forêts sombres, les maisons abandonnées et les paysages désolés évoquent un monde en déclin, rappelant par moments l’univers oppressant de Les Fils de l’Homme.
L’eau, omniprésente dans plusieurs scènes, devient un symbole de survie et de désespoir, notamment lorsqu’un corps est découvert flottant près de leur refuge. Cependant, cette esthétique ne suffit pas à compenser un scénario qui peine à maintenir l’intérêt. Les péripéties du groupe, bien que ponctuées de moments de tension, semblent souvent téléphonées et manquent de réel impact émotionnel. All the Lost Ones n’est pas sans mérite. Il explore des thèmes d’actualité avec une certaine audace et propose une réflexion sur les dangers d’un monde où les divisions politiques et culturelles mènent à la violence. Cependant, l’exécution laisse à désirer. Les personnages stéréotypés, l’absence de nuances dans le conflit et un manque de subtilité dans le traitement des enjeux sociaux empêchent le film de se hisser au niveau des grandes œuvres du genre.
En fin de compte, All the Lost Ones témoigne des ambitions de Mackenzie Donaldson en tant que réalisatrice, mais également de ses limites narratives. Il s’agit d’un film qui aurait pu être un puissant commentaire sur notre époque, mais qui se contente d’effleurer ses thèmes sans les approfondir. Une occasion manquée, certes, mais qui mérite tout de même d’être saluée pour son audace et sa tentative de secouer les consciences, même si le résultat final reste largement perfectible.
Note : 4/10. En bref, dommage que le film ne se contente que d’effleurer ses thématiques sans les approfondir. Une dystopie sous tension, mais aux personnages décevants.
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