20 Décembre 2024
La première saison de Concordia avait tout pour plaire sur le papier : une intrigue ancrée dans un univers futuriste où une ville entière est gérée par une intelligence artificielle omniprésente. Pourtant, après six épisodes, le bilan est sans appel : cette série laisse un goût d'inachevé. L’idée d’une cité régie par une IA surveillant chaque mouvement de ses habitants aurait pu servir de socle à une réflexion profonde sur des thèmes modernes tels que la vie privée, le libre arbitre ou encore les dangers d’une utopie technologique. Mais au lieu de cela, Concordia s’embourbe dans des choix narratifs discutables et un développement qui n’exploite jamais pleinement son potentiel.
Concordia est une petite communauté expérimentale qui, grâce à une intelligence artificielle, assure la protection de la ville et de ses citoyens qui acceptent d'être sous une surveillance totale et permanente. Le modèle de Concordia va être mis à mal lorsque l’un des habitants de la communauté est retrouvé assassiné ...
Dès les premières minutes, l’univers de Concordia intrigue : une ville parfaitement contrôlée, où les comportements humains sont observés, analysés et ajustés en permanence. Ce cadre soulève immédiatement des questions captivantes : comment une société peut-elle évoluer sous une surveillance constante ? Où se situe la frontière entre sécurité et intrusion ? Pourtant, au lieu d’approfondir ces thématiques, la série s’égare dans un récit qui manque cruellement de direction. Le rythme est d’une lenteur frustrante, et les enjeux restent flous. Les sous-intrigues se multiplient sans jamais converger, et le mystère central – la mort inexpliquée d’un jeune garçon – s’étire au point de diluer toute tension.
À l’évidence, Concordia tente de jouer sur un suspense latent, mais elle échoue à tenir en haleine. Le spectateur attend désespérément un tournant narratif ou une révélation percutante qui ne viennent jamais. Un autre point faible majeur réside dans la caractérisation des personnages. Aucun d’eux ne parvient à véritablement capter l’attention ou susciter l’empathie. Théa, pourtant prometteuse dans les premières scènes, se révèle vite fade et unidimensionnelle. Sa relation avec sa mère malade, qui aurait pu servir de levier émotionnel puissant, reste en surface. De son côté, la directrice de ConcordIA, censée incarner la vision et les conflits moraux du projet, se perd dans une quête nostalgique pour une utopie perdue, sans jamais devenir un antagoniste ou un protagoniste solide.
Quant aux habitants de Concordia, leur acceptation unanime de la surveillance constante est non seulement irréaliste, mais également dérangeante. Pas une seule voix discordante ne vient troubler cette harmonie artificielle. Ce choix de représentation laisse perplexe : la série semble éviter tout débat critique sur les implications éthiques de ce mode de vie. Est-ce une apologie de la surveillance ? Ou une maladresse dans l’écriture ? Difficile de trancher. Malgré ses défauts narratifs, Concordia se distingue par une réalisation visuelle soignée. Les décors sont impeccables et traduisent bien l’aspect aseptisé de cette ville contrôlée par une IA. Les choix de cadrage, bien que parfois trop rigides, renforcent cette atmosphère clinique. Cependant, cette excellence esthétique ne suffit pas à compenser le manque de profondeur du récit.
Les dialogues, eux, oscillent entre convenus et anecdotiques, sans jamais atteindre une réelle intensité dramatique. Là où on attendait des échanges percutants, porteurs de tensions ou de philosophies opposées, on se retrouve face à des discussions fades, qui peinent à nourrir l’histoire ou enrichir les personnages. Classée comme série de science-fiction, Concordia semble renoncer à tout ce qui définit véritablement ce genre : l’exploration d’idées novatrices, la critique sociale ou encore la projection de scénarios extrapolés. Hormis la présence de l’IA omnipotente, aucun élément ne vient justifier cette étiquette. La technologie, loin d’être un moteur narratif, reste un décor passif. Quant à l’intrigue principale, elle s’enlise dans une enquête policière sans profondeur, qui aurait pu se dérouler dans n’importe quel cadre contemporain.
Le potentiel d’une série comme Concordia résidait dans sa capacité à poser des questions dérangeantes et à ouvrir un débat sur l’avenir de nos sociétés. Mais au lieu de cela, elle choisit l’inaction, évitant soigneusement toute remise en question. Le résultat est une œuvre qui manque cruellement d’âme, et qui se contente d’effleurer les problématiques qu’elle promettait d’explorer. Si certains spectateurs persistent jusqu’au dernier épisode, c’est probablement par curiosité ou par espoir d’un dénouement spectaculaire. Malheureusement, cet espoir est rapidement déçu. L’intrigue principale reste irrésolue, les arcs narratifs secondaires sont abandonnés, et les personnages ne connaissent aucune évolution significative. En fin de compte, Concordia ne délivre ni catharsis, ni satisfaction.
Avec Concordia, on a l’impression de voir un projet ambitieux abandonné en cours de route. L’idée initiale, aussi captivante soit-elle, est diluée dans un récit qui manque de consistance et d’engagement. La réalisation et les décors témoignent d’une certaine maîtrise technique, mais cela ne suffit pas à combler les lacunes d’un scénario paresseux et d’une direction artistique sans audace. Il ne s’agit pas de rejeter totalement la série, mais plutôt de regretter ce qu’elle aurait pu être. En l’état, Concordia rate l’opportunité de s’imposer comme une œuvre majeure dans le paysage de la science-fiction télévisuelle. Une copie à revoir, en espérant qu’une éventuelle saison 2 saura corriger ces erreurs et offrir une vision plus aboutie et pertinente de son univers.
Note : 2/10. En bref, on s’ennui fermement pendant six épisodes. Concordia est une véritable opportunité manquée qui n’a de science-fiction que l’idée de départ.
Disponible sur france.tv
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