20 Décembre 2024
Do Not Enter // De Hugo Cardozo. Avec Lucas Caballero, Pablo Martinez et Rafael Alfaro.
Le genre du found footage, ce style de film où les événements semblent capturés par une caméra amateur, possède une capacité unique à immerger le spectateur dans l’horreur. Il déstabilise, parfois jusqu’à l’inconfort, en brouillant la frontière entre réalité et fiction. Avec Do Not Enter, le réalisateur tente d’insuffler une nouvelle vie à ce format, en combinant une ambiance oppressante et des frissons bien dosés. Pourtant, malgré quelques moments de bravoure, le film trébuche sur des écueils classiques qui affaiblissent son potentiel. L’histoire de Do Not Enter repose sur un postulat familier : deux créateurs de contenu, en quête de notoriété sur les réseaux sociaux, décident de passer une nuit dans une maison abandonnée.
Deux amis, aspirants Youtubers, s’introduisent là où ils ne devraient pas. Leur aventure prend une tournure terrifiante alors qu’ils affrontent un mal inimaginable.
Ce genre de prémisse est un classique du cinéma d’horreur, et pour cause : l’isolement, l’obscurité, et les mystères liés aux lieux chargés d’histoire sont des ingrédients parfaits pour créer l’angoisse. Ce qui distingue Do Not Enter, c’est son cadre. Contrairement à la majorité des films du genre, souvent produits aux États-Unis, celui-ci explore une autre culture et un environnement moins conventionnel pour ce type d’histoire. Cela apporte un vent de fraîcheur au genre, bien qu’il ne soit pas exploité à son plein potentiel. La maison, véritable personnage à part entière, impressionne par son atmosphère : des couloirs sombres, des bruits inquiétants, et une histoire trouble qui transparaît dans chaque recoin. Malheureusement, le scénario ne pousse pas suffisamment cette singularité, s’en tenant à des clichés qui finissent par affaiblir l’ensemble.
L’un des principaux points faibles du film réside dans ses protagonistes. Les deux YouTubeurs, censés porter l’intrigue, peinent à susciter l’empathie. Leur comportement, souvent irritant, rend difficile pour le spectateur de s’investir émotionnellement dans leur sort. Cela est particulièrement vrai pour l’un d’eux, identifiable par sa chevelure rose, qui cumule maladresses et décisions absurdes tout au long du film. Dans un film d’horreur, l’attachement aux personnages est crucial : sans cela, les moments de tension perdent de leur impact. Ici, l’absence de profondeur dans l’écriture des personnages est un véritable frein. Le spectateur se retrouve à observer leurs mésaventures avec un détachement certain, ce qui diminue l’impact émotionnel des scènes les plus marquantes.
Si Do Not Enter échoue sur le plan des personnages, il se rattrape avec brio dans la création de son ambiance. La réalisation exploite intelligemment le format found footage pour plonger le spectateur au cœur de l’action. La caméra tremblante et les plans à la première personne renforcent le sentiment de claustrophobie, donnant parfois l’impression d’être prisonnier de la maison aux côtés des personnages. Les scènes de frayeur sont indéniablement le point fort du film. Le réalisateur maîtrise l’art du jump scare, ces sursauts soudains qui font bondir le spectateur. Chaque apparition de fantômes ou de phénomènes étranges est soigneusement chorégraphiée pour maximiser l’effet de surprise. L’utilisation du son et de la lumière est particulièrement remarquable : des ombres qui se déplacent furtivement, des bruits stridents qui brisent le silence...
Tout est pensé pour maintenir une tension constante. Ces moments, bien que mémorables, sont malheureusement dilués dans une narration qui manque de rythme. L’un des principaux reproches que l’on peut adresser à Do Not Enter est son manque de dynamisme. Entre deux scènes de tension, le film s’égare dans des séquences trop longues et peu engageantes. Ces moments d’attente, censés construire une montée en puissance, finissent par ralentir le récit et donner une impression de longueur. Le problème est amplifié par l’absence de développement des personnages. Lorsque le spectateur ne s’intéresse pas vraiment au sort des protagonistes, ces moments de transition deviennent encore plus difficiles à supporter.
Une réécriture plus resserrée, avec un meilleur équilibre entre les moments calmes et les scènes d’horreur, aurait sans doute permis de corriger ce défaut. Do Not Enter ne cache pas ses influences. Le film rappelle par moments des œuvres comme Catacombes notamment dans sa manière d’explorer un lieu labyrinthique où le surnaturel et l’incohérence spatiale se mêlent. Si ces inspirations peuvent être vues comme un hommage, elles donnent aussi l’impression que le film manque d’une identité propre. Les incohérences liées à la maison hantée – des pièces qui semblent changer de place, des apparitions qui défient toute logique – ajoutent une dimension cauchemardesque qui fonctionne bien. Mais là encore, le film ne pousse pas assez loin ces idées pour se démarquer réellement.
Un autre point fort de Do Not Enter réside dans sa réalisation. La qualité de la cinématographie est impressionnante pour un film de ce genre. Les plans, bien que volontairement désordonnés pour coller au style found footage, sont souvent ingénieux et renforcent l’immersion. Le traitement du son, en revanche, est plus discutable. Si les effets sonores contribuent à l’angoisse, le mixage est parfois mal équilibré. Les voix des personnages sont souvent trop faibles, rendant certains dialogues difficiles à comprendre, surtout pour un public non natif de la langue utilisée. Cela peut devenir un obstacle pour profiter pleinement de l’histoire. En définitive, Do Not Enter est un film qui oscille entre le brillant et le frustrant. Ses qualités – une ambiance immersive, des moments de frayeur bien exécutés, et une réalisation solide – montrent que le réalisateur a un véritable talent pour manier les codes de l’horreur.
Cependant, ces points positifs sont contrebalancés par des faiblesses majeures : des personnages peu engageants, un rythme inégal, et un scénario qui peine à se démarquer. Pour les amateurs de found footage et d’expériences immersives, le film mérite tout de même d’être découvert, ne serait-ce que pour ses quelques scènes mémorables et sa gestion de l’atmosphère. Mais pour ceux qui cherchent une œuvre véritablement marquante, Do Not Enter risque de laisser un goût d’inachevé.
Note : 4.5/10. En bref, entre terreur et frustration, un found footage imparfait.
Prochainement en France
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