Critiques Séries : Get Millie Black. Saison 1. Episode 2.

Get Millie Black // Saison 1. Episode 2. Hibiscus.

L’épisode 2 de Get Millie Black plonge encore plus profondément dans l’univers sombre et complexe de la série. Alors que les fils de l’intrigue principale se resserrent, les relations personnelles de Millie et les secrets familiaux viennent enrichir le récit, révélant une héroïne en quête de vérité dans un monde hostile. Cet épisode illustre brillamment comment une série peut mêler drame émotionnel et polar intense pour captiver son audience. L’épisode s’ouvre sur une scène forte : Curtis, grièvement blessé, est hospitalisé après la fusillade du premier épisode. La situation met en lumière l’homophobie institutionnelle lorsque le compagnon de Curtis, Daniel, se voit refuser l’accès à son partenaire sous prétexte qu’ils ne constituent pas une "vraie famille". 

Millie intervient avec véhémence pour défendre Daniel, mais ce dernier ne cache pas son ressentiment envers elle. Il la tient partiellement responsable de la blessure de Curtis, ce qui ajoute une couche de tension émotionnelle à une situation déjà complexe. Ce moment illustre parfaitement l’un des thèmes centraux de la série : les discriminations systémiques et leurs conséquences. Ici, ce n’est pas seulement la violence physique qui est dénoncée, mais aussi celle plus insidieuse des préjugés sociaux, qui amplifie le drame personnel des personnages. L’une des surprises de cet épisode réside dans le choix narratif audacieux de donner à Hibiscus un rôle de narratrice. Ce personnage, marginalisé et profondément blessé, offre un regard brut et sincère sur sa vie et ses choix. 

La scène où Hibiscus découvre le corps sans vie de Deltreece, brutalement battue, est particulièrement marquante. Hibiscus, pieds nus et ensanglantés, erre dans la rue, son désespoir palpable. Sa douleur dépasse les mots, et pourtant, elle insiste : elle n’a pas besoin d’être sauvée, mais d’un soutien. Cette revendication éclaire la profondeur de son personnage et l’impact de son vécu sur la dynamique familiale avec Millie. L’intrigue policière avance à grands pas dans cet épisode. Millie et son partenaire réticent, Luke Holborn, tentent de gagner la confiance de Janet, une jeune femme au comportement énigmatique. Leur échange est fascinant : Millie, avec une douceur rare, parvient à établir un lien fragile avec Janet, un contraste frappant avec la rigidité froide de Holborn.

Cependant, alors que Janet semble prête à livrer des informations cruciales, un homme, se présentant comme son avocat, interrompt brutalement l’interrogatoire. Cette intervention met en évidence les forces obscures qui tirent les ficelles en arrière-plan, frustrant non seulement les enquêteurs, mais aussi le spectateur, avide de réponses. Holborn, exaspéré par les méthodes de Millie, ne se prive pas de critiques acerbes. La tension entre eux ne cesse de monter, amplifiée par une révélation troublante : Holborn connaît un secret sur Millie, impliquant la mort d’un jeune garçon nommé Victor. Cette révélation bouleverse Millie, dévoilant une faille supplémentaire dans son armure déjà fragile. En parallèle de l’enquête, l’épisode explore les blessures laissées par la mort de la mère de Millie et Hibiscus. 

Lorsque Hibiscus, meurtrie physiquement et psychologiquement, se réfugie chez Millie, leur passé commun ressurgit avec une intensité brutale. Les flashbacks de leur enfance révèlent une relation toxique avec leur mère, marquée par la violence et les attentes irréalistes. Hibiscus, en particulier, reste hantée par le souvenir de la mort de leur mère, un événement chargé de culpabilité et de douleur. Les interactions entre les deux sœurs, oscillant entre affection et confrontation, ajoutent une richesse émotionnelle à l’épisode. L’idée que la maison familiale est hantée prend une dimension symbolique. Pour Hibiscus, elle représente un fardeau émotionnel insupportable, tandis que pour Millie, elle semble être une ancre dans un monde instable. Leur désaccord sur la vente de la maison cristallise leurs différences, tout en soulignant la complexité de leur lien.

L’épisode atteint son apogée avec une scène particulièrement choquante : Millie et Holborn découvrent une maison appartenant à la famille Somerville, transformée en scène de crime. Chaque pièce révèle un nouveau cadavre, un véritable carnage. Cette séquence, glaçante dans sa mise en scène, marque un tournant décisif dans l’enquête. La disparition de Janet et Freddie, associés à ce massacre, soulève de nouvelles questions : qui est responsable, et quel rôle jouent ces deux personnages dans cette tragédie ? L’apparition d’un symbole sur l’un des corps suggère l’implication d’un gang, ajoutant une dimension criminelle organisée à l’intrigue. En clôturant l’épisode, Get Millie Black renforce la tension entre l’enquête principale et les conflits personnels de ses personnages. Millie, rongée par ses échecs passés, lutte pour maintenir le cap. 

Sa relation avec Hibiscus atteint un point de rupture, leur confrontation dans la maison familiale débouchant sur une scène émotionnellement intense où passé et présent s’entrechoquent. Curtis, enfin réveillé, apporte un nouvel indice crucial à l’enquête : des photos effacées du jeune Romeo Lawrence, confirmant les soupçons de Millie sur une connexion entre cet enfant disparu et les Somerville. Ce deuxième épisode de Get Millie Black est un parfait exemple de narration complexe et nuancée. Entre les révélations de l’enquête, les drames familiaux et les thématiques sociétales abordées avec une sincérité brute, cet épisode offre une expérience immersive et captivante. Pour moi, il incarne ce qui fait la force de cette série : une héroïne imparfaite mais résiliante, des personnages secondaires profondément humains, et une intrigue qui, bien qu’empreinte de mystère, reste ancrée dans des réalités socioculturelles poignantes.

Chaque scène, chaque interaction, apporte une nouvelle couche de profondeur à cet univers riche et troublant. Avec cet épisode, Get Millie Black confirme son statut de série incontournable pour ceux qui cherchent un polar qui ose explorer des zones d’ombre rarement abordées. Entre secrets, trahisons et blessures, la quête de vérité de Millie promet d’être aussi déchirante qu’inoubliable.

Note : 7/10. En bref, entre drames familiaux et découvertes glaçantes.