9 Décembre 2024
Week-end à Taipei // De Georges Huang. Avec Luke Evans, Gwei Lun Mei et Sung Kang.
Le cinéma d’action a souvent ses formules éprouvées : des courses-poursuites effrénées, des combats chorégraphiés à la perfection et une dose de drame romantique pour lier le tout. Malheureusement, Week-end à Taipei ne fait qu’appliquer cette recette sans y ajouter une pincée de saveur originale. Ce film, sorti en 2024 et écrit et produit par Luc Besson, incarne tout ce que l’on peut reprocher aux productions standardisées : un manque cruel d’audace et une tendance à recycler des idées déjà vues mille fois ailleurs. L’histoire nous transporte dans les rues animées de Taipei, une ville qui, sur le papier, aurait pu être un atout visuel majeur. Entre ses néons vibrants et ses ruelles tortueuses, la capitale taïwanaise offrait un décor parfait pour une aventure palpitante.
John Lawlor est un redoutable agent de la DEA pour qui le travail passe avant tout. De l’autre côté du globe, Joey Kwang vit sa vie pied au plancher. Au volant, il n’y a pas meilleur pilote qu’elle. Ils se sont rencontrés à Taipei. Leur histoire a été folle, brulante, passionnée. Mais de courte durée… Quinze ans plus tard, le destin les réunit de nouveau à Taipei. Les émotions enfouies refont surface. Dans un monde où le danger rôde à chaque coin de rue, seule la passion qui les avait unis autrefois pourra les sauver…
Malheureusement, cette richesse visuelle se limite à un rôle purement esthétique. L'intrigue aurait pu se dérouler n'importe où ailleurs — Berlin, Londres ou Shanghai — sans que cela ne change quoi que ce soit à son déroulement. Le décor reste en arrière-plan, relégué au rang de carte postale, et ne parvient jamais à devenir un élément central de l’histoire. Le scénario de Week-end à Taipei repose sur des bases extrêmement prévisibles. John Lawlor, un agent de la DEA interprété par Luke Evans, se retrouve à Taipei pour une mission contre un baron de la drogue. Au détour de cette opération, il recroise son ancienne flamme, incarnée par Kwai Lun-Mei, une pilote de course talentueuse. Ce duo, bien qu'efficace à l'écran grâce à une certaine alchimie entre les acteurs, ne parvient pas à sauver un récit qui s’enlise dans des clichés éculés.
L’histoire tente de combiner action, romance et drame, mais le tout manque cruellement de substance. Les flashbacks romantiques, supposés donner de la profondeur aux personnages, s'avèrent pesants et peu engageants. Ces interludes sentimentaux, d’une mièvrerie insupportable, cassent le rythme sans jamais enrichir l’intrigue. S'il y a une chose que le film ne manque pas, ce sont les scènes d’action. Cependant, leur abondance devient rapidement lassante. Les poursuites et les bagarres s'enchaînent sans réel enjeu ni tension dramatique. La mise en scène, bien que correcte techniquement, manque cruellement d'originalité et ne suscite aucune émotion. Il y a bien une scène d’action dans une cuisine de restaurant qui retient l’attention par sa créativité et son intensité, mais elle reste une exception dans un océan de séquences fades et répétitives.
À force de vouloir impressionner par des cascades spectaculaires, le film finit par se perdre dans une surenchère stérile. Luke Evans, connu pour son charisme et son talent, hérite ici d’un rôle peu flatteur. Il incarne John Lawlor avec professionnalisme, mais son personnage manque cruellement de relief. Difficile de ne pas voir en lui un simple clone de Jason Statham, sans la moindre trace d’originalité ou de profondeur. Malgré ses efforts pour insuffler un peu de vie à ce rôle, Evans ne peut compenser la faiblesse d’un scénario qui ne lui laisse que peu d’opportunités de briller. Quant aux autres membres du casting, ils peinent à se démarquer. Kwai Lun-Mei apporte une certaine énergie à son personnage, mais cela ne suffit pas à équilibrer les lacunes narratives.
Mention spéciale à Alain Figlarz, dont le rôle se résume à une réplique aussi insignifiante que sa présence à l'écran : "Je vais aux toilettes." Une anecdote qui illustre à elle seule le manque d’ambition du projet. Derrière la caméra, George Huang, s’illustre par une approche académique, voire paresseuse. Le film semble suivre un cahier des charges rigide dicté par EuropaCorp, la société de production de Luc Besson. Il ne laisse aucune place à l’innovation ou à une vision artistique personnelle. Huang livre un travail propre mais dépourvu de personnalité, rendant l’ensemble insipide. Le nom de Luc Besson est indissociable de Week-end à Taipei, et cela n’a rien de rassurant. EuropaCorp, connue pour ses productions d’action formatées comme Taken ou Le Transporteur, s’inscrit ici dans la même logique.
Tout semble conçu pour plaire à un public international peu exigeant, avec des scènes calibrées pour séduire sans jamais surprendre. Le problème, c'est que cette formule, autrefois efficace, commence sérieusement à montrer ses limites. En tant que spectateur, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine lassitude face à ce déferlement de stéréotypes et de scènes recyclées. Même les fans inconditionnels du genre risquent de trouver l’expérience décevante. Il est frustrant de constater que Week-end à Taipei avait le potentiel d’être bien plus qu’un simple film d’action générique. Avec une ville aussi dynamique que Taipei comme toile de fond, des acteurs talentueux et des moyens techniques indéniables, il y avait matière à créer une œuvre originale et captivante. Malheureusement, ce potentiel reste inexploité, enterré sous une avalanche de clichés et de facilités scénaristiques.
Week-end à Taipei n’est pas un mauvais film en soi, mais il est terriblement quelconque. Il s’agit d’un divertissement de masse qui, à force de vouloir plaire à tout le monde, finit par n’impressionner personne. Ce film illustre à la perfection les travers des productions standardisées : un manque d'âme, une intrigue prévisible et une exécution sans relief. Si vous êtes en quête d’un film d’action palpitant, passez votre chemin. Mais si votre seul objectif est de passer 90 minutes devant un spectacle sans prise de tête, Week-end à Taipei pourrait, à la rigueur, répondre à vos attentes. Pour ma part, je ne peux m’empêcher de penser que mon temps aurait été mieux investi ailleurs.
Note : 4/10. En bref, un film d’action quelconque.
Sorti le 25 septembre 2024 au cinéma
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