16 Janvier 2025
Get Away // De Steffen Haars. Avec Nick Frost, Aisling Bea et Sebastian Croft.
Il y a des films qui marquent un tournant dans votre expérience de spectateur, et Get Away est indéniablement l'un d'entre eux. Pas nécessairement pour ses qualités indiscutables, mais pour son audace à essayer quelque chose de différent, même si le résultat reste mitigé. Entre humour noir, horreur grotesque et satire sociale, le film, réalisé par Steffen Haars, ne laisse pas indifférent. L'intrigue de Get Away repose sur une prémisse prometteuse : une famille britannique décide de passer des vacances d'été sur l'île isolée de Svalta, en Suède. Attirés par le calme apparent de l'endroit et le célèbre festival local, le Karanän, ils espèrent se ressourcer loin du tumulte quotidien.
En vacances sur une île isolée en Islande, une famille apprend qu’un tueur en série y habite.
Mais dès leur arrivée, une tension sourde s’installe : les habitants du village ne semblent pas ravis de les voir. Ce qui commence comme une comédie légèrement absurde bascule rapidement dans une atmosphère oppressante, évoquant des œuvres cultes comme Midsommar ou The Wicker Man. L'idée de juxtaposer une escapade estivale idyllique avec des éléments de terreur était ambitieuse, mais le résultat est inégal. Le rythme du film est un point sensible. Les deux premiers tiers traînent en longueur, et la narration peine à capter l'attention. L'humour, bien que présent, repose sur des gags prévisibles et des personnages caricaturaux.
Nick Frost, qui incarne le père maladroit, livre une prestation correcte, mais son personnage manque de fraîcheur. On a l’impression de revoir un archétype qu’il a déjà exploré dans d’autres films. Aisling Bea, qui joue la mère, ainsi que les jeunes acteurs Maisie Ayres et Sebastian Croft, font de leur mieux avec un scénario qui les bride. Heureusement, Ayres se démarque par une performance pleine de vivacité et d’excentricité, laissant entrevoir un potentiel certain pour ses futurs rôles. Là où le film surprend, c'est dans son dernier acte. Après environ 50 minutes d’une progression lente et hésitante, un twist soudain vient complètement chambouler la dynamique.
Sans spoiler, cette révélation marque un tournant radical dans le ton et l'intensité du récit. Ce qui s'ensuit est un déferlement de violence, de chaos et d'humour noir. Les scènes sanglantes, bien que souvent exagérées, apportent un regain d'énergie et raviront les amateurs de gore. Si certaines séquences frôlent l’absurde, elles n’en demeurent pas moins divertissantes pour peu que l’on accepte de suspendre son incrédulité. Visuellement, Get Away alterne entre le convenu et l’inventif. Les paysages suédois, bien que magnifiques, sont sous-exploités, et l’atmosphère qui aurait pu être oppressante est souvent sabordée par des choix esthétiques maladroits. La réalisation de Steffen Haars souffre d’un manque de cohérence, oscillant entre l’hommage aux classiques du genre et une volonté de surprendre à tout prix.
Les effets spéciaux, bien que corrects, ne parviennent pas à masquer les failles d’un scénario qui s’effondre sous son propre poids. Le problème principal du film réside dans sa tonalité déséquilibrée. En voulant marier horreur et comédie, le résultat est un mélange confus où ni l’un ni l’autre ne prend réellement le dessus. Les tentatives d’humour tombent souvent à plat, et les moments d’horreur perdent de leur impact en raison de la surenchère de violence. Le film cherche à reproduire la magie de Shaun of the Dead, mais sans la subtilité ni l’écriture maîtrisée de ce dernier. Sous son apparente légèreté, Get Away aborde des thèmes intéressants mais sous-développés.
La xénophobie, le choc culturel et les tensions entre touristes et habitants locaux sont évoqués, mais sans réelle profondeur. Le festival Karanän, qui aurait pu être un élément central et fascinant du récit, reste en arrière-plan, relégué à un simple prétexte narratif. On aurait aimé en apprendre davantage sur les traditions et motivations des insulaires, mais ces aspects sont rapidement éclipsés par la spirale de violence du dernier acte. Le casting, bien que prometteur, ne parvient pas à élever le film au-delà de ses limites. Nick Frost, pourtant scénariste du film, semble étrangement en retrait, comme s’il manquait de conviction dans son propre projet.
Aisling Bea apporte une touche d’humanité bienvenue, mais son personnage est trop stéréotypé pour vraiment briller. En revanche, Maisie Ayres se révèle être une révélation, apportant une énergie rafraîchissante à chaque scène où elle apparaît. Get Away est un film frustrant car il montre par moments un potentiel indéniable. La tension latente, les quelques moments d'humour noir réussis et le twist inattendu sont autant d’éléments qui auraient pu en faire une œuvre mémorable. Malheureusement, ces qualités sont noyées sous un scénario bancal, un rythme inégal et une absence de cohérence dans la réalisation.
Le dernier acte, bien qu'extravagant et divertissant, ne suffit pas à sauver l’ensemble. Ce n’est pas un film que je déconseillerais totalement. Pour les amateurs d’expériences cinématographiques audacieuses et les curieux de voir un mélange improbable entre gore, comédie et satire, Get Away peut valoir le détour. Mais pour ceux qui recherchent un film plus abouti et maîtrisé, il est préférable de se tourner vers des classiques du genre. En fin de compte, Get Away est une œuvre imparfaite qui tente de sortir des sentiers battus, mais trébuche en chemin. Elle laisse derrière elle une impression mitigée, entre fascination et déception. À voir avec des attentes modérées et un esprit ouvert.
Note : 4/10. En tentative audacieuse de mélange entre horreur et comédie imparfaite.
Prochainement en France
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