30 Janvier 2025
Rivière // De Hugues Hariche. Avec Flavie Delangle, Sarah Bramms et Camille Rutherford.
Le cinéma aime suivre le parcours de jeunes héroïnes en quête d’identité, d’indépendance et d’affirmation de soi. Rivière s’inscrit dans cette tradition en racontant l’histoire de Manon, une adolescente qui tente de se construire à travers le sport et les épreuves personnelles qu’elle traverse. Avec un tel sujet, le film avait matière à offrir une réflexion sensible sur le passage à l’âge adulte. Pourtant, malgré quelques belles intentions, il peine à trouver un ton juste et une narration fluide. Le film repose en grande partie sur les entraînements sportifs de Manon, qui occupent une place centrale dans son quotidien.
Manon, dix-sept ans, quitte les montagnes suisses à la recherche de son père, introuvable. En formant de nouveaux liens et en découvrant son premier amour, elle est déterminée à suivre le chemin qu’elle s’est tracé sur la glace : devenir une joueuse de hockey professionnelle.
Pourtant, ces séquences manquent cruellement d’énergie. La caméra observe sans véritable intention, se contentant d’illustrer la routine sans jamais lui donner de relief. Un choix qui aurait pu fonctionner s’il servait une montée en puissance ou une exploration subtile des émotions de l’héroïne, mais qui, ici, contribue surtout à une impression de répétition. De la même manière, la mise en scène ne parvient pas à transcender les moments plus introspectifs. Les instants de doute, de frustration ou d’évolution sont là, mais ils restent en surface, comme figés. Il manque cette intensité qui permettrait de vraiment s’attacher au parcours de Manon et de ressentir son cheminement.
L’une des principales faiblesses de Rivière réside dans son scénario. Le film veut aborder plusieurs thématiques – le sport comme exutoire, les tensions familiales, la découverte de soi, la santé mentale – mais il peine à leur donner un véritable développement. À force de vouloir traiter plusieurs sujets, il les effleure sans jamais aller au bout de ses intentions. Par exemple, la relation de Manon avec sa famille aurait pu être un moteur émotionnel fort. Pourtant, ces tensions restent à l’état de décor, évoquées sans être réellement explorées. Il en va de même pour la question de l’identité et des sentiments naissants.
Des éléments intéressants sont posés, mais le film les traverse trop rapidement, sans leur accorder l’attention nécessaire pour qu’ils résonnent pleinement. Manon est une héroïne qui aurait pu être marquante, portée par un mélange de force et de fragilité. Malheureusement, son écriture manque de nuances. Certaines de ses réactions sont crédibles, d’autres semblent dictées par les besoins du scénario plus que par une évolution naturelle du personnage. Autour d’elle, les personnages secondaires peinent à exister pleinement. Ils gravitent dans son univers sans qu’un véritable lien ne se crée avec le spectateur.
L’absence d’un attachement fort aux personnages rend difficile l’immersion dans l’histoire. Il est essentiel, dans un drame initiatique, que l’on puisse s’identifier ou du moins ressentir une proximité avec les figures qui entourent l’héroïne. Ici, tout reste trop distant. Malgré ses maladresses, Rivière parvient par moments à capturer quelque chose d’authentique. Lorsqu’il se concentre sur Manon, sur ses regards, ses doutes, ses petites victoires, le film touche à quelque chose de juste. Ces instants permettent d’entrevoir ce qu’aurait pu être Rivière avec une écriture plus resserrée et une mise en scène plus inspirée.
Mais ces éclats restent ponctuels. Entre deux scènes réussies, le film enchaîne des passages déjà vus, des situations trop appuyées qui empêchent l’émotion d’émerger naturellement. L’issue du film reflète ses faiblesses. Au lieu de proposer un dénouement marquant, Rivière suit un chemin assez prévisible, sans réelle prise de risque. L’évolution de Manon semble précipitée, comme si le film devait conclure sans avoir pris le temps d’amener cette transformation de manière fluide. Il manque une vraie montée en puissance, un moment où tout bascule, où le spectateur ressent pleinement les enjeux. Au lieu de cela, le film se referme doucement, sans marquer durablement.
En définitive, Rivière repose sur des intentions louables mais ne parvient pas à les concrétiser pleinement. Il y a une volonté de raconter une histoire de résilience, de montrer le sport comme un moyen d’émancipation, mais le manque de profondeur dans l’écriture des personnages et la mise en scène trop sage empêchent le film de vraiment toucher. Pour un premier long-métrage, il y a des bases intéressantes, mais l’ensemble aurait gagné à être mieux construit, plus incarné. Manon méritait un récit plus à la hauteur de son parcours, une histoire qui prenne le temps d’explorer ses émotions sans se disperser.
Note : 4.5/10. En bref, une quête d’émancipation qui manque de souffle. Rivière laisse donc une impression mitigée, celle d’un film qui avait du potentiel mais qui n’a pas su l’exploiter pleinement.
Sorti le 30 octobre 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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