Prime Target (Saison 1, épisodes 1 et 2) : thriller scientifique et conspirationniste pour les nuls

Prime Target (Saison 1, épisodes 1 et 2) : thriller scientifique et conspirationniste pour les nuls

Les deux premiers épisodes de Prime Target, disponibles sur Apple TV+, posent les bases d’une intrigue mêlant mathématiques, histoire et espionnage. Si certains éléments attisent la curiosité, l’ensemble souffre de problèmes de rythme et de personnages peu engageants. Dès les premiers instants, Prime Target nous propulse dans une atmosphère intrigante. La série s’ouvre sur une découverte archéologique à Bagdad, où un mystérieux artefact semble lié à des théories mathématiques sur les nombres premiers. Le protagoniste, Edward Brooks, un étudiant en mathématiques de Cambridge, se retrouve malgré lui embarqué dans une conspiration mondiale, où les enjeux scientifiques et politiques s’entremêlent.

 

Edward Brooks, un brillant chercheur en mathématiques, est sur le point de faire une découverte majeure. S’il parvient à décoder les nombres premiers, il détiendra la clé des ordinateurs du monde entier. Il réalise très vite qu’un ennemi invisible essaie de l'empêcher de développer son idée. Il croise alors le chemin de Taylah Sanders, une agent de la NSA, chargée de surveiller le mathématicien. Ensemble, ils commencent à remonter la piste du complot au cœur duquel se trouve Edward.

 

Sur le papier, le mélange d’histoire, de science et de mystère est séduisant. L’idée d’un lien caché entre les nombres premiers et l’univers, aussi spéculative soit-elle, offre un point de départ fascinant. Cependant, la série peine à trouver une cohérence interne. Certaines scènes, notamment autour de la recherche universitaire, flirtent avec l’absurde. Par exemple, un passage où Edward découvre que tous les livres sur les nombres premiers ont été supprimés des bibliothèques académiques manque cruellement de crédibilité. Ce genre d’incohérence fragilise l’immersion et nuit à la suspension d’incrédulité nécessaire pour apprécier un tel récit.

 

Le personnage central, Edward Brooks, est au cœur des problèmes de la série. Présenté comme un génie des mathématiques, son intelligence est constamment affirmée par les autres personnages, mais rarement démontrée à l’écran. Pire, son comportement arrogant et désagréable le rend peu attachant. Son manque d’empathie est particulièrement frappant. Lorsqu’un collègue disparaît dans des circonstances troublantes, Edward semble plus préoccupé par ses notes de recherche que par la sécurité de son mentor. Même dans ses relations personnelles, son attitude laisse à désirer : une scène où il rabroue un partenaire après une aventure d’un soir illustre bien son incapacité à établir de véritables connexions humaines.

 

Cette froideur pourrait être interprétée comme une volonté des scénaristes de représenter un personnage sur le spectre autistique. Si tel est le cas, l’approche manque de nuance. Edward n’évoque ni compassion ni intérêt sincère pour son entourage, ce qui complique l’investissement émotionnel du spectateur dans son parcours. Pour qu’un personnage principal fonctionne dans ce type de récit, il faut au minimum une raison de vouloir qu’il réussisse. Ici, cette raison est difficile à trouver. L’un des principaux problèmes des deux premiers épisodes réside dans leur rythme. L’intrigue avance lentement, et certaines scènes s’étirent inutilement. 

 

Malgré un début prometteur avec une séquence immersive à Bagdad, le reste de l’épisode peine à maintenir l’attention. Le deuxième épisode tente d’accélérer la cadence, notamment avec un changement de décor dans le sud de la France, mais l’ensemble reste trop plat pour véritablement captiver. Les dialogues, souvent plombés par une exposition maladroite, n’aident pas. Une grande partie des explications scientifiques sur les nombres premiers et leurs implications se limite à des phrases superficielles, laissant le spectateur sur sa faim. Au lieu d’éclairer l’intrigue, ces moments donnent l’impression de combler les vides.

 

Malgré ces faiblesses, certains éléments visuels sont réussis. Les décors universitaires de Cambridge et les paysages côtiers français apportent une touche d’élégance. Mais une esthétique soignée ne suffit pas à compenser le manque de tension et de profondeur narrative. Tous les personnages ne sont pas aussi problématiques qu’Edward. Taylah Sanders, une agente de surveillance de la NSA, apporte un souffle d’énergie à l’histoire. Son rôle reste limité dans ces premiers épisodes, mais ses scènes sont parmi les plus engageantes. Contrairement à Edward, Taylah dégage une présence dynamique et un sens de l’urgence qui manquent au reste du récit.

 

Andrea, une professeure d’archéologie liée à la découverte en Irak, constitue également un ajout intéressant. Son expertise et son implication dans l’intrigue apportent une perspective différente, même si son rôle reste encore en retrait. Ces personnages secondaires montrent que la série a des atouts inexploités, et pourraient devenir plus centraux dans les épisodes suivants. En filigrane, Prime Target soulève des questions intrigantes sur la nature des nombres premiers et leur rôle dans la compréhension de l’univers. Ces concepts auraient pu donner lieu à une exploration passionnante des frontières entre science et mysticisme. 

 

Malheureusement, la série semble hésiter entre thriller conspirationniste et drame universitaire sans réussir à exceller dans l’un ou l’autre. L’équilibre entre les genres est délicat, et Prime Target n’arrive pas encore à le trouver. Les éléments de suspense sont parfois étouffés par des dialogues laborieux ou des incohérences narratives. Les moments de tension, censés accroître l’engagement du spectateur, sont trop rares. Après deux épisodes, Prime Target laisse une impression mitigée. L’idée de base est séduisante, et certains personnages secondaires apportent un souffle d’espoir. Mais les problèmes de rythme, les dialogues maladroits et un protagoniste difficile à apprécier freinent l’ensemble.

 

Pour l’instant, la série offre un divertissement passable, mais elle peine à se démarquer. Peut-être que les épisodes suivants corrigeront ces défauts et développeront le potentiel esquissé dans ce début de saison. Pour ceux qui apprécient les intrigues conspirationnistes et les récits scientifiques, cela vaut la peine de lui accorder une chance. Mais je reste prudent quant à ses capacités à véritablement surprendre ou captiver sur le long terme.

 

Note : 4.5/10. En bref, il y a du potentiel mais le héros un brin antipathique et certaines bêtises du scénario empêchent de pleinement s’investir. 

Disponible sur Apple TV+

 

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