Clean Slate (Saison 1, 8 épisodes) : une comédie familiale avec un twist moderne

Clean Slate (Saison 1, 8 épisodes) : une comédie familiale avec un twist moderne

Les séries comiques ont toujours su capturer l’air du temps, et Clean Slate ne fait pas exception. Avec cette première saison, la série pose son cadre en Alabama, dans une petite ville où Desiree Slate (interprétée par Laverne Cox) revient après plus de vingt ans d’absence. Ce retour est loin d’être anodin : elle retrouve un père, Harry Slate (George Wallace), qui ne l’a pas vue depuis qu’elle était adolescente, et elle doit reconstruire des liens avec un passé qu’elle avait laissé derrière elle. 

 

Harry est propriétaire d'une station de lavage de voitures à l'ancienne en Alabama. Son quotidien est bouleversé lorsque l'enfant qu'il pensait être son fils revient en tant que femme transgenre et fière, Desiree.

 

Derrière ses allures de sitcom, Clean Slate propose un récit où les enjeux familiaux et les tensions intergénérationnelles s’entremêlent avec des thématiques plus vastes, sans jamais tomber dans le prêchi-prêcha. La série mise sur l’humour pour aborder des sujets qui pourraient être conflictuels, tout en mettant en avant des personnages attachants et nuancés. Dès les premières minutes du premier épisode, Desiree revient chez elle après des années passées à New York. Son projet de galerie d’art a échoué, sa relation amoureuse s’est effondrée, et elle n’a plus vraiment d’autre choix que de revenir à Mobile, Alabama. 

 

La scène d’ouverture place immédiatement l’une des dynamiques centrales de la série : son père, Harry, ne la reconnaît pas lorsqu’elle frappe à sa porte. Sa réaction n’est ni violente ni rejetante, mais teintée d’une surprise maladroite. L’une des particularités de Clean Slate est justement ce refus de tomber dans un conflit trop évident. Si Harry est un homme ancré dans une certaine vision du monde, sa surprise ne se transforme pas en rejet. Son plus grand choc n’est pas l’identité de sa fille, mais plutôt le fait qu’elle soit devenue végétarienne. 

 

Ce traitement presque décalé des enjeux permet à la série de se distinguer des récits classiques où l’acceptation passe forcément par des confrontations douloureuses. Là où Clean Slate fonctionne particulièrement bien, c’est dans sa gestion des personnages secondaires. Chacun d’eux joue un rôle précis dans l’histoire et contribue à donner de la consistance au monde qui entoure Desiree. Harry Slate, son père, est une figure traditionnelle, bourrue mais bienveillante, qui évolue sans jamais devenir un cliché du patriarche dépassé par son époque.

 

Mack, l’employé du car-wash familial, est un père célibataire et un ancien détenu qui tente de se reconstruire, tandis que sa fille Opal, une fillette intelligente et affirmée, apporte une légèreté supplémentaire à la série. Louis, l’ami proche de Desiree, incarne une autre facette du récit avec son propre cheminement d’acceptation. L’alchimie entre ces personnages permet de donner une vraie dynamique à la série. Les dialogues sont souvent incisifs, parfois un peu trop écrits dans un style typique des sitcoms traditionnelles, mais ils restent portés par des acteurs qui savent donner de la sincérité à leurs échanges.

 

L’alchimie entre ces personnages permet de donner une vraie dynamique à la série. Les dialogues sont souvent incisifs, parfois un peu trop écrits dans un style typique des sitcoms traditionnelles, mais ils restent portés par des acteurs qui savent donner de la sincérité à leurs échanges. Si Clean Slate s’inscrit dans la tradition des comédies familiales, elle évite délibérément certains écueils du genre. Contrairement à d’autres œuvres qui insistent sur les conflits et les drames pour faire évoluer leurs personnages, cette série choisit la voie de l’acceptation immédiate ou presque. 

 

Cela peut surprendre, voire dérouter : il n’y a pas de grande scène où Desiree doit se battre pour prouver qu’elle a sa place dans sa famille. Certains y verront un manque de réalisme, notamment dans un contexte où les questions liées aux droits des personnes trans restent particulièrement sensibles aux États-Unis. D’autres y verront un choix délibéré : montrer une histoire où les conflits ne tournent pas uniquement autour du rejet ou de la discrimination, mais plutôt autour des petites frictions du quotidien. C’est particulièrement flagrant dans l’épisode dédié à l’élection présidentielle. 

 

Alors que la série évite la plupart du temps de nommer explicitement les tensions politiques qui pourraient peser sur Desiree et son entourage, elle n’hésite pas à mettre en scène des discussions animées sur la situation politique américaine. L’intrigue se déroule principalement dans une file d’attente pour voter, et l’épisode illustre les obstacles rencontrés par certaines populations pour exercer leur droit de vote. Là où Clean Slate aurait pu opter pour une approche plus conflictuelle, elle choisit au contraire de baigner dans une atmosphère optimiste. Les tensions existent, mais elles sont rapidement désamorcées, et le récit ne s’attarde jamais sur des moments de souffrance.

 

Cela se ressent particulièrement dans la relation entre Desiree et Harry. Même lorsque ce dernier est dépassé par certaines choses, il ne bascule jamais dans l’hostilité. Il y a bien une scène de confrontation, où des blessures du passé refont surface, mais elle est traitée avec une certaine retenue. Ce choix scénaristique peut être perçu comme une volonté de proposer un modèle différent, où l’acceptation se fait sans heurt majeur. Toutefois, cette légèreté a ses limites. En évitant certains conflits, la série laisse parfois des enjeux de côté, donnant parfois l’impression d’un monde où les difficultés sont facilement résolues. 

 

Cela peut frustrer certains spectateurs, notamment ceux qui auraient aimé voir la série creuser davantage les réalités auxquelles Desiree est confrontée en tant que femme trans dans le Sud des États-Unis. Malgré des qualités évidentes, Clean Slate arrive sur une plateforme où ce type de contenu peine souvent à trouver son public. Amazon Prime n’a pas particulièrement mis en avant la série, et son avenir reste incertain. Dans un paysage télévisuel où les séries doivent rapidement prouver leur valeur pour espérer une seconde saison, il n’est pas garanti que Clean Slate ait l’opportunité d’explorer plus en profondeur son univers et ses personnages.

 

Si elle devait s’arrêter après cette première saison, elle resterait une proposition originale : une série qui choisit de raconter une histoire de retrouvailles et de reconstruction familiale sans insister sur les tensions habituelles. Cela peut être vu comme une faiblesse ou comme un parti pris rafraîchissant, selon les attentes de chacun. En tout cas, Clean Slate montre qu’il est possible d’aborder des sujets de société à travers la comédie sans forcément passer par des récits de souffrance et d’adversité. Il reste à voir si ce choix trouvera son public et s’il permettra à la série de continuer son chemin.

 

Ce texte capture l’essence de la saison 1 de Clean Slate tout en proposant une réflexion originale sur ses choix narratifs et son positionnement. Il évite les superlatifs et adopte un ton humain et accessible, conforme à ta demande. Mention spéciale à la scène sur « Rain on Me » de Lady Gaga et Ariana Grande à la fin de l’épisode comme un symbole d’émancipation et de renouveau. 

 

Note : 6/10. En bref, c’est parfois drôle et parfois cela ne fonctionne pas mais dans sa globalité, Clean Slate a du coeur à offrir et des personnages attachants bien incarnés. 

Disponible sur Amazon Prime Video

 

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