Critique Ciné : The Order, la confrérie de l’ombre (2025, Amazon Prime Video)

The Order, la confrérie de l’ombre // De Justin Kuzel. Avec Jude Law, Nicholas Hoult et Tye Sheridan.

Il y a des films qui intriguent dès leur sortie en catimini sur une plateforme de streaming, et The Order en fait partie, sorti sur Amazon Prime Video. Inspiré d’événements réels, ce thriller policier s’attaque à une thématique brûlante : la montée des extrémismes aux États-Unis dans les années 80. Avec un réalisateur habitué aux récits sombres et un casting de qualité, le film promettait une plongée immersive dans un univers brutal et troublant. Mais si l’ambition est bien présente, le résultat final laisse un sentiment mitigé.

Une série de braquages de banques et de vols de voitures a effrayé les communautés du nord-ouest du Pacifique. Un agent isolé du FBI pense que ces crimes ne sont pas l'œuvre de criminels motivés par la finance.

Dès les premières images, The Order installe une atmosphère lourde. La réalisation, soignée et immersive, s’appuie sur des décors naturels qui renforcent le sentiment d’isolement et d’oppression. Forêts denses, paysages ruraux, petites villes perdues : l’Amérique profonde devient un personnage à part entière, presque aussi inquiétante que les individus qu’elle abrite. L’image, léchée sans être trop stylisée, évite les effets tapageurs pour privilégier une approche plus brute. Cette retenue visuelle sert bien le propos du film, qui veut montrer la banalité du mal plutôt qu’en faire un spectacle.

L’intrigue suit une enquête fédérale sur un groupe radical impliqué dans une série de braquages violents. La construction du film repose sur un suspense bien dosé, alternant entre l’investigation menée par un agent du FBI et l’immersion dans le quotidien des membres du groupe extrémiste. Ce double point de vue apporte une certaine richesse à la narration, permettant de mieux comprendre les mécanismes qui poussent ces individus à l’idéologie violente. Cependant, si le film maîtrise son rythme dans sa première moitié, il peine à maintenir la tension sur la durée. Certains personnages, pourtant au cœur du récit, manquent de profondeur. 

Il leur manque cette complexité qui aurait permis d’aller au-delà du simple affrontement entre le bien et le mal. Le casting est l’un des atouts du film. Jude Law incarne un agent du FBI expérimenté et désabusé, dont la présence donne du poids à l’enquête. À ses côtés, Nicholas Hoult apporte une intensité glaciale à son rôle, bien que son personnage aurait mérité plus de nuances. Tye Sheridan, dans la peau d’un jeune policier local, offre une performance plus naturelle qui équilibre bien l’ensemble. Pourtant, malgré des acteurs investis, l’émotion peine à transparaître pleinement. 

L’interprétation est volontairement sobre, ce qui renforce le réalisme du film, mais empêche parfois une réelle connexion avec les personnages. En abordant un sujet aussi sensible que l’extrémisme, The Order avait le potentiel d’être un film coup de poing, une œuvre marquante qui pousse à la réflexion. Il réussit par moments à créer un malaise, notamment grâce à son ambiance pesante et ses scènes de tension bien exécutées. Cependant, le scénario reste trop sage dans son traitement des motivations des antagonistes. Le film expose les faits sans forcément les approfondir, ce qui peut laisser un goût d’inachevé. 

L’approche réaliste empêche aussi certaines scènes d’action d’avoir un véritable impact dramatique. The Order n’est ni un échec, ni une réussite éclatante. Il pose un regard lucide sur une réalité inquiétante et bénéficie d’une atmosphère réussie, mais manque de profondeur pour totalement marquer les esprits. Un film qui se regarde avec intérêt, mais qui aurait pu aller plus loin dans son exploration des dérives idéologiques et de leurs conséquences.

Note : 6.5/10. En bref, un polar sombre plutôt réussi mais qui manque de relief. 

Disponible sur Amazon Prime Video