10 Février 2025
Better Man // De Michael Gracey. Avec Robbie Williams, Jonno Davies et Steve Pemberton.
Les biopics musicaux ont tendance à suivre des schémas connus : une ascension fulgurante, des excès, une chute, puis une forme de rédemption. Better Man, consacré à Robbie Williams, choisit une approche différente. Ce film ne cherche pas à retracer fidèlement chaque étape de la vie du chanteur, mais plutôt à explorer ce qui l’a façonné en tant qu’artiste et en tant qu’homme. Ce qui frappe d’emblée, c’est le choix audacieux de représenter Robbie Williams sous les traits d’un singe numérique. Un parti pris qui peut surprendre, voire déstabiliser, mais qui donne une dimension symbolique forte au film.
L'ascension du célèbre chanteur/compositeur britannique Robbie Williams. Devenu une star avec le Boy Band, Take That, dans les années 1990, ce dernier a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson "Angels".
Plus qu’un simple biopic, Better Man devient une réflexion sur la célébrité, sur la manière dont elle façonne et parfois déshumanise ceux qui y accèdent. Loin d’être une simple rétrospective musicale, Better Man plonge au cœur des doutes et des failles de Robbie Williams. Loin de l’image du chanteur charismatique et provocateur qui a marqué les années 90 et 2000, le film met en avant un homme qui a longtemps cherché à être aimé et reconnu. Le scénario ne s’attarde pas sur une chronologie précise de sa carrière. Il ne s’agit pas de raconter Take That, les succès en solo ou les polémiques, mais plutôt de comprendre ce besoin constant de validation qui l’a accompagné tout au long de sa vie.
Le choix du singe numérique prend alors tout son sens. Il incarne cette pression permanente de devoir plaire, d’être en représentation. Une métaphore évidente de l’artiste transformé en bête de foire, dans un monde où le regard des autres devient omniprésent. Même si Better Man s’inspire du parcours de Robbie Williams, le film touche à quelque chose de plus universel. Il ne s’agit pas uniquement de raconter l’histoire d’un chanteur, mais d’explorer le phénomène de la célébrité sous un angle plus introspectif. Cette quête de reconnaissance dépasse le simple cadre de la musique.
Elle touche à des thématiques plus larges : le rapport à l’enfance, les blessures invisibles, la difficulté de s’accepter. Tout au long du film, on sent cette volonté de montrer que la célébrité n’est pas une fin en soi, et qu’elle peut aussi devenir un poids difficile à porter. Certains passages illustrent bien cette contradiction. La scène où l’on perçoit à quel point le chanteur a grandi avec l’idée qu’il lui manquait quelque chose est particulièrement marquante. Ce sentiment de ne jamais être assez bien, de devoir toujours prouver sa valeur, résonne bien au-delà du parcours de Robbie Williams.
Visuellement, Better Man ne cherche pas à séduire par une esthétique léchée. Le choix du singe numérique, bien que déconcertant au départ, finit par s’imposer comme une évidence. Il évite ainsi au spectateur d’être influencé par l’image du chanteur et permet de se concentrer sur son ressenti intérieur.
Cette approche donne au film une dimension presque onirique. Par moments, il flirte avec le fantastique, comme si Robbie Williams évoluait dans un univers parallèle, fait de souvenirs, de doutes et de rêves. La mise en scène joue beaucoup sur cette idée de contraste entre la lumière et l’ombre.
Derrière les projecteurs et le succès, Better Man met en avant les instants plus sombres, ceux où la solitude et l’anxiété prennent le dessus. Impossible de parler de Better Man sans évoquer son aspect musical. La bande-son joue un rôle essentiel dans l’émotion que dégage le film. Les morceaux de Robbie Williams accompagnent chaque moment clé du récit, renforçant l’impact des scènes. Le choix des chansons ne repose pas uniquement sur leurs succès. Certaines d’entre elles prennent ici une signification nouvelle, comme My Way, interprété en fin de film, qui résonne comme un point final chargé d’émotion.
Plus qu’un simple enchaînement de tubes, la musique devient un moyen d’exprimer ce que les mots ne peuvent pas toujours traduire. Certains passages bouleversent autant par leur mise en scène que par la manière dont les paroles résonnent avec l’histoire racontée. Le choix du singe numérique et l’approche introspective du film ne plairont pas à tout le monde. Ceux qui s’attendent à un biopic traditionnel, retraçant chaque étape de la carrière de Robbie Williams, risquent d’être déroutés. Mais Better Man ne cherche pas à plaire à tout prix. Il propose une vision singulière, parfois dérangeante, mais toujours sincère.
Il ne raconte pas simplement l’histoire d’un chanteur à succès, mais s’intéresse à ce qui se cache derrière les projecteurs. Certains y verront une étude fascinante sur la célébrité et ses effets, d’autres auront du mal à adhérer à cette mise en scène inhabituelle. Mais une chose est sûre : ce film ne laisse pas indifférent. À la sortie de Better Man, une sensation étrange demeure. Ce n’est pas juste un biopic, ni même un hommage à la carrière de Robbie Williams. C’est une réflexion sur la célébrité, sur la manière dont elle façonne les artistes et parfois les brise. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette histoire.
Derrière le chanteur connu de tous, derrière les tubes entêtants, il y a un homme qui a longtemps cherché sa place. Un homme en quête d’amour, de reconnaissance, et surtout de lui-même. Better Man ne donne pas toutes les réponses, mais il pose des questions essentielles. Qu’est-ce qui définit réellement un artiste ? À quel prix devient-on une star ? Et surtout, peut-on un jour se libérer du regard des autres ? Des interrogations qui restent en tête bien après la fin du film, prouvant ainsi que Better Man est bien plus qu’un simple biopic musical.
Note : 7.5/10. En bref, un regard singulier sur Robbie Williams et la célébrité.
Sorti le 22 janvier 2025 au cinéma
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