9 Février 2025
Dear You, adaptation du best-seller d’Emily Blaine, tente d’actualiser la recette en y injectant une modernité revendiquée. Mais, au fil des quinze épisodes de cette première saison, l’illusion s’effrite rapidement. Dès les premiers épisodes, un constat s’impose : la réalisation manque d’inspiration. Le cadrage est convenu, sans prise de risque, et les scènes peinent à captiver.
Alma, jeune parisienne, travaille dans un palace. Entre les exigences parfois farfelues de ses prestigieux clients, les rapports compliqués avec ses collègues et les histoires de cœur délirantes de ses potes, elle n’a juste pas le temps de rencontrer quelqu’un. Mais dans la ville de l’Amour, rien n’est impossible… comme attirer l’attention d’Alex, le millionnaire sexy mais arrogant qui s’est installé à l’hôtel. Ou se rapprocher de Naïm, le barman cool qui vient d’être embauché. Ou encore sexter avec Mr Nobody, mystérieux interlocuteur rencontré sur l’appli "Dear You", dont Alma ignore l’identité… mais qui est peut-être plus proche qu’elle ne le pense. Et quand elle se retrouve mêlée au secret de la disparition d’une cliente, la vie d’Alma devient définitivement mouvementée…
Dans une série qui se veut immersive et élégante, l’absence de vision artistique est un écueil majeur. Un autre point qui interroge concerne le décor. L’intrigue principale se déroule dans un palace parisien censé incarner l’exclusivité et le luxe ultime. Or, à l’écran, l’établissement manque cruellement d’opulence. Au lieu de faire rêver, il donne l’impression d’un décor générique, dépourvu de faste et de personnalité. Difficile d’y croire, encore plus d’y adhérer. Alma, le personnage central, est une jeune femme célibataire qui évolue dans un Paris idéalisé. Son quotidien oscille entre ses responsabilités de « guest relation manager » dans un palace et des soirées avec sa bande d’amis.
L’histoire mise sur les classiques du genre : une héroïne un peu perdue, des rencontres amoureuses multiples et un cadre urbain censé être enchanteur. Mais le problème réside dans la manière dont tout cela est raconté. Les personnages, à commencer par Alma, manquent de relief. Son évolution personnelle reste superficielle, et ses interactions avec les hommes de sa vie sont trop mécaniques pour susciter un véritable attachement. L’alchimie, qui devrait être le moteur d’une romance captivante, peine à s’installer. Le schéma narratif est d’autant plus prévisible que les situations s’enchaînent sans surprise. À mesure que les épisodes avancent, l’histoire s’essouffle et laisse une impression de déjà-vu.
Un autre point qui perturbe est le choix des dialogues. L’écriture oscille entre des répliques qui tentent d’être percutantes et d’autres qui tombent dans une vulgarité inutile. Cette dualité crée un décalage qui nuit à l’immersion. La sophistication attendue dans un tel cadre est vite mise à mal par des formulations abruptes qui semblent forcées. Dans le registre de la comédie romantique, l’image joue un rôle essentiel. Une série comme Emily in Paris, malgré ses défauts, mise sur un visuel accrocheur pour séduire son public. Dear You, en revanche, ne parvient pas à créer cette même atmosphère.
La mise en scène manque de ce supplément d’âme qui aurait pu compenser les faiblesses du scénario. Le Paris présenté à l’écran n’a rien d’enchanteur. Les lieux manquent de cachet et la ville devient un simple décor de fond, sans saveur particulière. L’effet carte postale, souvent reproché aux productions du genre, est ici absent, mais cela ne joue pas en faveur de la série. Au lieu de proposer une vision plus authentique et immersive, Dear You se contente d’un cadre fade et impersonnel. L’une des ambitions affichées de la série est d’explorer l’amour sous différentes facettes.
Les relations mises en avant se veulent variées, allant du couple classique aux schémas plus contemporains. Cependant, cette diversité semble davantage relever d’un effet de catalogue que d’une véritable volonté d’enrichir la narration. Paradoxalement, Alma reste enfermée dans une dynamique très conventionnelle. Son parcours amoureux est balisé et ne dépasse jamais les clichés du genre. Si l’intention était de proposer une romance plus actuelle et nuancée, le résultat ne va pas au bout de cette démarche. À plusieurs reprises, Dear You semble hésiter sur la direction à prendre. Par moments, elle tente de se rapprocher du ton des comédies romantiques contemporaines, avec des dialogues incisifs et une héroïne maladroite.
À d’autres, elle s’engouffre dans un registre plus dramatique, sans réussir à créer une véritable tension émotionnelle. Cette hésitation constante donne une impression de flottement. Le spectateur est baladé entre différentes influences sans que la série ne parvienne à trouver sa propre identité. Parmi les moments qui sortent du lot, l’épisode 3 surprend par son traitement d’un sujet délicat : la religion. Cet épisode prend une direction inattendue en intégrant une scène qui frôle la moquerie ouverte. Le choix est discutable et semble déconnecté du reste de la narration.
Ce type d’écart, loin d’apporter de la profondeur, donne l’impression d’une provocation gratuite qui n’a pas lieu d’être. En définitive, Dear You avait un potentiel certain : une adaptation d’un roman populaire, un cadre parisien séduisant et une ambition affichée de moderniser la romance à l’écran. Pourtant, la série ne parvient pas à transformer l’essai. Le manque d’élégance dans l’écriture, l’absence de soin apporté à la réalisation et une intrigue trop convenue empêchent toute véritable implication émotionnelle.
Note : 4.5/10. En bref, au lieu d’une romance immersive et contemporaine, Dear You se contente d’un divertissement sans grande consistance, à regarder distraitement, sans jamais réellement s’y attacher.
Disponible sur Amazon Prime Video
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