7 Avril 2025
Yellowjackets // Saison 3. Episode 9. How the Story Ends.
Dans cet avant-dernier épisode de la saison, Yellowjackets confirme ce que l’on soupçonnait depuis un moment : l’horreur ne vient pas seulement de la forêt, mais bien de celles qui y vivent. Et plus particulièrement de Shauna, qui se révèle toujours plus toxique et incontrôlable. Cette fois, ce n’est plus une question de survie. C’est un besoin maladif de contrôle. L’épisode 9 marque une bascule nette : Shauna ne cherche plus à convaincre, elle impose. Elle est passée d’ado paumée à tyran assumée. Ce n’est même plus la forêt qui parle à travers elle — c’est sa propre soif de domination.
Quand elle menace Melissa avec une arme, ce n’est pas pour préserver le groupe, mais pour rappeler qui commande. Et le pire, c’est que ça fonctionne : personne ne bouge, personne ne s’interpose. Le groupe est paralysé. Ce qui aurait pu passer pour un pétage de plomb ponctuel devient ici une démonstration de force. Et son sadisme est glaçant : faire uriner Melissa de peur, puis en rire, c’est une scène qui en dit long sur ce que Shauna est devenue. Ce qui frappe, c’est l’immobilisme collectif. Hormis quelques murmures, personne ne s’oppose vraiment à Shauna.
Même Van, pourtant plus lucide cette saison, semble glisser vers une forme de résignation. Sa loyauté n’est plus motivée par la foi, mais par une sorte de pacte muet avec l’idée qu’il faut composer avec le pire pour espérer survivre. Van continue à réparer le téléphone satellite en secret, mais même ça semble dérisoire face à la dynamique de domination qui s’est installée. Tai, quant à elle, reste ambivalente : toujours partagée entre ses responsabilités envers le groupe et sa propre dualité intérieure, qui prend une tournure symbolique cette fois.
Natalie tente de relancer une dynamique d’évasion avec Hannah et Kodi. Mais la scène tourne court dans un renversement aussi absurde que brutal. Hannah, censée être l’alliée de Nat, poignarde Kodi en pleine évasion pour sauver sa peau et gagner les faveurs de Shauna. Ce moment est dérangeant, non seulement par sa violence, mais parce qu’il casse toute logique. Est-ce du désespoir, du lavage de cerveau, ou simplement une soumission totale à la mécanique de pouvoir instaurée par Shauna ? Le geste de Hannah n’est pas juste une trahison ; il marque un point de non-retour pour le groupe.
Il devient clair que les enjeux ne sont plus collectifs. Chacun joue sa propre survie, peu importe le prix ou les conséquences. Le face-à-face entre Van et Melissa aurait pu être fort. Il aurait pu offrir un questionnement éthique sur le sacrifice, la maladie, le droit à la survie. Mais la scène, bien que bien jouée, sonne creux. Tout est trop rapide, trop brutal. Le retournement final où Melissa poignarde Van tombe à plat. Il manque une vraie montée en tension, un développement cohérent. Van, qu’on nous a montrée comme sensible, réfléchie, devient soudain naïve au point de baisser sa garde devant une femme qu’elle sait manipulatrice.
Sa mort ne provoque ni choc ni émotion forte. Elle est précipitée, mal amenée. Et elle laisse surtout un vide narratif. Que symbolise-t-elle, au fond ? Un sacrifice ? Une libération de Tai ? Une fin de cycle ? Tout est flou, et ça laisse une impression de gâchis. Tai récupère le contrôle de son esprit après avoir frôlé la mort à cause du monoxyde de carbone. Soit. Mais cette "victoire" arrive trop tard et sans véritable impact. Ce qu’elle récupère, ce n’est plus une vie : c’est un champ de ruines. Van est morte, le groupe est éclaté, la folie a gagné. Et même si elle est elle-même à nouveau, on se demande ce qu’il reste à sauver.
Ce retour aurait pu être fort s’il avait été construit plus tôt dans la saison, ou s’il ouvrait des perspectives. Mais là, ça sonne comme une rustine narrative. Une tentative de donner du sens à une intrigue secondaire (Tai / l’Autre Moi) qui n’a jamais vraiment décollé. Misty, fidèle à elle-même, continue son petit jeu dans l’ombre. Elle suit Van, repère ses plans, et remet la main sur le transpondeur qu’elle avait elle-même saboté. Classique Misty : toujours dans le contrôle, toujours prête à jouer la sauveuse… après avoir tout fait pour que la situation dégénère.
Sa dynamique avec Natalie fonctionne bien, et c’est dans ces moments-là que la série retrouve un peu de son mordant. Natalie, d’ailleurs, semble être la seule à encore croire à une échappatoire. Sa solitude, à la fin, quand elle comprend que l’évasion est un échec, est l’un des rares moments justes et puissants de l’épisode. En parallèle, la timeline adulte est tout aussi chaotique. Melissa, retrouvée par Misty, Tai et Van, devient l’objet de toutes les projections. Lottie est morte, et le groupe cherche un coupable. Shauna nie, Misty accuse, tout le monde se renvoie la balle.
L’enchaînement des scènes est un peu confus, comme si l’écriture elle-même peinait à savoir quoi faire des personnages. Le passage de la maison enfumée, censé être dramatique, manque de tension. Le seul point positif, c’est que l’épisode nous montre enfin que l’unité n’existe plus chez les survivantes. Le groupe est miné par les secrets, les non-dits, les rancunes. Ce neuvième épisode concentre tout ce qui pose problème dans cette saison : trop de personnages, des retournements peu crédibles, des scènes violentes pour le choc mais sans vraie justification émotionnelle.
L’arc de Van, prometteur, se termine de façon bâclée. L’intrigue autour de Shauna prend toute la place, mais sans progression réelle. Elle est dans la toute-puissance depuis trop d’épisodes pour que cela suscite encore de la surprise ou de l’intérêt. Le seul élément qui maintient un peu de tension, c’est Misty, et l’espoir d’un retour possible grâce au transpondeur. Mais même ça commence à sentir le déjà-vu. L’épisode 9 aurait dû être le grand tournant de la saison. Il aurait dû préparer un final tendu, complexe, dramatique. Au lieu de ça, il donne l’impression que la série tourne en rond.
Les personnages agissent sans cohérence, les dialogues cherchent à être profonds sans jamais y parvenir, et les scènes-chocs se succèdent sans impact réel. On attendait des réponses. On se retrouve avec plus de flou. Espérons que le dernier épisode relèvera le niveau — et surtout, qu’il arrête de nous faire croire que la cruauté gratuite est un moteur narratif valable.
Note : 5/10. En bref, NON, NON ET RE-NON. C’est quoi cet avant dernier épisode ? Il veut dire quelque chose d’intéressant mais noie son message et laisse retomber le soufflé juste avant le final de la saison.
Prochainement en France
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