Critiques Séries : Yellowjackets. Saison 3. Episode 7.

Yellowjackets // Saison 3. Episode 7. Croak.

Après un début de saison qui peinait à décoller, Yellowjackets semble enfin retrouver son rythme avec cet épisode 7. L’épisode précédent avait amorcé un virage essentiel, et "Croak" confirme cette dynamique avec un retour à ce qui fait la force de la série : tension psychologique, survie brutale et une ambiguïté permanente entre le rationnel et l’irrationnel. On attendait de voir où la série voulait nous emmener cette saison, et on commence enfin à percevoir des réponses. 

Mais surtout, on assiste à un basculement décisif, tant dans la dynamique du groupe perdu en forêt que dans celle des survivantes du présent. L’épisode s’ouvre sur une scène intrigante : une grenouille parfaitement immobile qui finit par émettre un cri strident et presque surnaturel. Rapidement, la caméra nous révèle une multitude d’amphibiens produisant ce vacarme assourdissant. Ce son terrifiant, que les Yellowjackets associaient peut-être à une menace inconnue, n’est en réalité qu’un simple phénomène naturel.

Un rappel subtil que la nature n’est pas nécessairement un monstre à combattre. Tout dans cette série pousse à se demander si les jeunes femmes sont vraiment piégées par un élément extérieur… ou par leurs propres démons intérieurs. Pourquoi n’ont-elles jamais tenté une véritable expédition pour quitter ces bois ? L’épisode insinue que ce n’est pas la forêt qui les retient, mais bien leur inertie collective, nourrie par la peur et la soumission à une dynamique de groupe de plus en plus inquiétante. On retrouve Lottie exactement là où l’épisode précédent l’avait laissée : prête à agir sans hésitation. 

Et c’est précisément ce qu’elle fait. Elle abat froidement un homme à coups de hache, sans trembler, sans montrer le moindre doute. Ce meurtre marque un tournant majeur : jusque-là, la violence du groupe était souvent motivée par la faim, la nécessité ou une perte de contrôle collective. Là, il s’agit d’un choix net, d’un acte délibéré.  Ce basculement dans la sauvagerie pose une question essentielle : la communauté a-t-elle encore une limite morale ? Car si Lottie initie cette descente aux enfers, les autres ne semblent pas véritablement choquées. 

Elles observent, digèrent l’événement, mais aucune ne remet réellement en question ce qu’elle vient de faire. Difficile de ne pas voir ici une référence aux "Autres" de Lost. Longtemps, on s’est demandé si un autre groupe viendrait perturber la dynamique des Yellowjackets. Mais à la manière de la série culte, il devient évident que ce sont elles, les véritables "monstres" de cette histoire. L’arrivée des randonneurs dans l’équation transforme immédiatement la dynamique de survie. Jusqu’ici, les filles n’avaient d’autre choix que d’évoluer entre elles, tentant de s’adapter à leur nouvelle réalité. 

Mais face à de nouveaux humains, elles réagissent comme des prédateurs, pas comme des proies. Ce qui suit est une véritable chasse à l’homme. Les randonneurs comprennent trop tard qu’ils ne sont pas en terrain neutre, mais sur le territoire d’un groupe devenu animal. La forêt, qui semblait être leur piège, est en fait leur domaine. Les filles traquent, se déplacent sans bruit, utilisent leurs sens affûtés pour capturer leur gibier. Depuis la scène de "Pit Girl", la série nous préparait à cette explosion de sauvagerie. Mais contrairement aux précédentes tentatives de chasse, cette fois-ci, elles sont unies, coordonnées. 

Elles ne s’attaquent plus à leurs propres membres. Elles ont trouvé un nouvel ennemi extérieur. Et au milieu de cette violence, une figure se détache : Hannah, survivante en fuite, enregistrant un message désespéré sur son dictaphone. Une manière subtile pour la série de nous faire comprendre que, dans le présent, personne n’a jamais retrouvé ces randonneurs. Leur destin est donc scellé… mais jusqu’où ira la série pour nous le montrer ? Du côté des survivantes adultes, l’épisode peine encore à captiver autant que la ligne temporelle du passé. 

Shauna, Van, Tai et Misty sont réunies pour une virée qui sent le règlement de comptes. Mais ce qui aurait pu être un moment fort se perd dans des digressions, entre une Van affaiblie, une Tai en proie à des visions et une Shauna insaisissable. L’information clé de l’épisode, c’est la découverte que les empreintes ADN retrouvées sous les ongles de Lottie correspondent à Shauna. Mais est-ce vraiment elle la coupable ? L’idée semble trop évidente, et la série a prouvé qu’elle aimait jouer avec les attentes. Par ailleurs, on sent que Misty s’éloigne peu à peu du groupe. 

Son lien avec Walter ajoute une dimension intrigante, et il n’est pas impossible que cela finisse par bouleverser la dynamique entre les survivantes. Enfin, Shauna abandonne tout le monde pour se rendre chez une mystérieuse femme, sans doute la fille d’Hannah. Un indice supplémentaire que ce fil rouge du passé et du présent va bientôt se refermer. "Croak" redonne enfin un souffle à cette saison 3 qui peinait à trouver son rythme. La tension est de retour, et surtout, la série assume pleinement ce qu’elle est : une descente dans l’horreur psychologique et la déshumanisation.

L’épisode répond à certaines questions tout en en posant de nouvelles : Jusqu’où iront les Yellowjackets dans leur transformation en prédatrices ? Le groupe adulte peut-il encore faire face à son passé sans s’entre-déchirer ? Lottie a-t-elle ouvert la porte à une série de meurtres inévitables ? Si la série continue sur cette lancée, les derniers épisodes pourraient enfin nous offrir ce qu’on attend depuis longtemps : un véritable affrontement entre celles qui veulent oublier et celles qui ne peuvent pas. La forêt ne les a peut-être jamais piégées. Mais elles, elles ne pourront jamais vraiment en sortir.

Note : 8/10. En bref, la série semble enfin retrouver ses lettres de noblesse depuis l’épisode précédent. Comme si Yellowjackets avait décidé qu’il était temps de faire avancer l’histoire plutôt que de la laisser trainer pour rien. Reste le présent, partie faible de la saison, qui traine en longueur. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir pour le reste qui est excellent. 

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