17 Mars 2025
La première saison de Après la Nuit tente d’aborder un sujet grave : les violences sexuelles. Pourtant, ce thriller peine à trouver le ton juste, oscillant entre le drame psychologique et la fiction policière, sans jamais réellement convaincre. À travers ses six épisodes, la série juxtapose enquête criminelle et parcours de victimes, mais elle enchaîne les clichés et alourdit son propos par des choix de mise en scène discutables. Dès les premières minutes, un choix stylistique interpelle : les personnages s’adressent directement à la caméra pour partager leurs pensées et émotions.
Au cœur d’une station balnéaire, Stéphanie, Camille, Isabelle et Nafissa, victimes d’un violeur en série, décident d’unir leurs forces pour briser le silence. Agressées chez elles en pleine nuit, elles racontent le même mode opératoire, la même sidération. Question de vie ou de mort, elles doivent parler, de plus en plus fort, pour être enfin entendues par une communauté désespérément sourde. Avec l’aide de Karine, une gendarme qui fait cause commune avec elles et Romain, le frère tourmenté de Stéphanie, ces héroïnes luttent pour se reconstruire et empêcher que tout explose dans leur vie…
Ce procédé, qui pourrait renforcer l’introspection, produit ici un effet contraire. Plutôt qu’un regard intime sur le traumatisme, ces apartés brisent le rythme et créent une distance artificielle avec les événements. L’intrigue, elle, se déroule sur la Côte d’Azur, cadre ensoleillé qui contraste étrangement avec la noirceur du sujet. Les paysages méditerranéens et la musique pop distillent une atmosphère de saga estivale, en décalage avec la violence abordée. Loin d’apporter de la nuance, ce contraste renforce la sensation d’un traitement superficiel. L’écriture des personnages repose sur des archétypes déjà vus ailleurs.
Du policier désabusé et alcoolique à la victime en quête de justice personnelle, en passant par le collègue cynique citant de grands auteurs, la série accumule les poncifs sans jamais les déconstruire. Les victimes, bien que mises au premier plan, sont réduites à des trajectoires convenues. Leurs réactions et leurs parcours semblent répondre à des impératifs scénaristiques plus qu’à une volonté de réalisme. Montrer leur souffrance à travers des gros plans répétitifs sur leurs visages décomposés n’apporte rien au propos. Pire, cela finit par créer une forme de surenchère visuelle qui dessert l’intention initiale.
Les violences sexuelles et leurs conséquences psychologiques nécessitent un traitement subtil, ce que la série ne parvient pas à offrir. Plutôt que d’explorer avec finesse les mécanismes du trauma, Après la Nuit simplifie le discours en surlignant constamment son message. Là où d’autres œuvres ont su aborder ce sujet avec justesse et sobriété, celle-ci s’éparpille dans un mélange des genres mal maîtrisé. La fin de la saison, sans en révéler les détails, soulève des interrogations éthiques. Si la fiction a le pouvoir d’interpeller, elle doit aussi assumer la responsabilité de son message.
Or, ici, certaines décisions narratives prêtent à débat et laissent un goût amer. Au final, Après la Nuit avait un potentiel certain. En choisissant une approche plus nuancée et une mise en scène plus sobre, elle aurait pu offrir une réflexion percutante sur la réalité des violences sexuelles. Mais en privilégiant les effets de style et les raccourcis scénaristiques, elle rate sa cible et se noie dans ses propres contradictions. Regarder cette série laisse une impression d’inachevé. Si l’interprétation des acteurs mérite d’être saluée, l’ensemble souffre d’une réalisation bancale et d’une écriture qui manque de profondeur. Un thriller qui, sous couvert de dénonciation, passe malheureusement à côté de son sujet.
Note : 4.5/10. En bref, l’ensemble souffre d’une réalisation bancale et d’une écriture qui manque de profondeur. Un thriller qui, sous couvert de dénonciation, passe malheureusement à côté de son sujet.
Diffusée sur France 2 à partir du lundi 10 mars 2025, disponible sur france.tv
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