26 Mars 2025
On aurait dû aller en Grèce // De Nicolas Benamou. Avec Gérard Jugnot, Virginie Hocq et Claudia Bacos.
Les comédies légères peuvent parfois réserver de bonnes surprises, offrant un moment de détente et de rires sans prétention. Malheureusement, On aurait dû aller en Grèce peine à remplir ce rôle. Avec un scénario bancal, des personnages caricaturaux et un humour qui tombe souvent à plat, le film laisse une impression de gâchis. L’idée de départ pouvait donner lieu à une comédie familiale amusante, mais le résultat final manque de consistance et d’inspiration.
Ne pouvant partir comme à leur habitude en Grèce pour leur unique semaine annuelle de vacances familiale, les Rousselot débarquent en Corse. Après un accident de la route sur l’Île de Beauté, des voisins viennent perturber leur début de vacances... Règlements de comptes familiaux, insulaires, et quiproquos en vue…
Dès les premières minutes, une chose frappe : l’histoire ne repose sur rien de solide. Une famille habituée à passer ses vacances en Grèce se retrouve en Corse à contrecœur, et très vite, leur séjour prend une tournure inattendue. Sur le papier, le contraste entre leurs attentes et la réalité corse aurait pu donner lieu à des situations cocasses. Mais au lieu d’exploiter cette dynamique, le film s’enlise dans une suite de quiproquos et de situations absurdes qui manquent de cohérence.
L’un des problèmes majeurs vient de l’intrigue principale : une prise d’otages complètement invraisemblable qui sert de fil conducteur à l’histoire. Ce choix scénaristique donne une impression de chaos permanent sans jamais vraiment aboutir à quelque chose de construit. À aucun moment le film ne parvient à installer une tension comique ou un vrai enjeu narratif. Tout est précipité, mal amené, et finit par ressembler à une succession de sketches plutôt qu’à une histoire fluide et engageante.
Les comédies exagèrent souvent certains traits de caractère pour amplifier le comique de situation, mais ici, les personnages dépassent la caricature pour devenir de simples stéréotypes sans nuance. Gérard Jugnot reprend un rôle qui lui est familier, mais sans réel investissement. Son personnage se contente d’enchaîner des mimiques et des réactions prévisibles. Virginie Hocq incarne une mère alcoolique dont le comportement est censé être drôle, mais qui devient rapidement répétitif.
Quant à Charlotte Gabris, son imitation d’un accent corse intermittent est difficile à suivre et donne une impression de malaise plus que d’amusement. Un autre point qui interroge est la présence d’un personnage de transformiste, qui semble ajouté uniquement pour remplir une case sans que son rôle ait une vraie justification dans l’histoire. Plutôt que d’en faire un élément intéressant de l’intrigue, le film l’intègre maladroitement, renforçant l’impression d’un scénario écrit sans véritable réflexion.
Tourner un film en Corse aurait pu être une excellente occasion de mettre en valeur les paysages magnifiques de l’île. Mais étonnamment, le film reste enfermé dans un cadre restreint. La villa où se déroule une grande partie de l’action est certes luxueuse, mais au lieu d’ouvrir le récit sur des plans extérieurs spectaculaires, la mise en scène reste cloisonnée, ce qui prive le film de toute ampleur visuelle. Dans une comédie estivale, on s’attend à un minimum d’évasion et de mise en valeur du décor. Or ici, la Corse n’est qu’un prétexte et ne joue aucun rôle réel dans l’histoire.
C’est une occasion manquée qui renforce l’impression d’un film conçu davantage comme un prétexte pour réunir des acteurs en vacances que comme une véritable œuvre de cinéma. L’humour est évidemment subjectif, mais On aurait dû aller en Grèce peine à trouver le bon ton. Les gags sont souvent téléphonés, les dialogues manquent de finesse, et les situations burlesques ne fonctionnent pas toujours. Plutôt que de proposer un humour subtil basé sur le décalage des situations, le film opte pour des blagues lourdes et répétitives qui finissent par lasser.
Le potentiel comique de la situation de départ n’est jamais réellement exploité. Les échanges entre les personnages manquent de rythme, et certaines scènes semblent durer inutilement. Il n’y a pas de progression humoristique, et au bout d’un moment, le film donne l’impression de tourner en rond. L’impression générale qui se dégage de On aurait dû aller en Grèce est celle d’un film sans véritable direction. Il oscille entre comédie de situation et satire sans jamais choisir un axe clair. La mise en scène manque d’idées, les personnages ne sont pas assez travaillés, et l’intrigue avance sans jamais captiver.
Nicolas Benamou, qui avait déjà signé Mystère à Saint-Tropez, semble ici répéter les mêmes erreurs. L’histoire semble plus être un prétexte qu’un véritable projet cinématographique abouti. Il est difficile de trouver une réelle cohésion dans l’ensemble, et on en vient à se demander comment un tel scénario a pu être validé. Le film s’adresse sans doute à un public peu exigeant en quête d’une comédie sans prise de tête. Mais même dans cette catégorie, il existe bien d’autres options plus efficaces et plus drôles.
Pour ceux qui apprécient les films légers et qui ne recherchent qu’un divertissement de fond, il est possible d’y trouver quelques moments amusants. Mais pour ceux qui attendent un minimum d’originalité, de cohérence et de finesse dans l’humour, le film risque surtout de provoquer de la frustration. En fin de compte, On aurait dû aller en Grèce est une comédie qui ne parvient jamais vraiment à convaincre. Avec un scénario décousu, des personnages trop caricaturaux et une mise en scène sans imagination, il laisse une impression d’inachevé et de gâchis.
Note : 1/10. En bref, une comédie qui tourne à vide. Tourner en Corse pour ne pas sortir d’une villa (ou presque) c’est une insulte à cette magnifique région. Un film qui aurait pu être bien plus réussi avec un peu plus de travail sur l’écriture et la réalisation.
Sorti le 13 novembre 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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