25 Mars 2025
Novocaine // De Dan Berk et Robert Olsen. Avec Jack Quaid, Amber Midthunder et Ray Nicholson.
Novocaine avait tout pour marquer les esprits. Un concept original, une idée de départ intrigante, et un acteur principal qui sait porter un rôle avec énergie et sincérité. Pourtant, une fois le générique de fin arrivé, un sentiment de frustration s’installe. Il y a quelque chose qui manque, un petit déclic qui aurait pu transformer ce film en une véritable réussite. L’histoire suit Nathan Caine, interprété par Jack Quaid, un homme atteint de l’insensibilité congénitale à la douleur (CIP). Cette particularité, qui l’empêche de ressentir la moindre souffrance physique, aurait pu faire de lui un super-héros malgré lui.
Lorsque la fille de ses rêves est kidnappée, Nate, un homme ordinaire, transforme son incapacité à ressentir la douleur en une force inattendue dans son combat pour la retrouver.
Le film joue sur cette idée en intégrant des scènes d’action où son absence de douleur devient un atout inattendu. Mais au lieu d’exploiter pleinement cette condition, le scénario se contente d’en faire un simple ressort comique ou spectaculaire, sans jamais aller au bout de son potentiel. Le déclencheur de l’intrigue est plutôt classique : Nathan entame une relation avec Sherry (Amber Midthunder), mais leur romance naissante est brutalement interrompue lorsqu’un braquage tourne mal et qu’elle est prise en otage.
Le film bascule alors dans une quête de sauvetage où Nathan, un homme ordinaire sans réelle expérience du combat, se retrouve propulsé en héros malgré lui. Les scènes de combat sont sans aucun doute le point fort du film. La mise en scène joue intelligemment avec la particularité de Nathan : il peut encaisser des coups sans broncher, se brûler sans réagir, et se relever alors que n’importe qui d’autre serait hors d’état de nuire. Certaines séquences, comme un affrontement dans une cuisine où l’huile bouillante devient une arme, sont visuellement réussies et exploitent bien l’absurdité de la situation.
Mais au-delà de ces moments de créativité, l’action reste en deçà des attentes. Le film donne parfois l’impression de retenir ses coups, de ne jamais aller au bout de son délire. Ceux qui espèrent une frénésie à la John Wick ou une débauche d’adrénaline façon Crank risquent d’être déçus. Le film joue la carte de la retenue, là où il aurait pu embrasser pleinement son côté déjanté. La comédie est omniprésente, mais elle fonctionne par intermittence. Certaines scènes tirent habilement parti du fait que Nathan ne ressent pas la douleur, ce qui donne lieu à des moments absurdes où il ne réalise pas immédiatement la gravité de ses blessures.
Jack Quaid excelle dans ce registre, avec un jeu qui oscille entre naïveté et autodérision. Cependant, tous les gags ne font pas mouche. L’humour repose parfois sur des blagues trop appuyées ou des dialogues qui manquent de naturel. Il y a des tentatives évidentes de rendre certains échanges percutants, mais l’ensemble manque de fluidité. À plusieurs reprises, le film semble hésiter entre assumer son absurdité ou vouloir garder un minimum de sérieux, ce qui crée un déséquilibre dans le ton.
Jack Quaid s’impose sans difficulté dans le rôle principal. Son interprétation de Nathan est sincère et attachante, et il parvient à donner de l’épaisseur à un personnage qui aurait pu rester un simple prétexte pour des scènes d’action. Il apporte ce qu’il faut de maladresse et d’humour pour que l’on s’attache à lui. Amber Midthunder, qui incarne Sherry, est convaincante, même si son personnage aurait mérité d’être plus développé. Son alchimie avec Quaid fonctionne, mais le film ne lui laisse pas beaucoup d’espace pour briller.
Ray Nicholson, dans le rôle de Simon, l’un des braqueurs, est probablement l’un des éléments les plus marquants du film. Son personnage ne se contente pas d’être un simple criminel avide d’argent : il cherche avant tout le pouvoir et la domination, ce qui le rend imprévisible et dangereux. Il insuffle une vraie tension aux affrontements avec Nathan, rendant leurs confrontations particulièrement intenses. En revanche, d’autres membres du casting sont sous-exploités. Les détectives, incarnés par Betty Gabriel et Matt Walsh, auraient pu apporter une dynamique intéressante, mais leurs rôles restent trop anecdotiques pour avoir un réel impact sur le récit.
L’histoire suit un schéma assez classique, ce qui en soi n’est pas un problème. Mais le film tombe dans certains écueils qui affaiblissent son impact. Une révélation clé, censée constituer un twist, est annoncée trop tôt, réduisant ainsi son effet de surprise. Ce genre d’erreur nuit à la tension dramatique et laisse une impression de prévisibilité qui empêche Novocaine d’être vraiment captivant. Autre point qui freine l’efficacité du film : son rythme. À plusieurs moments, il aurait gagné à être plus resserré. Certaines scènes s’étirent sans raison et donnent l’impression que l’histoire peine à avancer.
Une durée plus courte aurait sans doute permis de maintenir une meilleure dynamique. En fin de compte, Novocaine est un film qui se laisse regarder sans déplaisir, mais qui peine à marquer les esprits. Il contient de bonnes idées, quelques moments de bravoure, et une performance solide de Jack Quaid, mais il manque de cette étincelle qui aurait pu en faire une vraie réussite. Ce n’est pas un film qui laisse un goût amer, mais ce n’est pas non plus un de ceux que l’on a envie de revoir.
Note : 5/10. En bref, une idée qui promettait beaucoup sur le papier et dans sa bande annonce pour un résultat en demi-teinte. Un divertissement honnête, mais qui aurait pu être bien plus marquant avec un peu plus d’audace et de cohérence dans son exécution.
Sorti le 26 mars 2025 au cinéma
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