Critique Ciné : Parthenope (2025)

Critique Ciné : Parthenope (2025)

Parthenope // De Paolo Sorrentino. Avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli et Gary Oldman.

 

Paolo Sorrentino revient avec Parthenope, une œuvre qui oscille entre l’élégie et la fresque intime, entre la splendeur d’une ville et l’errance d’une femme. Naples, omniprésente, se confond avec son héroïne, interprétée par Celeste Dalla Porta, dans ce qui s’apparente autant à une déclaration d’amour à la cité qu’à une réflexion sur le passage du temps et la quête de sens. Le film, empreint d’une esthétique soignée et d’une mise en scène réfléchie, peut déconcerter. Son rythme, lent, impose une distance avec les personnages, et son récit, volontairement éclaté, privilégie la contemplation à la narration traditionnelle. 

 

La vie de Parthénope de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Les amours vraies, indicibles ou sans lendemain qui vous condamnent à la douleur mais qui vous font recommencer. Le parfait été à Capri d’une jeunesse insouciante malgré un horizon sans issue. Autour de Parthénope, les napolitains. Scrutés, aimés, désillusionnés et pleins de vie, que l’on suit dans leurs dérives mélancoliques, leurs ironies tragiques et leurs moments de découragement. La vie peut être très longue, mémorable ou ordinaire. Le temps qui passe offre tout le répertoire des sentiments. Et là, au fond, proche et lointaine, cette ville indéfinissable, Naples, qui ensorcèle, enchante, hurle, rit et peut nous faire mal.

 

Derrière cette construction atypique se cache une œuvre qui explore la beauté sous toutes ses formes : celle d’un visage, d’une ville, d’une vie. Parthenope, à la fois personnage et symbole, incarne l’essence même de Naples. Comme la sirène légendaire qui aurait donné son nom à la ville, elle semble naviguer entre deux mondes, entre lumière et mélancolie. Son existence, retracée de sa jeunesse aux années plus avancées, est marquée par une série de rencontres et d’épreuves qui la façonnent sans jamais totalement la définir. Son rapport aux hommes, en particulier, est teinté d’ambiguïté. Elle attire les regards, fascine, mais conserve une forme de détachement qui la rend insaisissable. 

 

Son frère, ses amants, ses mentors... Tous gravitent autour d’elle sans réellement parvenir à la cerner. Cette distance crée une impression d’isolement, renforcée par la mise en scène de Sorrentino, qui préfère souvent filmer son héroïne comme une figure figée dans des décors somptueux plutôt que comme une femme en mouvement. Plus qu’un simple décor, Naples est une présence à part entière dans Parthenope. La ville, magnifiée par la photographie solaire du film, est tour à tour éclatante et tourmentée. Derrière ses façades baroques et ses rues vibrantes, elle cache une réalité plus sombre, faite de solitude et de désillusions.

 

Sorrentino joue sur cet équilibre constant entre le sublime et le trivial. Il ne s’agit pas ici d’idéaliser Naples, mais plutôt de la montrer dans toute sa complexité. On y retrouve ses contrastes habituels : la richesse culturelle et la misère sociale, la ferveur et la violence, la splendeur et la décadence. Cette dualité se reflète aussi dans la manière dont le réalisateur filme son héroïne. Parthenope est à la fois une déesse moderne et une femme confrontée aux doutes et aux désillusions de l’existence. Son parcours, s’il semble parfois erratique, fait écho à celui de la ville elle-même : entre grandeur et fragilité, entre histoire et présent.

 

Sorrentino est connu pour son goût du baroque, pour ses images chargées et ses mouvements de caméra élégants. Parthenope marque une forme d’évolution dans son style. Moins clinquant que La Grande Bellezza, moins porté sur l’excès que certaines de ses précédentes réalisations, ce film adopte une approche plus épurée, plus posée. La beauté est omniprésente, mais elle ne cherche pas à éblouir gratuitement. Chaque plan semble pensé comme un tableau, avec une attention particulière aux lumières et aux couleurs. Le réalisateur joue sur le contraste entre des séquences presque oniriques et d’autres, plus brutes, ancrées dans une réalité parfois cruelle.

 

Cette retenue, toutefois, peut aussi donner l’impression d’une certaine froideur. Là où La Grande Bellezza captivait par son exubérance et son énergie, Parthenope impose un rythme plus contemplatif, qui peut dérouter. Certains moments semblent tenir le spectateur à distance, le laissant observer sans toujours lui permettre de s’immerger pleinement dans les émotions des personnages. Au-delà de son aspect visuel, Parthenope pose un regard sur le temps qui passe et la manière dont il façonne les êtres. L’histoire suit son héroïne sur plusieurs décennies, la confrontant aux changements inévitables de la vie : les premiers amours, les désillusions, la confrontation avec la vieillesse et la mort.

 

Ce qui frappe, c’est la manière dont le film aborde ces thèmes sans jamais céder au pathos. La mélancolie est là, diffuse, mais jamais pesante. Plutôt qu’un drame appuyé, Sorrentino propose une forme de poésie visuelle, où chaque détail, chaque silence, chaque regard en dit plus que de longs discours. La musique, omniprésente, joue aussi un rôle essentiel dans cette atmosphère. Elle accompagne les images sans les écraser, renforçant cette impression d’un monde en suspension, où le passé et le présent se confondent. Parthenope est une œuvre exigeante, qui demande au spectateur de se laisser porter par son rythme et d’accepter son caractère fragmenté. 

 

Ceux qui attendent un récit classique, avec des rebondissements et une progression linéaire, risquent d’être déconcertés. Cependant, pour ceux qui apprécient le cinéma de Sorrentino et son regard unique sur l’existence, ce film offre une expérience riche et immersive. Il ne s’agit pas seulement d’un portrait de femme, mais aussi d’une méditation sur la beauté, la solitude et le temps qui passe. Celeste Dalla Porta, dans son premier grand rôle, incarne parfaitement cette figure à la fois magnétique et insaisissable. Sa présence illumine l’écran, mais sans jamais tomber dans la simple célébration esthétique. Il y a dans son jeu une subtilité qui donne à son personnage une profondeur inattendue.

 

En conclusion, Parthenope est un film qui divise. Certains y verront une œuvre précieuse et contemplative, d’autres une expérience trop distante et hermétique. Mais une chose est sûre : il ne laisse pas indifférent. Avec sa mise en scène maîtrisée, son hommage vibrant à Naples et son héroïne fascinante, il s’inscrit dans la continuité du cinéma de Sorrentino, tout en marquant une évolution vers une forme plus épurée et introspective.

 

Note : 7/10. En bref, un beau voyage contemplatif entre beauté, mélancolie et poésie. 

Sorti le 12 mars 2025 au cinéma

 

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