27 Mars 2025
The Monkey // De Osgood Perkins. Avec Theo James, Elijah Wood et Tatiana Maslany.
L’adaptation d’une œuvre de Stephen King est toujours un exercice délicat. Certains réalisateurs s’efforcent de retranscrire fidèlement l’essence du maître de l’horreur, tandis que d’autres choisissent une approche plus libre, quitte à surprendre les spectateurs. The Monkey, réalisé par Osgood Perkins, se situe dans cette seconde catégorie. Plutôt que de plonger dans une terreur pure, le film joue avec les codes du genre pour proposer un mélange étonnant de macabre et de comédie noire.
Lorsque Bill et Hal, des jumeaux, trouvent dans le grenier un vieux jouet ayant appartenu à leur père, une série de morts atroces commence à se produire autour d'eux...
Le résultat, bien qu’esthétiquement réussi, laisse une impression mitigée. Loin d’être un film d’horreur au sens classique, The Monkey s’amuse avec son concept, enchaînant des situations absurdes et des scènes gores teintées d’un humour décalé. Si certaines trouvailles fonctionnent bien, d’autres peinent à donner au film une vraie cohésion. Le film repose sur une idée simple mais efficace : un singe mécanique aux cymbales, trouvé parmi les affaires d’un père disparu, déclenche des morts violentes chaque fois qu’il s’anime.
Ce concept de jouet maudit, déjà exploré dans la nouvelle originale de Stephen King, offrait un terrain idéal pour un film d’horreur angoissant. Ici, Osgood Perkins prend une direction différente. Plutôt que de miser sur la peur et la tension, le film accentue les aspects absurdes de la situation. Les morts se succèdent dans une mise en scène qui frôle parfois le burlesque, et le réalisateur semble prendre un malin plaisir à jouer avec les attentes du public. L’ambiance oscille entre le grotesque et l’inquiétant, avec un sens du timing qui rappelle certaines productions du cinéma de genre décomplexé.
Ce choix donne lieu à des scènes visuellement marquantes, où la violence est poussée à l’extrême tout en étant traitée avec un certain second degré. Le singe devient un instrument de chaos, déclenchant des fatalités improbables qui ne sont pas sans rappeler la saga Destination Finale. Chaque nouveau « tour » de ce jouet infernal annonce une catastrophe, et l’attente du prochain drame devient une mécanique centrale du film. Le film réunit un casting intéressant, porté par Theo James dans un double rôle de jumeaux à la relation conflictuelle.
Son interprétation, volontairement sérieuse malgré le contexte absurde, renforce l’effet comique de certaines scènes. Ce contraste entre son jeu et les événements qui l’entourent crée une dynamique particulière, où le personnage semble pris au piège d’une malédiction qu’il ne peut ni comprendre ni contrôler. Elijah Wood fait une apparition remarquée, apportant une touche d’excentricité supplémentaire au récit. D’autres personnages, parfois caricaturaux, viennent compléter cet univers étrange où chaque rencontre semble annoncer un nouveau rebondissement tragique.
Quant au singe lui-même, il est à la fois fascinant et inquiétant. Ce simple jouet mécanique devient une présence quasi démoniaque, rythmant le film par ses interventions meurtrières. Son design et son animation contribuent à lui donner une aura sinistre, rappelant les objets hantés des films d’horreur classiques, tout en s’intégrant parfaitement à l’aspect décalé du long-métrage. Osgood Perkins démontre une nouvelle fois son talent pour créer des atmosphères marquées. L’univers visuel de The Monkey est particulièrement soigné, avec une direction artistique qui joue habilement sur les contrastes entre l’horreur et l’absurde.
Certaines séquences oniriques renforcent cette sensation de flottement entre réalité et cauchemar, donnant au film une identité esthétique forte. Cependant, malgré cette réussite visuelle, le rythme du film pose problème. L’histoire peine parfois à avancer, et certaines scènes semblent étirées au-delà de ce que le concept peut réellement supporter. L’intrigue secondaire sur la relation des jumeaux, bien qu’intéressante sur le papier, ne parvient pas toujours à s’intégrer harmonieusement à la narration principale.
Cette impression d’inégalité dans le tempo du film peut finir par nuire à l’expérience globale. L’attente entre deux scènes marquantes peut sembler longue, et le mélange des genres, bien que rafraîchissant, n’est pas toujours exploité de manière fluide. Le film oscille entre le thriller, la comédie noire et l’horreur sans jamais totalement s’ancrer dans un registre précis, ce qui peut laisser certains spectateurs sur le bord de la route. L’un des éléments les plus surprenants de The Monkey est son approche volontairement décalée. Ceux qui s’attendaient à une adaptation horrifique pure et dure de Stephen King risquent d’être déstabilisés par ce parti pris.
Le film s’éloigne de la tension psychologique qui caractérise souvent les écrits de l’auteur pour embrasser une dimension plus loufoque, presque parodique par moments. Ce choix peut être perçu comme une prise de risque intéressante ou comme une trahison du matériau original, selon les attentes de chacun. Si l’on accepte cette vision excentrique, le film offre de véritables moments de plaisir, avec des scènes inventives et un humour noir assumé. Mais pour ceux qui espéraient un récit plus angoissant et profond, l’expérience peut sembler frustrante.
Le film d’Osgood Perkins ne laisse pas indifférent. Avec son esthétique soignée, son casting efficace et son concept intrigant, il a de quoi séduire les amateurs de cinéma de genre atypique. Loin d’être une simple adaptation classique de Stephen King, il propose une relecture originale, où l’horreur se mêle à un humour grinçant. Cependant, son rythme inégal et son approche parfois trop décalée peuvent empêcher une immersion totale. Plutôt qu’un pur film d’horreur, The Monkey s’impose comme une curiosité, à mi-chemin entre le thriller surnaturel et la comédie macabre.
Pour ceux qui aiment les films qui sortent des sentiers battus, cette version du singe mécanique offre un spectacle visuellement intéressant et ponctué de moments surprenants. Mais pour ceux qui recherchent une adaptation fidèle à l’univers oppressant de Stephen King, le film risque de laisser une impression d’inabouti.
Note : 6/10. En bref, loin d’être une simple adaptation classique de Stephen King, The Monkey propose une relecture originale, où l’horreur se mêle à un humour grinçant. Cependant, son rythme inégal et son approche parfois trop décalée peuvent empêcher une immersion totale.
Sorti le 19 février 2025 au cinéma
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