25 Mars 2025
The White Lotus // Saison 3. Episode 6. Denials.
La gueule de bois n’a jamais eu l’air aussi pesante. Après l’explosion de débauche de l’épisode précédent, le réveil est brutal pour certains. Les souvenirs de la nuit passée se frayent lentement un chemin, parfois flous, parfois trop clairs. Pour d’autres, c’est un matin comme un autre, observant avec une certaine distance les conséquences des excès. Dans cet épisode 6 de The White Lotus, l’ambiance oscille entre malaise, regrets et une quête désespérée de sens.
L’euphorie retombe, et avec elle, les illusions. Ce qui paraissait exaltant sous les lumières artificielles de la fête apparaît désormais sous son vrai jour, sans filtre ni distraction. Certains souvenirs sont enfouis aussi vite qu’ils ressurgissent, d’autres refusent de disparaître. Dans ce décor de luxe où tout semble permis, la réalité finit toujours par s’imposer. Saxon et Lochlan, inséparables dans la fête, se réveillent avec une prise de conscience brutale. Ce qui aurait pu rester un moment de folie partagée se transforme en malaise profond.
La frontière entre l’intimité et l’indécence s’est effacée sous l’effet des substances, et maintenant que la brume se dissipe, le choc est réel. Chez les Ratliff, la dynamique familiale est toujours aussi dysfonctionnelle. Victoria, encore sous le coup de l’annonce de Piper, refuse d’accepter l’idée que sa fille puisse choisir un chemin aussi éloigné de celui qu’elle lui avait tracé. Tim, quant à lui, semble sombrer davantage, perdu entre ses pensées sombres et un sentiment d’impuissance grandissant.
Dans ce chaos émotionnel, une figure émerge avec une lucidité inhabituelle : Piper. Contrairement aux autres, elle n’a pas besoin d’attendre la fin de la nuit pour comprendre où elle en est. Sa rencontre avec un moine dans un temple local marque un tournant. Pour la première fois, elle verbalise ce qu’elle ressent vraiment : un profond sentiment d’isolement face à sa propre famille. Ce n’est plus une simple rébellion ou un caprice passager. Son désir d’ailleurs est sincère, et il lui est devenu impossible de faire semblant.
Si les clients sont englués dans leurs drames personnels, ceux qui s’occupent d’eux ont un regard bien différent sur la situation. Eux, ils sont là depuis toujours, et seront encore là bien après leur départ. Belinda, après des jours d’anxiété face à la présence de Greg/Gary, trouve un court répit dans l’attention que lui porte Pornchai. Leur complicité naissante contraste avec la superficialité des interactions des touristes. Pour elle, ce n’est pas un simple flirt exotique ou un passe-temps. Dans ce monde où l’apparence prime, une connexion sincère a une valeur inestimable.
De son côté, Gaitok récupère enfin son arme, et avec elle, un sentiment de contrôle qui lui avait échappé. Ce n’est pas tant l’objet en lui-même qui compte, mais ce qu’il représente : une affirmation de soi face à un environnement où il est facile de se laisser écraser. Contrairement aux invités de l’hôtel, il n’a pas le luxe de s’effondrer sous le poids de ses émotions. L’hôtel White Lotus en Thaïlande n’est pas qu’un décor. Contrairement aux saisons précédentes où le lieu servait de simple toile de fond à des intrigues essentiellement centrées sur les visiteurs, ici, il impose sa propre présence.
Ce n’est pas un paradis conçu pour divertir et satisfaire les caprices de riches touristes. La beauté de Ko Samui cache une complexité bien réelle, une résistance sous-jacente à ceux qui croient pouvoir l’exploiter sans conséquence. L’arrivée du mari de Sritala vient d’ailleurs rappeler que derrière l’apparente hospitalité, des tensions profondes persistent. Rick, persuadé qu’il est impliqué dans la mort de son père, incarne ce dilemme : peut-on venir dans un pays étranger, y projeter ses propres histoires et espérer en sortir indemne ?
Le passé colonial plane en filigrane, et cet affrontement entre mémoire et pouvoir semble prêt à exploser. Mike White a toujours aimé jouer avec la provocation, et cet épisode ne fait pas exception. Cependant, la surenchère de situations extrêmes finit par prendre le pas sur l’évolution des personnages. Le choc a son effet immédiat, mais laisse un goût d’inachevé. À l’approche de la fin de la saison, certains arcs narratifs semblent se perdre dans une surabondance de chaos. Le trouble des personnages est palpable, mais leur trajectoire devient floue.
L’épisode donne l’impression de faire du surplace, cherchant à maintenir une tension sans réellement faire avancer les enjeux. Certains moments sont brillamment interprétés – notamment la scène où Piper exprime son mal-être – mais d’autres semblent uniquement exister pour bousculer le spectateur, sans réelle construction derrière. Alors que la saison touche à sa fin, une question persiste : où cela mène-t-il ? Les dernières minutes de l’épisode laissent entrevoir plusieurs directions possibles, mais sans véritable fil conducteur.
Faut-il s’attendre à une explosion finale ou simplement à un constat amer des conséquences de ces séjours trop bien payés ? Le chaos qui règne ici n’est pas sans intérêt, mais encore faut-il qu’il aboutisse à quelque chose. Le plus grand défi de The White Lotus sera de justifier ces détours narratifs et de donner du poids aux choix de ses personnages. La fin approche, et avec elle, l’espoir que ce puzzle éclaté finira par révéler une image plus nette.
Note : 6/10. En bref, les employés de l’hôtel auraient mérité d’être plus présents dans cette saison tant ils apportent un équilibre intéressant. De même que le personnage de Parker Posey, sous exploité depuis le début. Le reste de cet épisode est une longue et parfois très chiante gueule de bois.
Disponible sur max
P.S: Est-ce que l’on peut parler de Cristobal Tapia de Veer ? A début de la saison 3, en écoutant le nouveau thème, je dois avouer que je me suis dit « ok, bof ». A l’approche de la fin de la saison, le thème de la saison 3 m’obsède. Je ne sais pas ce qu’il met dans sa musique mais c’est de la bonne. Vivement que l’on découvre ce qu’il va composer pour la saison 4. Je vous remet le générique ici :
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