Le Sens des Choses (Saison 1, épisodes 1 à 3) : une quête personnelle entre foi, héritage et identité

Découvrir une série qui aborde des questions profondes tout en conservant une certaine légèreté est toujours une expérience particulière. C'est exactement ce que propose Le Sens des Choses, une fiction qui suit le parcours de Léa, une jeune femme en passe de devenir l'une des rares rabbins en France. Un choix de vie singulier qui l'oblige à jongler entre sa vocation, ses doutes et un entourage pas toujours en phase avec son cheminement.

Léa, 28 ans, décide de devenir l’une des rares femmes rabbins de France et tente de trouver les réponses aux petites et grandes questions de la vie. Entre les demandes parfois improbables, la cohabitation avec un père résolument athée et une vie sentimentale en chantier, Léa jongle entre sa fonction et ses doutes personnels. Comment être un guide pour les autres quand on est soi-même en quête de sens ?

Dès les premiers épisodes, Léa est confrontée à des situations où la tradition et les réalités contemporaines s'entrechoquent. Qu'il s'agisse d'un père d'enfant non-juif souhaitant une cérémonie conforme aux rites, d'un adolescent refusant sa bar-mitsvah pour des raisons écologiques, ou encore d'un fils incapable de respecter les dernières volontés de sa mère défunte, chaque interaction devient une épreuve de patience et de compréhension. Léa n'est pas une autorité figée. Elle doute, elle hésite, elle cherche à donner du sens à ce qu'elle transmet sans jamais imposer une vérité absolue. 

Sa posture oscille entre respect des textes et volonté de les adapter à une société en perpétuelle évolution. Dans son cheminement, Léa doit aussi composer avec son père, un psychanalyste athée, qui peine à comprendre les choix de sa fille. Leur relation est marquée par une forme d'incompréhension mutuelle. Loin du conflit ouvert, c'est plutôt une série de dialogues feutrés, parfois teintés d'ironie, qui illustrent leur décalage. Le rapport au père est fondamental dans l'équilibre de Léa. Il est à la fois une entrave et un repère, une figure qui lui rappelle que l'on ne peut jamais totalement s'affranchir de son héritage, qu'il soit spirituel, intellectuel ou affectif.

La série aborde la transmission sous plusieurs angles. Il y a celle des rituels, qui se perpétuent ou s'adaptent en fonction des époques, mais aussi celle des valeurs et de la parole. Léa se retrouve souvent dans une position où elle doit décoder des attentes implicites, apporter des réponses sans être trop directive, guider sans imposer. Les premières expériences qu'elle traverse illustrent bien cette tension. Officier lors d'un enterrement, c'est porter la douleur des autres tout en leur offrant un cadre pour l'exprimer. 

Célébrer une brit-milah dans un contexte où les origines de l'enfant posent question, c'est tenter de concilier les principes religieux et les réalités personnelles des familles. Autant de moments où l'importance des mots prend tout son sens. Ce qui fait la force de Le Sens des Choses, c'est sa capacité à parler à tous, indépendamment des croyances. L’enjeu principal n’est pas tant la religion que la façon dont chacun cherche à donner un sens à son existence. Le parcours de Léa est celui d'une quête d'identité, d'une volonté de comprendre son propre rapport au monde et aux autres. 

Son histoire touche par sa sincérité et par l'absence de certitudes figées.  La série dresse le portrait d'une femme en mouvement, confrontée aux doutes et aux contradictions inhérentes à toute trajectoire personnelle. La parole est un élément central de la série. Qu'elle soit prononcée dans un cadre religieux, familial ou intime, elle devient un outil puissant, parfois mal compris, souvent salvateur. Le Sens des Choses rappelle à quel point les mots peuvent être vecteurs de construction ou de détournement, et à quel point il est crucial de leur redonner du poids.

Dans un monde où les discours sont souvent simplifiés à l'extrême, où les slogans prennent le pas sur les nuances, la série réhabilite la richesse du dialogue et de la réflexion. Elle invite à interroger la façon dont on s'exprime, dont on écoute et dont on construit un récit personnel ou collectif. Si les thèmes abordés sont denses, la série ne sombre jamais dans le didactisme pesant. L'humour y occupe une place de choix, souvent discret mais toujours efficace. Il permet de désamorcer certaines tensions, de rendre les personnages plus accessibles et de souligner, sans lourdeur, l'absurdité de certaines situations.

L'interprétation d'Elsa Guedj y joue pour beaucoup. Son jeu tout en retenue et en sincérité apporte une grande justesse au personnage de Léa. Autour d'elle, un casting qui fonctionne à merveille, avec des personnages secondaires qui enrichissent le récit sans jamais être de simples faire-valoir. Le Sens des Choses ne cherche pas à imposer une vision unique du monde. Au contraire, la série laisse une place importante à l'interprétation et à la réflexion personnelle. Chaque épisode soulève des questions universelles sans jamais apporter de réponse prédéfinie.

Que l'on soit croyant ou non, que l'on partage ou non le parcours de Léa, la série offre une résonance particulière à chacun. Elle rappelle que la quête de sens est un cheminement propre à tous, fait de doutes, d'expériences et de rencontres. Une fiction qui touche par sa justesse et son humanité, sans jamais chercher à imposer un message unique.

Note : 8/10. En bref, Le Sens des Choses ne cherche pas à imposer une vision unique du monde. Au contraire, la série laisse une place importante à l'interprétation et à la réflexion personnelle. Chaque épisode soulève des questions universelles sans jamais apporter de réponse prédéfinie.

Présentée dans le cadre du Festival Séries Mania 2025

Disponible sur max