The Studio (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une satire affûtée du cinéma

The Studio (Saison 1, épisodes 1 et 2) : une satire affûtée du cinéma

L’industrie du cinéma a toujours été un terrain fertile pour la satire, et The Studio, la nouvelle série comique de Seth Rogen et Evan Goldberg sur Apple TV+, en tire pleinement parti. En suivant Matt Remick, un cadre hollywoodien passionné mais désillusionné, la série plonge dans les absurdités du système de production moderne, entre obsession pour les franchises et compromis artistiques douteux. Les deux premiers épisodes donnent le ton, mêlant humour grinçant et regard acéré sur un milieu où l'art et le business cohabitent tant bien que mal.

 

Matt Remick est le nouveau directeur de Continental Studios, une société de production en difficulté. Alors que leurs films peinent à survivre et rester pertinents, Matt et son équipe tentent de vaincre leurs propres incertitudes tout en affrontant les artistes narcissiques et lâches dirigeants d’entreprise qu'ils croisent, sans jamais perdre de vue leur inlassable envie de faire de grands films. Masquant leur panique derrière leurs habits de pouvoir, chaque fête, visite de plateau, décision de casting, réunion de marketing et remise de prix, est l'occasion d'une brillante réussite ou d'une catastrophe qui mettra fin à leur carrière. En mangeant, dormant et respirant "films", Matt a le métier dont il a rêvé toute sa vie, et cela pourrait bien causer sa perte.

Dès le premier épisode, The Studio expose les dilemmes de Matt, promu à la tête de Continental Studios avec le rêve de produire des films ambitieux, capables d'attirer à la fois la critique et le grand public. Son enthousiasme est rapidement refroidi lorsqu’il se retrouve à devoir développer un blockbuster basé sur... le Kool-Aid Man. L’idée est absurde, mais parfaitement représentative d’une industrie qui cherche à transformer la moindre propriété intellectuelle en franchise à succès. Le ton est donné : Matt veut faire du cinéma, mais son boss, Griffin Mill (Bryan Cranston), ne jure que par les films « grand public, intergénérationnels et hyper rentables ». 

 

Lorsque Martin Scorsese débarque avec un projet ambitieux sur le massacre de Jonestown, Matt y voit l’opportunité de concilier prestige et rentabilité en rebaptisant le film Kool-Aid. L’absurdité de cette idée illustre parfaitement les compromis ridicules que l’industrie impose aux créateurs. Le personnage de Matt est porté par un Seth Rogen plus sobre qu’à l’accoutumée, incarnant un cadre tiraillé entre ses idéaux et les réalités du business. 

Autour de lui, un casting solide donne vie à une galerie de personnages aussi cyniques qu’hilarants : Kathryn Hahn excelle en cheffe du marketing, capable de retourner sa veste selon les tendances du moment. Ike Barinholtz joue Sal, bras droit fidèle mais opportuniste. Chase Sui Wonders incarne Quinn, une jeune cadre ambitieuse et réaliste sur les règles du jeu. Catherine O’Hara apporte une énergie explosive en productrice déchue, bien décidée à se venger. Bryan Cranston, en patron excentrique et impitoyable, campe un archétype du grand décideur uniquement préoccupé par les chiffres.

 

L’apparition de Scorsese jouant son propre rôle pousse la satire encore plus loin, soulignant l’écart entre les aspirations artistiques et la logique commerciale impitoyable des studios. Si le premier épisode s’attarde sur les coulisses du développement d’un film, le deuxième, intitulé The Oner, montre à quel point la production peut être un champ de mines. Sarah Polley, réalisatrice talentueuse, tente de capturer un plan-séquence ambitieux à la lumière dorée du crépuscule. Tout doit se dérouler parfaitement en une prise... mais la présence de Matt va tout compliquer.

Ce qui devait être une simple visite de courtoisie se transforme en catastrophe en chaîne. Matt, pourtant prévenu de rester discret, enchaîne les erreurs : décisions absurdes, commentaires intempestifs et maladresses logistiques. La scène devient un véritable cauchemar, révélant comment l’ingérence des exécutifs peut nuire à la vision d’un réalisateur. Ce second épisode, conçu lui-même comme un long plan-séquence, illustre brillamment l’absurdité et la complexité d’un plateau de tournage sous pression.

 

Avec ces deux premiers épisodes, The Studio s’impose comme une critique mordante d’Hollywood. Derrière les rires se cache une réflexion plus profonde sur l’équilibre précaire entre créativité et rentabilité. Matt Remick incarne cette dualité : passionné de cinéma, il doit jongler entre ses idéaux et la nécessité de plaire aux investisseurs. Cette dynamique rappelle des tensions bien réelles dans l’industrie : d’un côté, des artistes qui rêvent de repousser les limites du médium ; de l’autre, des studios obsédés par la performance au box-office et l’exploitation de licences populaires.

Avec son ton incisif et ses dialogues percutants, The Studio offre une satire hollywoodienne qui ne manque ni d’humour ni de pertinence. Si la suite maintient ce niveau de finesse, la série pourrait bien devenir une référence en matière de comédie sur l’industrie du cinéma.

 

Note : 9/10. En bref, avec son ton incisif et ses dialogues percutants, The Studio offre une satire hollywoodienne qui ne manque ni d’humour ni de pertinence. 

Disponible sur Apple TV+

 

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