Mid-Century Modern (Saison 1, 10 épisodes) : une comédie à la croisée des générations

Mid-Century Modern (Saison 1, 10 épisodes) : une comédie à la croisée des générations

La première saison de Mid-Century Modern s'inscrit dans la tradition des sitcoms multi-caméras qui savent jongler entre humour acéré et moments de sincérité. Créée par Max Mutchnick et David Kohan, déjà connus pour Will & Grace, la série adopte un format classique tout en se concentrant sur un univers rarement exploré sous cet angle : l’amitié entre trois hommes gays d’âge mûr qui décident de cohabiter après la perte d’un proche. Entre nostalgie, satire et dynamisme propre aux meilleures comédies de situation, la série repose avant tout sur un casting solide et une écriture qui oscille entre bons mots et clichés du genre.

 

Le décès inattendu d'un proche décide trois amis gays d’un certain âge de passer leurs prochaines années à Palm Springs, où vit déjà le plus riche d'entre eux avec sa mère. Cette famille de coeur est la preuve que peu importe à quel point les choses deviennent difficiles, il y aura toujours quelqu’un autour de vous pour vous soutenir.

 

L’histoire débute sur une note funèbre : le décès d’un ami commun amène Bunny Schneiderman (Nathan Lane), magnat du prêt-à-porter féminin, Arthur Broussard (Nathan Lee Graham), ancien journaliste de mode, et Jerry Frank (Matt Bomer), steward toujours en vadrouille, à se retrouver. La disparition de George les pousse à une réflexion inévitable sur le temps qui passe et les liens qui les unissent. Face à cette prise de conscience, ils font le choix de partager le quotidien sous le même toit, dans la luxueuse demeure de Bunny, en compagnie de sa mère Sybil (Linda Lavin).

 

Ce qui aurait pu n’être qu’une simple colocation devient alors un terrain fertile pour aborder des thématiques universelles : le deuil, le vieillissement, l’amour et l’amitié. Loin d’être une révolution télévisuelle, Mid-Century Modern s’appuie sur des ressorts éprouvés, mais leur efficacité reste indéniable. Si la mécanique de groupe rappelle celle de The Golden Girls, chaque personnage conserve sa singularité. Bunny, en éternel romantique sceptique, peine à croire qu’il mérite une véritable histoire d’amour. Arthur, à la fois flamboyant et rigide, vit toujours dans le souvenir de sa gloire passée dans l’univers de la mode. 

 

Jerry, quant à lui, incarne la candeur et l’enthousiasme, avec une touche de naïveté qui le rend attachant. La dynamique entre ces trois protagonistes fonctionne grâce à une alchimie bien rodée entre les acteurs. Nathan Lane impose naturellement son charisme comique, Matt Bomer surprend par son aisance dans un registre plus léger, et Nathan Lee Graham apporte la dose de théâtralité nécessaire à son rôle. Mais c’est Linda Lavin, dans le rôle de Sybil, qui donne une saveur particulière à la série. Son humour piquant et ses répliques tranchantes en font une figure maternelle à la fois exaspérante et attendrissante. 

 

Son absence dans les derniers épisodes, due à son décès en cours de production, se fait d’ailleurs cruellement sentir. Comme toute comédie de ce format, Mid-Century Modern alterne entre moments inspirés et passages plus convenus. Certains épisodes sortent du lot, comme le deuxième, où Arthur se lance dans une nouvelle carrière de vendeur en boutique de luxe tandis que Jerry revit son admiration pour Donny Osmond. Le cinquième épisode, qui voit le trio partir à Fire Island, se distingue également par une exploration plus intime des insécurités de Bunny.

 

D’autres intrigues, en revanche, reposent davantage sur des gags attendus et des blagues recyclées sur la culture gay. L’écriture, bien que souvent mordante, ne s’éloigne jamais complètement des stéréotypes du genre. Dans un paysage télévisuel dominé par des productions ambitieuses et des formats hybrides, Mid-Century Modern revendique un retour aux fondamentaux. La série ne cherche ni à déconstruire le genre de la sitcom, ni à révolutionner la représentation LGBTQ+ à l’écran. Elle assume pleinement son côté feel-good, s’appuyant sur une dynamique de groupe efficace et des dialogues bien écrits.

 

Si elle ne fait pas l’unanimité sur la qualité de son humour ou la fraîcheur de ses intrigues, elle parvient néanmoins à créer un espace chaleureux où les personnages existent au-delà de leur orientation sexuelle. À une époque où les débats sur la représentation sont plus vifs que jamais, il est intéressant de voir une série qui intègre pleinement un milieu gay sans en faire son unique argument narratif. Reste à savoir si Mid-Century Modern parviendra à se tailler une place durable. Son format classique peut sembler en décalage avec les tendances actuelles, et la disparition de Linda Lavin laisse un vide difficile à combler. 

 

Cependant, la série possède suffisamment d’atouts pour fidéliser un public en quête d’une comédie légère, portée par des personnages bien campés. Si une deuxième saison voit le jour, l’enjeu sera d’apporter plus de consistance aux intrigues et de s’éloigner des facilités humoristiques. Le potentiel est là, et avec une écriture plus affinée, la série pourrait réellement s’épanouir.

 

Note : 6/10. En bref, cette première saison offre un divertissement plaisant, porté par une distribution talentueuse et une atmosphère chaleureuse.

Prochainement sur Disney+

 

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