3 Mars 2025
L'industrie de la comédie télévisuelle australienne peine souvent à se hisser au niveau des productions internationales. Optics, nouvelle série satirique explorant le monde impitoyable des relations publiques et de la gestion de crise, illustre bien ce décalage. Avec un concept prometteur mais une exécution laborieuse, cette première saison laisse un goût amer. Pourtant, en surface, tout semblait réuni pour un succès. L'univers des agences de relations publiques regorge de situations absurdes et de contradictions parfaites pour une satire mordante.
Deux jeunes femmes, promues de manière inattendue, affrontent des crises dans leur agence de relations publiques. En gérant des célébrités et des scandales d'entreprise, elles découvrent un possible scandale au sein de l'agence et soupçonnent un sabotage.
Optics s'engage dans cette voie avec ambition, mais son manque de finesse dans l'écriture et la mise en scène affaiblit son impact. Le résultat oscille entre des dialogues trop appuyés et des scènes qui manquent de naturel. L'une des erreurs les plus flagrantes est la sur-utilisation des explications. Les dialogues expliquent constamment ce qui pourrait être suggéré par le jeu des acteurs ou la mise en scène. Cela nuit à la fluidité du récit et à l'intelligence du propos. Les personnages principaux, Nicole et Greta, auraient pu être les piliers d'une comédie réussie, mais leur interprétation et leur écriture manquent de nuance.
Leur manière de parler trop rapide et saccadée rend parfois leurs dialogues incompréhensibles, ce qui nuit à l'efficacité des répliques humoristiques. De plus, ces deux protagonistes semblent être des variations du même archétype, sans véritable dynamique contrastée. On peine à distinguer ce qui les différencie réellement, et leur duo perd en impact. Un scénario plus affûté aurait pu creuser leurs personnalités et exploiter différents angles comiques. À l'inverse, le personnage d'Ian, bien que secondaire, parvient à capter l'attention. Son jeu plus posé et son humour plus subtil fonctionnent mieux.
Si la série s'était davantage focalisée sur lui et sur la gestion chaotique de son agence, elle aurait sans doute gagné en impact. La comédie repose en grande partie sur le timing. Or, Optics enchaîne les répliques à une vitesse telle qu'elles ne laissent aucun espace pour que l'humour respire. Ce choix stylistique peut fonctionner dans certains contextes, mais ici, il se traduit par une déperdition de l'effet comique. La réalisation souffre également d'un manque de variation dans la mise en scène. Trop souvent, les deux personnages principaux sont filmés ensemble, comme s'ils ne formaient qu'une seule entité.
Cela nuit à la dynamique visuelle et à l'immersion du spectateur. L'ambition de dénoncer les dérives du monde de la communication est louable, mais la critique manque d'audace. Si quelques références aux scandales de RP en Australie apportent une touche de pertinence, elles ne sont pas exploitées à leur plein potentiel. Le propos reste en surface, sans dépasser l'évidence. Un autre problème est l'impression de cercle fermé qui entoure la production australienne. Trop souvent, les mêmes cercles artistiques travaillent ensemble, résultant en des productions qui manquent de remises en question.
Sans une critique interne plus sincère, la comédie australienne risque de stagner dans une boucle de productions moyennes. Le plus frustrant avec Optics, c'est qu'elle possédait tous les éléments pour réussir : un cadre pertinent, un sujet d'actualité et des auteurs observateurs. Pourtant, la réalisation maladroite, l'écriture trop appuyée et le jeu d'acteur perfectible laissent un sentiment d'inachevé. Les trois premiers épisodes laissent entrevoir un certain potentiel, mais la suite s'effondre sous le poids de ses propres maladresses. Certaines intrigues se révèlent prévisibles, et la lassitude s'installe rapidement.
En fin de compte, Optics est une déception. Non pas parce que son concept était mauvais, mais parce que son exécution n'a pas su capitaliser sur ses atouts. Les problèmes de rythme, de direction et de caractérisation affaiblissent une satire qui aurait pu être bien plus percutante. L'humour australien mérite mieux. Avec une meilleure production, un scénario plus resserré et un jeu d'acteur plus nuancé, Optics aurait pu marquer les esprits. Espérons que si une saison 2 voit le jour, elle saura corriger ces erreurs et offrir enfin la satire incisive qu'elle promettait dès le départ.
Note : 4/10. En bref, une comédie qui a du mal à trouver son équilibre.
Prochainement en France
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