3 Mars 2025
Le genre des séries médicales a toujours su captiver les spectateurs. Entre tensions dramatiques, cas d’urgence et relations complexes entre les soignants, ces séries réussissent souvent à trouver un équilibre subtil entre émotions fortes et réalisme. Mais ce n’est pas toujours un succès assuré. Krank Berlin, la nouvelle production d’Apple TV+, tente d’apporter sa propre vision du drame hospitalier, mais peine à convaincre sur plusieurs aspects. Apple TV+ semble déterminé à investir dans des séries médicales aux cadres variés. Après Familia de Medianoche, qui explorait le quotidien d’une famille d’ambulanciers au Mexique, Krank Berlin nous emmène en Allemagne, dans l’un des services d’urgence les plus débordés de Berlin.
La jeune Dr. Parker a la lourde tâche de diriger les urgences de l’un des hôpitaux les plus saturés et compliqués de Berlin. Après un chamboulement dans sa vie personnelle, elle quitte Munich et s’installe à Berlin pour y prendre un nouveau départ. Lorsqu’elle tente de mettre en marche des réformes nécessaires, le Dr. Parker est confrontée aux réticences d’un personnel sous-payé, mal équipé et éreinté, qui résiste grâce à une bonne dose d’humour noir. Mais face à un système de santé de plus en plus cruel, et malgré l'épuisement, l’équipe fait front commun et unit ses forces pour sauver des vies.
Pourtant, malgré un cadre prometteur et une volonté d’intensité, la série ne parvient pas à s’éloigner des stéréotypes du genre. L’introduction nous plonge immédiatement dans une scène chaotique : un homme visiblement sous l’emprise de drogues erre dans les rues de Berlin avant d’atterrir dans un hôpital surchargé. Caméra tremblante, plans serrés et lumière crue cherchent à instaurer une atmosphère immersive. Mais l’effet tombe rapidement à plat lorsque l’identité de l’homme est révélée : il ne s’agit pas d’un patient, mais du Dr Ben Weber (Slavko Popadic), un médecin du service.
Une entrée en matière qui aurait pu être surprenante, mais qui manque de profondeur pour réellement marquer les esprits. Au cœur de la série, on retrouve Dr. Parker (Haley Louise Jones), qui vient tout juste de prendre ses fonctions en tant que nouvelle cheffe du service. Originaire de Munich, elle arrive à Berlin avec un passé trouble que la série effleure sans jamais vraiment creuser. Son personnage oscille entre la rigueur et la vulnérabilité, mais les dialogues et les situations manquent d’originalité pour vraiment la rendre attachante.
Le reste du casting suit la même tendance : des médecins et infirmiers aux personnalités stéréotypées, des conflits de pouvoir déjà vus, et un manque flagrant d’alchimie entre les personnages. Là où des séries comme The Pitt parviennent à donner vie à des soignants authentiques et complexes, Krank Berlin peine à leur insuffler une véritable âme. Si la série a un mérite, c’est de ne pas chercher à rendre l’environnement hospitalier glamour. Les couloirs sont surchargés, les urgences sont en crise constante, et les équipes sont sous pression. Mais cette approche brute de décoffrage finit par devenir caricaturale.
Chaque épisode enchaîne des situations de crise exagérées, des dilemmes moraux artificiels et des moments de tension qui semblent uniquement là pour maintenir un faux suspense. À plusieurs reprises, la mise en scène abuse des plans instables et des couleurs ternes pour appuyer l’urgence de la situation, mais cela ne suffit pas à masquer le manque de profondeur du scénario. L’un des aspects que Krank Berlin réussit mieux que le reste, c’est son esthétique visuelle. La série adopte un ton sombre et une mise en scène nerveuse, avec des plans rapprochés qui accentuent l’étouffement des personnages.
Un plan en particulier, où la caméra s’élève au-dessus de l’hôpital avant de replonger vers une ambulance arrivant en urgence, est une belle trouvaille visuelle. Mais ces choix stylistiques, bien que réussis, ne suffisent pas à compenser un manque cruel de substance narrative. Il est évident que le genre du drame médical est difficile à renouveler. Mais alors que certaines productions comme The Pitt parviennent à proposer des angles inédits – que ce soit à travers des intrigues profondes ou des personnages marquants –, Krank Berlin reste engluée dans une formule dépassée.
Les dynamiques entre les personnages manquent de relief, les cas médicaux sont trop souvent prévisibles et les enjeux personnels des protagonistes semblent plaqués plutôt qu’intégrés naturellement au récit. À aucun moment la série ne parvient à questionner les véritables enjeux du système hospitalier, préférant accumuler les rebondissements convenus. En fin de compte, ce qui manque cruellement à cette série, c’est une véritable identité. Bien entendu, il y a l’angle visuel qui reste original (même si l’on voit déjà ça et en mieux dans The Pitt). Plutôt que d’offrir un regard nouveau sur le monde hospitalier, Krank Berlin reprend une recette usée sans y apporter de réelle saveur.
On retrouve tous les poncifs avec des personnages stéréotypés : Des médecins en conflit, un chef de service au passé mystérieux, des dilemmes moraux déjà vus… Tout cela sent le déjà-vu. Les intrigues restent un brin prévisibles. Aucun véritable retournement de situation marquant, juste une succession de situations de crise qui peinent à surprendre. Enfin, la réalisation est efficace mais trop appuyée. Une ambiance visuelle immersive, mais qui semble parfois chercher à compenser les faiblesses du scénario par une tension forcée.
Si l’on recherche un drame hospitalier intense et original, mieux vaut passer son chemin. Ceux qui espéraient une série dans la lignée de The Pitt risquent d’être déçus par le manque de profondeur de Krank Berlin. En revanche, pour ceux qui apprécient les séries médicales purement axées sur l’urgence et l’action, sans chercher un réalisme trop poussé, cette production peut offrir quelques moments de tension intéressants. Mais en l’état, difficile de considérer Krank Berlin comme une série marquante du genre. La série a peut-être encore une chance d’évoluer dans les épisodes suivants, mais pour l’instant, elle peine à s’imposer face à des productions médicales plus abouties.
Note : 5/10. En bref, je m’attendais à une série dans la veine de The Pitt mais ce n’est pas vraiment le cas. Il y a de l’idée mais il va falloir faire éclore le tout au fil des épisodes pour sortir des sentiers battus et stéréotypes.
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