Critique Ciné : Cleaner (2025)

Critique Ciné : Cleaner (2025)

Cleaner // De Martin Campbell. Avec Daisy Ridley, Clive Owen et Taz Skylar.

 

Le cinéma d’action a souvent eu recours à des schémas narratifs éprouvés : un héros solitaire, des méchants bien définis, un lieu confiné, une tension qui monte crescendo. Cleaner, le dernier film de Martin Campbell, s’inscrit dans cette lignée. Mais au-delà de cette recette, que propose-t-il réellement ? Avec une intrigue qui rappelle Die Hard, Cleaner met en scène une femme, ancienne militaire reconvertie en laveuse de vitres, confrontée à un groupe de terroristes ayant pris en otage un gratte-ciel. 

 

La vétérante, Joey Locke, est aujourd'hui, laveuse de vitres sur les gratte-ciel londoniens. Elle se retrouve au milieu d'une attaque terroriste...

 

L’occasion, sur le papier, de livrer un thriller haletant mêlant suspense, action et enjeux modernes. Pourtant, malgré quelques atouts, l’ensemble peine à se démarquer. Martin Campbell n’est pas un inconnu dans le monde du cinéma d’action. On lui doit des films marquants comme GoldenEye et Casino Royale, deux James Bond qui ont su réinventer la saga à leur époque. Pourtant, ces dernières années, ses choix de films sont plus discutables. Après Green Lantern en 2011, il semble peiner à retrouver l’inspiration qui faisait la force de ses précédents succès. Le dernier film en date, Dirty Angels, était là aussi une immense déception.

 

Avec Cleaner, il reprend des éléments narratifs familiers : une menace terroriste, un héros isolé qui doit surpasser ses propres limites et une critique sous-jacente du capitalisme et des dérives écologiques. Mais plutôt que d’exploiter ces thèmes de manière subtile ou percutante, ils restent en arrière-plan, souvent traités de manière simpliste. L’intrigue repose sur une idée simple mais efficace : une héroïne prise au piège à l’extérieur d’un immeuble, suspendue dans le vide, tentant de neutraliser une menace intérieure. 

 

Ce concept aurait pu donner lieu à un thriller sous tension, jouant sur la peur du vide et la claustrophobie. Mais très vite, le film révèle ses cartes et perd de son intensité. Les antagonistes manquent de profondeur, leurs motivations restent floues et l’héroïne semble surmonter les obstacles avec une facilité qui rend difficile tout sentiment de réel danger. Loin d’un Die Hard où John McClane doit improviser pour survivre, Cleaner ne parvient jamais à rendre crédible la lutte de son personnage principal.

 

Daisy Ridley porte le film sur ses épaules. Connue pour son rôle dans Star Wars, elle s’essaie ici à un registre plus physique et brut. Son interprétation est solide, mais le personnage manque de développement. Si l’idée d’une femme confrontée à une prise d’otages était intéressante, son évolution est trop linéaire et ne permet pas de créer une véritable connexion avec le spectateur. Son passé militaire est à peine exploré, ses motivations sont effleurées, et son attitude presque détachée face à certaines situations diminue l’impact dramatique du récit. 

 

Il y avait matière à construire un personnage plus nuancé, tiraillé entre son instinct de survie et un passé douloureux, mais le film se contente d’en faire une héroïne d’action classique, efficace mais sans réelle épaisseur. Là où Cleaner aurait pu se démarquer, c’est par sa réalisation. Un cadre aussi confiné et vertigineux offrait la possibilité de créer une tension palpable, de jouer avec les perspectives et les sensations de vertige. Pourtant, la mise en scène reste fonctionnelle, sans prises de risque. Les scènes d’action sont bien exécutées, mais elles n’ont rien de particulièrement mémorable. 

 

On sent que Martin Campbell maîtrise les codes du genre, mais il ne parvient pas à leur insuffler une identité propre. Le film enchaîne les séquences de confrontation sans jamais surprendre, comme si tout était trop bien réglé pour susciter une véritable adrénaline. Le film tente d’intégrer des thématiques actuelles : le terrorisme écologique, la responsabilité des grandes entreprises dans la destruction de l’environnement, la corruption. Mais ces éléments restent en surface, utilisés comme un prétexte plus que comme un véritable moteur narratif.

 

Loin de proposer une réflexion intéressante, Cleaner se contente d’un schéma classique où les « méchants » sont caricaturaux et où les enjeux globaux n’ont que peu d’impact sur l’intrigue. On aurait pu espérer un propos plus affirmé, une tension dramatique autour de ces dilemmes, mais le film préfère les réduire à de simples éléments contextuels. Avec une durée de 90 minutes, Cleaner ne s’attarde pas. Si certains y verront un avantage – le film va droit au but –, cela souligne aussi son manque de consistance. Rien ne semble vraiment approfondi, que ce soit l’histoire, les personnages ou les thèmes abordés.

 

À la sortie, il reste une impression de film « déjà vu ». Une production efficace mais impersonnelle, qui s’appuie trop sur des références connues sans jamais proposer une identité propre. C’est un divertissement fonctionnel, mais qui manque d’âme. En plus de Daisy Ridley, Cleaner bénéficie de la présence de Clive Owen. Malheureusement, son rôle est anecdotique, et il disparaît trop rapidement pour réellement peser dans l’histoire. Son talent aurait pu apporter une vraie densité au film, mais son personnage semble simplement là pour remplir une case.

 

Les autres seconds rôles ne marquent pas non plus, ce qui renforce l’impression d’un film qui mise tout sur son concept sans chercher à enrichir ses personnages. Cleaner n’est pas un mauvais film, mais il peine à justifier son existence face à une concurrence déjà bien fournie en thrillers d’action du même genre. Il manque cette petite étincelle qui le rendrait réellement captivant. Pour ceux qui recherchent un divertissement rapide, sans prise de tête, il fera l’affaire. Les scènes d’action sont correctes, Daisy Ridley s’en sort bien, et le film ne s’éternise pas. 

 

Mais pour ceux qui espèrent une proposition originale, un scénario prenant ou des personnages marquants, Cleaner risque de laisser un goût d’inachevé. En fin de compte, c’est un film qui passe vite, qui distrait un moment, mais qui s’oublie tout aussi rapidement. Une nouvelle tentative pour Martin Campbell de retrouver son éclat d’antan, mais qui peine encore à atteindre le niveau de ses meilleures réalisations.

 

Note : 5/10. En bref, ce n’est pas complètement raté. C’est un assez bon film d’action du dimanche après-midi quand on se remet d’une cuite. Mais ce n’est pas suffisant pour briller non plus. 

Prochainement en France

 

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