Critique Ciné : Mickey 17 (2025)

Critique Ciné : Mickey 17 (2025)

Mickey 17 // De Bong Joon Ho. Avec Robert Pattinson, Naomi Accise et Steven Yeun.

 

Mickey 17, première incursion hollywoodienne de Bong Joon-ho, arrive avec la promesse d’une science-fiction grinçante et intelligente. Adapté du roman Mickey7 d’Edward Ashton, le film s’inscrit dans la lignée des œuvres du réalisateur sud-coréen, explorant des thèmes déjà présents dans Parasite, Snowpiercer ou encore The Host : lutte des classes, absurdité du système capitaliste et cynisme des élites. Avec Robert Pattinson dans le rôle principal, accompagné d’un casting impressionnant incluant Mark Ruffalo, Toni Collette et Naomi Ackie, Mickey 17 avait de quoi intriguer. 

 

Héros malgré lui, Mickey Barnes se tue à la tâche… littéralement ! Car c’est ce qu’exige de lui son entreprise : mourir régulièrement pour gagner sa vie.

 

Pourtant, malgré une mise en scène soignée et un univers visuel marquant, l’ensemble peine à convaincre totalement. L’histoire repose sur un postulat de science-fiction intéressant : dans un futur lointain, Mickey est un "remplaçable", un clone humain conçu pour mourir et être recréé à volonté, afin d'accomplir les tâches les plus dangereuses d'une mission de colonisation spatiale. Cette idée ouvre la porte à une réflexion sur l’éthique du clonage, la valeur d’une vie humaine et le rapport au sacrifice dans une société ultra-hiérarchisée.

 

Dès les premières scènes, le film installe une atmosphère intrigante, avec une voix off ironique qui donne le ton. Le spectateur est plongé dans une réalité où le capitalisme a atteint un niveau extrême : les travailleurs sont des produits jetables, et la science permet d'exploiter l'humain jusqu'à l'absurde. Malheureusement, après un début prometteur, le film s’éparpille. L’humour, parfois trop forcé, et les nombreux détours narratifs affaiblissent l’impact du message. Là où on pouvait espérer une satire percutante, le ton oscille entre comédie loufoque et drame philosophique, sans jamais totalement trouver son équilibre.

 

L’un des aspects les plus réussis du film réside dans sa critique des élites et de leur rapport au pouvoir. Mark Ruffalo incarne un dirigeant mégalomane, totalement déconnecté des réalités du terrain, tandis que Toni Collette joue sa femme, une stratège manipulatrice dont les conseils ne font qu’aggraver la situation. Le couple forme une caricature des figures politiques et économiques actuelles, obsédées par le contrôle et la rentabilité. Ces personnages rappellent ceux de Parasite, où les riches évoluaient dans un monde parallèle, ignorant les souffrances des classes inférieures. 

 

Mais là où Parasite parvenait à allier subtilité et satire mordante, Mickey 17 force parfois trop le trait, rendant certains dialogues et situations excessivement caricaturaux. Le film intègre aussi une réflexion sur la foi et la manipulation des masses. Certains personnages n’hésitent pas à utiliser le discours religieux pour justifier leurs actes, un écho évident aux dérives du pouvoir à travers l’histoire. Cette dimension aurait pu être un fil conducteur puissant, mais elle reste finalement peu approfondie.

 

Le principal défaut du film réside dans son rythme. Après une introduction captivante, le scénario s’engage dans une série de séquences qui semblent parfois inutiles ou trop déconnectées du propos initial. Des moments de contemplation côtoient des scènes d’action frénétiques, créant un contraste qui ne fonctionne pas toujours. Les deux heures de film paraissent longues, d’autant plus que certaines scènes, censées apporter de l’humour ou de la légèreté, tombent à plat. 

 

Les dialogues, pourtant écrits avec soin, manquent parfois d’impact, et l’humour absurde ne trouve pas toujours sa place dans cet univers de science-fiction dystopique. L’autre point qui divise, c’est la place donnée aux personnages secondaires. Si Robert Pattinson s’investit pleinement dans son rôle et parvient à donner de la nuance à Mickey, d’autres acteurs semblent sous-exploités. Anamaria Vartolomei, par exemple, apparaît comme un simple élément esthétique, sans réel impact sur l’intrigue. Quant à Steven Yeun, son personnage de roublard peine à convaincre, comme si l’écriture ne lui laissait pas l’espace nécessaire pour exister pleinement.

 

Visuellement, Mickey 17 est une réussite. Bong Joon-ho soigne son image et propose une mise en scène immersive qui accentue l’étrangeté de cet univers. Les décors futuristes, les costumes et les effets spéciaux contribuent à créer une ambiance singulière, à la fois clinique et oppressante. Certains plans rappellent des classiques de la science-fiction, de 2001, l’Odyssée de l’espace à Blade Runner, tout en intégrant des touches plus contemporaines. L’esthétique du film compense en partie ses faiblesses narratives, en offrant au spectateur un spectacle visuel captivant.

 

Alors que l’intrigue aurait pu aboutir à une conclusion percutante, le dernier acte se révèle décevant. L’humour prend trop de place et atténue l’impact du dénouement, qui manque de force. Le film semble hésiter entre plusieurs directions et ne parvient pas à livrer un message aussi incisif qu’espéré. Les questions philosophiques sur la vie et la mort, le clonage et la conscience individuelle restent en suspens, sans véritable approfondissement. Ce choix peut être interprété comme une volonté de laisser le spectateur tirer ses propres conclusions, mais il donne aussi une impression d’inachevé.

 

Mickey 17 est un film qui divise. Bong Joon-ho y déploie son talent pour la mise en scène et la satire sociale, mais l’ensemble souffre d’un manque de cohésion. Le mélange des genres, entre comédie, science-fiction et drame existentiel, crée un déséquilibre qui nuit à l’impact du film. Si certains apprécieront l’univers visuel et l’ironie mordante du récit, d’autres pourront être frustrés par un scénario qui manque de rigueur et un humour qui ne fait pas toujours mouche.

 

Note : 6/10. En bref, une satire ambitieuse mais inégale. Avec un concept aussi riche, Mickey 17 aurait pu être un film marquant. Mais en cherchant à trop en faire, il finit par perdre de son mordant. Une expérience intrigante, mais qui laisse un goût d’inachevé.

Sorti le 5 mars 2025 au cinéma

 

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