3 Avril 2025
Grosse Pointe Garden Society // Saison 1. Episode 6. Plant Parenthood.
L’épisode 6 de Grosse Pointe Garden Society, intitulé "Plant Parenthood", marque une pause dans l’intrigue principale pour explorer de nouveaux aspects des personnages. Ce choix scénaristique, bien qu’intéressant sur le papier, risque cependant de diluer l’attention du spectateur. Alors que la série a su captiver en mêlant mystère, satire sociale et drame relationnel, ce détour met l’accent sur des enjeux plus quotidiens, notamment la parentalité et les dilemmes familiaux. Une respiration nécessaire ou un ralentissement qui pourrait lui coûter cher ?
Jusqu’ici, Marilyn était un personnage secondaire, son rôle se limitant principalement à mettre la pression sur les membres du Garden Club. Dans cet épisode, elle devient narratrice et prend le devant de la scène, un choix qui n’est pas forcément le plus efficace. Si l’idée d’élargir l’univers de la série en développant ses figures de second plan peut sembler pertinente, le manque de fond autour de Marilyn rend cet exercice un peu vain. Sa frustration face à son mariage avec Buzz, le maire de Grosse Pointe, et ses soupçons sur une possible liaison avec sa collègue Tara pourraient donner matière à une intrigue solide.
Pourtant, son parcours peine à susciter l’intérêt, en grande partie parce qu’il manque d’un véritable enjeu. L’un des rares événements marquants de l’épisode la concerne indirectement : son chat est attaqué par un coyote. Une péripétie qui, bien que surprenante, ne parvient pas à apporter de réelle tension dramatique. Le seul moment où Marilyn joue un rôle clé dans l’intrigue principale survient en toute fin d’épisode. Lors d’une conversation avec Alice chez le vétérinaire, elle mentionne avoir aperçu Catherine et Birdie en train de déplacer un corps.
Mais son témoignage est flou : elle se souvient du véhicule, pas des personnes à son bord. Un indice qui pourrait peser plus tard, mais qui arrive bien tard dans un épisode où le mystère principal semble avoir été mis entre parenthèses. Si l’épisode met en lumière la parentalité sous différentes facettes, c’est surtout Alice qui hérite d’un dilemme intéressant. Sa relation avec Doug prend une tournure inattendue lorsqu’elle découvre que son récent succès en tant qu’artiste repose sur un malentendu : c’est sa mère, Patty, qui achète en secret toutes ses toiles. Convaincue d’investir dans l’avenir de son fils et de sa belle-fille, Patty ne cache pas ses attentes.
Pour elle, cet argent doit servir à construire un futur stable… et à accueillir un enfant. Ce poids supplémentaire sur les épaules d’Alice la met face à une impasse morale : doit-elle révéler la vérité à Doug, quitte à briser son enthousiasme, ou continuer à jouer le jeu, au risque d’aggraver la situation ? Ce genre de dilemme fonctionne bien dans la série, car il ajoute de la profondeur aux personnages tout en restant accessible. La pression sociale et familiale autour de la maternité est un sujet qui résonne avec beaucoup de spectateurs, et Grosse Pointe Garden Society l’aborde de manière subtile.
Mais si cette intrigue fonctionne sur le plan émotionnel, elle éloigne encore un peu plus l’épisode de son fil rouge principal. Catherine et Brett sont eux aussi confrontés à des choix difficiles, bien que leurs arcs narratifs suivent une structure plus convenue. Catherine se voit offrir une opportunité professionnelle en rencontrant une célèbre agente immobilière. Ce qui pourrait être un tournant décisif pour elle se transforme rapidement en dilemme lorsqu’elle reçoit un message de sa fille juste avant un entretien crucial.
Son choix de quitter la réunion pour être présente auprès d’elle illustre un conflit universel : la conciliation entre carrière et vie familiale. Bien que la situation soit compréhensible, elle reste un peu trop attendue pour surprendre réellement. De son côté, Brett se retrouve à rivaliser avec Connor sur l’organisation de l’anniversaire de Zach. Si cette rivalité offre quelques moments légers, elle tourne rapidement au rapport de force entre deux figures parentales, un motif déjà exploité auparavant dans la série.
Finalement, Brett devient le grand gagnant de cette confrontation, Connor cherchant à l’acheter avec des promesses d’amitié pour compenser son propre échec sentimental. Une conclusion qui souligne l’humour mordant de la série, mais qui reste dans des schémas narratifs familiers. Le personnage de Birdie souffre d’un problème récurrent : sa relation avec Ford tourne en boucle. Encore une fois, ce dernier adopte un comportement provocateur, oscillant entre rejet et recherche d’attention. L’histoire suit un chemin prévisible : Ford agit pour attirer l’attention de Birdie ou pour la repousser, ce qui la pousse à réagir.
Cette mécanique a déjà été utilisée à plusieurs reprises, ce qui donne l’impression que la série retarde inutilement une révélation évidente : Birdie est très certainement sa mère. L’arrivée de Joel dans cette intrigue n’apporte pas non plus de véritable nouveauté. Son rôle consiste surtout à offrir un soutien à Birdie, et bien que la scène finale laisse entrevoir une intensité émotionnelle entre eux, elle n’a pas l’impact escompté. À ce stade, il serait peut-être temps que Grosse Pointe Garden Society cesse d’étirer ce secret et passe à la suite.
L’un des points les plus déroutants de cet épisode est la quasi-absence du fil rouge principal : le meurtre de Quiche. Si les épisodes précédents avaient réussi à équilibrer intrigue criminelle et développement des personnages, « Plant Parenthood » semble complètement mettre de côté la tension dramatique liée à cette mort. Les séquences en flash-forward, habituellement riches en indices, sont ici trompeuses. Dès la scène d’ouverture, la série tente de faire croire que Marilyn pourrait avoir assassiné son mari, Buzz. Une fausse piste rapidement désamorcée lorsqu’on découvre qu’elle suivait en réalité la voiture transportant le corps de Quiche.
L’unique avancée dans l’enquête provient d’une remarque sur la voiture de Gary, qui semble correspondre à celle de la victime. Une information qui aurait pu être un rebondissement marquant, mais qui arrive trop tard et de manière trop discrète pour relancer réellement l’intrigue. Si cet épisode fonctionne pour ceux qui s’intéressent aux dynamiques du quotidien à Grosse Pointe, il risque de frustrer ceux qui suivent avant tout la série pour son intrigue principale. Le choix de mettre en avant Marilyn n’était pas forcément le plus pertinent, d’autant plus que son personnage n’a jamais été suffisamment étoffé pour porter un épisode à lui seul.
De plus, plusieurs intrigues secondaires, comme celles de Birdie et Ford, commencent à tourner en rond, ce qui affaiblit l’ensemble. Ce qui avait fait la force de Grosse Pointe Garden Society jusque-là, c’était sa capacité à mêler habilement mystère, comédie et critique sociale. Ici, le déséquilibre est trop marqué : l’humour et le drame relationnel prennent toute la place, au détriment du suspense. La série peut-elle se permettre un tel détour sans perdre en intensité ? Probablement, si les prochains épisodes parviennent à renouer avec l’énergie des premiers.
Note : 4.5/10. En bref, il serait dommage que cet épisode marque le début d’une baisse de régime. L’intérêt repose encore sur la résolution du meurtre, et il serait préférable que la série ne l’oublie pas trop longtemps.
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