Critique Ciné : G20 (2025, Amazon Prime Video)

Critique Ciné : G20 (2025, Amazon Prime Video)

G20 // De Patricia Riggen. Avec Viola Davis, Anthony Anderson et Marsai Martin.

 

Le cinéma d’action a toujours aimé transformer des lieux symboliques en champs de bataille. Avec G20, le sommet international devient le décor d’un huis clos explosif où une poignée de dirigeants tentent d’échapper à une attaque coordonnée. Au cœur de cette pagaille, une figure inattendue prend le rôle de sauveuse du monde : une présidente américaine interprétée par Viola Davis. Le film, diffusé sur Prime Video, joue sur une nostalgie certaine des productions musclées des années 90, avec leur héros improbable mais déterminé.

 

La présidente des États-Unis Taylor Sutton au sommet du G20 apprend qu'une attaque terroriste est imminente. Sutton doit faire appel à son expérience diplomatique et militaire pour sauver sa famille, ses collègues leaders mondiaux et la liberté elle-même.

 

Ce long-métrage repose sur un postulat simple : un groupe de mercenaires, mené par un antagoniste idéologue aux méthodes brutales, prend en otage les leaders du G20 dans un complexe de luxe en Afrique du Sud. Leur but ? Désarçonner l’économie mondiale pour tirer profit d’un pari risqué sur les cryptomonnaies. Dans ce chaos bien huilé, la présidente américaine Danielle Sutton parvient à échapper à la capture. Accompagnée de quelques alliés inattendus, elle va tenter de reprendre le contrôle de la situation. La mise en scène ne cherche pas à innover. Les scènes d’action se succèdent avec un rythme soutenu, mais sans grande inventivité. 

 

La réalisation reste très télévisuelle, avec des éclairages artificiels et des plans parfois peu inspirés. Pourtant, malgré cette enveloppe visuelle un peu fade, l’ensemble fonctionne comme un divertissement du samedi soir. Ce type de film ne cherche pas à bouleverser les codes du genre, mais plutôt à offrir une expérience familière et accessible. Ce qui retient surtout l’attention, c’est l’interprétation de Viola Davis. Connue pour sa capacité à incarner des rôles complexes, elle parvient ici à insuffler une certaine gravité à un personnage qui aurait pu sombrer dans la caricature. 

 

Présidente mais aussi mère, ancienne militaire et figure d’autorité, elle traverse le film avec une présence indéniable, même lorsque le scénario flirte avec l’absurde. Dans un registre très différent de ses rôles dans Widows ou The Woman King, elle réussit tout de même à capter l’attention, même au cœur d’un film aux ambitions limitées. Le film prend quelques détours comiques, notamment grâce aux autres personnages embarqués dans la cavale. Le Premier ministre britannique, maladroit et peureux, contraste fortement avec la détermination de Sutton. De son côté, la représentante du FMI offre des moments plus décalés, notamment lors d’une course-poursuite absurde à bord d’un véhicule blindé. 

 

Ces scènes, bien qu’un peu forcées, allègent le ton général et permettent de ne pas sombrer dans un pathos excessif. L’écriture du film reste basique. Les dialogues sont souvent réduits à l’essentiel, avec des phrases courtes, presque mécaniques. Il est difficile d’y trouver une réelle finesse ou un sens du verbe. Cela n’empêche pas quelques répliques de tenter l’humour ou la punchline, mais elles tombent rarement juste. Cela dit, pour un film de ce calibre, l’attente n’est pas tant du côté de la prose que de l’efficacité narrative. Ce qui interroge davantage, c’est le traitement des thématiques politiques. Le film évoque, en arrière-plan, des questions comme la désinformation, les deepfakes ou encore les dérives de la finance mondiale. 

 

Ces idées sont posées, mais rarement explorées. Elles servent davantage de toile de fond que de véritable sujet. L’opposition entre la vision idéaliste de la présidente et le cynisme de ses adversaires reste très manichéenne. Cela donne l’impression que le propos politique n’est qu’un prétexte pour déclencher les fusillades. Le personnage de Rutledge, interprété par Antony Starr, incarne ce vilain générique aux motivations floues. C’est un homme brisé, animé par une vengeance confuse, qui prétend agir pour une cause, mais qui semble surtout motivé par le chaos. 

 

Son discours sur la corruption mondiale et la chute des institutions ne trouve jamais vraiment d’ancrage. Il devient un simple obstacle à abattre, sans réelle consistance. La dynamique familiale au cœur du film aurait pu apporter plus de relief émotionnel, mais reste assez superficielle. La fille de la présidente, adolescente rebelle et un peu trop compétente en piratage informatique, est intégrée dans l’intrigue de manière peu subtile. Cela introduit des situations parfois maladroites, où l’on sent que le film veut à la fois jouer la carte de l’action et celle de la tendresse familiale, sans vraiment y parvenir.

 

Malgré ses défauts, G20 parvient à remplir sa fonction première : divertir. Le film ne prétend pas révolutionner quoi que ce soit, et c’est peut-être là qu’il trouve sa légitimité. Il offre une heure quarante de tension, de bagarres, de rebondissements téléphonés mais efficaces. C’est le genre de production qui se consomme sans trop réfléchir, idéale pour une soirée où l’on cherche simplement à décrocher du quotidien. Le choix de Viola Davis dans ce rôle interpelle. Son talent n’est plus à prouver, et il est certain qu’elle aurait pu exiger un projet plus ambitieux. 

 

Mais elle semble s’amuser dans ce registre, et c’est aussi ce qui sauve le film. Sa présence élève un scénario très convenu, et donne un peu d’âme à une production qui aurait pu sombrer dans l’anonymat total. En somme, G20 n’est ni un échec, ni une révélation. C’est un film d’action calibré, qui joue la carte de l’exagération sans jamais totalement basculer dans l’auto-dérision. Il s’adresse à un public qui connaît les codes du genre et qui ne demande qu’à se laisser porter. Si l’on accepte ses limites, il peut offrir un moment de cinéma agréable, sans prétention.

 

Note : 5.5/10. En bref, G20 n’est ni un échec, ni une révélation. C’est un film d’action calibré, qui joue la carte de l’exagération sans jamais totalement basculer dans l’auto-dérision.

Disponible sur Amazon Prime Video

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article
D
De toute façon même si j'apprécie Anthony Starr mise à part "The Boys" et "The Covenant" il est juste un acteur de série B. Banshee est certe très divertissant mais reste une série B
Répondre
D
C'était génial Banshee quand même