Critiques Séries : Will Trent. Saison 3. Episode 13.

Critiques Séries : Will Trent. Saison 3. Episode 13.

Will Trent // Saison 3. Episode 13. One of Us Now.

 

L’épisode 13 de la saison 3 de Will Trent continue de tisser une toile dense autour de la douleur, du pardon, et de cette lutte intérieure que Will mène depuis le début. Il y a quelque chose d’inévitablement fragile dans cet épisode, quelque chose de presque bancal, mais c’est justement ce déséquilibre qui le rend aussi marquant. La série a déjà prouvé qu’elle savait jongler entre l’intime et l’institutionnel, entre les enquêtes lourdes et les cicatrices personnelles. Cet épisode ne déroge pas à la règle, mais ce qui m’a particulièrement frappé ici, c’est la manière dont le collectif Olas est traité. 

 

Il ne s’agit pas seulement d’une secte manipulatrice comme on en a souvent vu à l’écran. Il y a ici une volonté presque militante de transformer des êtres brisés en armes humaines. Et ce glissement idéologique est d’autant plus glaçant qu’il repose sur des outils très simples : l’isolement, la culpabilisation, et un vernis pseudo-spirituel. Will Trent n’est pas un personnage qui s’autorise à lâcher prise. Ce n’est pas nouveau, mais cette fois, c’est presque douloureux à regarder. Ce besoin constant d’endosser les fautes, même celles qui ne lui appartiennent pas, frôle l’autodestruction. 

Et ce complexe du sauveur, aussi irritant qu’il puisse être à la longue, prend ici une dimension plus tragique que jamais. Voir Will tenter de protéger Naomi, quitte à se mettre lui-même en danger, ne relève pas du courage héroïque mais plutôt d’un refus obstiné de s’accorder une seconde chance. Et quand la réalité le rattrape – brutalement, comme souvent – c’est à travers une mise en scène presque surréaliste. Cette scène où Will, drogué contre son gré, hallucine une soirée dansante sur fond de Donna Summer est peut-être l’un des moments les plus étrangement sincères de la série. 

 

C’est à la fois ridicule, touchant et révélateur. Dans ce chaos psychédélique, Will avoue, sans barrière, qu’il aime. Qu’il a besoin des autres. Et que, peut-être, il mérite un peu d’amour lui aussi. Ces mots-là, il ne les dit jamais à jeun. Rain, le leader du collectif Olas, incarne ce genre de gourou qui ne supporte aucune remise en question. Dès que Will commence à remettre en cause les règles internes – notamment sur les objets personnels ou la culpabilité de Naomi – la violence symbolique devient réelle. Rain n’est pas un simple manipulateur ; c’est un stratège, prêt à créer des soldats, et même à sacrifier ceux qui doutent. 

Et dans cette logique, Finn, la jeune ado entraînée à tuer, incarne une innocence pervertie qui fait mal à regarder. Will parvient à établir un lien fragile avec elle – une fois de plus grâce à Betty, sa chienne – et ça fonctionne, probablement parce que Finn, comme lui, a encore un reste d’humanité à protéger. Cette scène aurait pu basculer dans le drame, mais elle illustre parfaitement cette ligne mince entre danger et espoir, omniprésente dans cet épisode. Ormewood prend ici une place qu’il n’avait pas encore vraiment occupée jusqu’à présent. Son passé militaire, jusque-là discret, devient un outil de connexion, presque de rédemption. 

 

En approchant Ike Cass, un ancien soldat transformé en tueur par le collectif, il ne joue pas le flic menaçant, mais l’égal, le camarade d’armes. Et ça fonctionne. Cette scène entre eux est sans doute l’une des plus fortes de l’épisode, car elle mise tout sur l’écoute, la reconnaissance mutuelle, et l’empathie. Une approche que Will lui-même a encore du mal à appliquer à sa propre souffrance. La relation entre Angie et Will reste l’un des fils rouges les plus complexes de la série. Ici, elle revient pour le sauver, littéralement. Mais Will, encore sous l’effet des drogues, pense d’abord qu’elle n’est qu’une hallucination. 

Il veut croire qu’elle est là, qu’elle le soutient, mais il doute encore. Ce moment est à la fois touchant et cruel, parce qu’il met en lumière l’incapacité de Will à accepter qu’il puisse être aimé sincèrement. Leur lien reste fort, même s’il ne s’agit plus de romance. C’est un lien forgé dans la douleur, la survie, et une forme de fidélité mutuelle que peu de personnages peuvent comprendre. Cela rend le personnage de Seth – le compagnon d’Angie – immédiatement secondaire, presque superflu, tant il ne saisit pas cette connexion indéfectible. Ce que j’apprécie particulièrement dans cette troisième saison, c’est la place donnée aux dilemmes personnels, notamment à travers Faith. 

 

Sa relation avec son fils Jeremy prend ici un tournant décisif. Lorsqu’elle apprend qu’il a été impliqué dans un trafic, elle ne réagit pas d’abord en enquêtrice, mais en mère. Et c’est cette dualité qui rend son personnage si crédible. Elle choisit de le protéger, quitte à l’éloigner, mais ce choix n’est pas sans douleur. La scène où Jeremy prend conscience de ses erreurs et tente de réparer le lien brisé est l’une des plus sincères de l’épisode. Elle montre que les relations familiales, complexes et imparfaites, peuvent être des moteurs narratifs puissants quand elles sont bien écrites. 

Et cette volonté de réconciliation, notamment avec Will, vient rappeler que malgré les tensions, certaines connexions méritent d’être préservées. Cet épisode réussit aussi un équilibre intéressant entre tension dramatique et respiration comique. La scène du bal halluciné aurait pu être de trop, mais elle vient justement alléger une intrigue chargée sans jamais tomber dans la caricature. Il y a une vraie maîtrise dans cette alternance de tons. Et ça fait du bien, surtout dans une série où les blessures émotionnelles sont omniprésentes.

 

Cette fin d’épisode laisse entrevoir une forme de reconstruction. Les personnages ne sont pas guéris, loin de là, mais certains murs commencent à se fissurer. Will semble enfin prêt à accepter qu’il n’est pas uniquement défini par ses fautes. Et peut-être que c’est le premier pas vers quelque chose de plus sain. L’association entre le GBI et l’APD fonctionne de mieux en mieux, et si la série continue sur cette lancée, avec des intrigues qui croisent trauma personnel et enjeux collectifs, alors elle peut encore surprendre. L’épisode 13 de cette saison 3 de Will Trent n’est pas sans défauts, mais il touche juste. 

Il parle de pardon sans être moralisateur, de reconstruction sans happy end forcé, et il met en lumière l’importance des liens – familiaux, amicaux, ou professionnels – dans la survie au quotidien. Le personnage de Will est toujours aussi tourmenté, mais son évolution, lente et douloureuse, commence enfin à se dessiner. Et c’est ce genre de progression que j’attends d’une série policière à dimension humaine. Pas de miracle, pas de grands discours. Juste des gens abîmés qui tentent de se relever. Et c’est exactement ce que cet épisode a su capter.

 

Note : 7/10. En bref, un pas de plus dans l'obscurité, mais aussi vers la lumière. L’épisode 13 de cette saison 3 de Will Trent n’est pas sans défauts, mais il touche juste. 

Prochainement sur TF1 et TF1+

 

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