How to Sell Drugs Online (Fast) (Saison 4, 6 épisodes) : un retour inattendu, une fin cohérente

How to Sell Drugs Online (Fast) (Saison 4, 6 épisodes) : un retour inattendu, une fin cohérente

Quand une série semble avoir dit tout ce qu’elle avait à dire, la logique voudrait qu’elle s’arrête là. Et pourtant, How to Sell Drugs Online (Fast) revient, après plusieurs années de silence, avec une quatrième saison. Un come-back que je n’attendais pas vraiment, pour ne pas dire que je le pensais inutile. La saison 3 marquait la fin naturelle d’un arc narratif inspiré d’une histoire vraie. Alors pourquoi revenir ? Cette interrogation m’a accompagné pendant tout le premier épisode… jusqu’à ce que je comprenne : la série ne revient pas pour prolonger artificiellement son succès, mais pour explorer ce qu’elle a encore à dire, en dehors des limites de son point de départ réel.

 

La série reprend quatre ans après l’emprisonnement de Moritz. Le personnage central, toujours campé par Maximilian Mundt, sort de prison avec plus de cicatrices que de projets concrets. Ce qui frappe rapidement, c’est cette nuance nouvelle chez lui. Moins arrogant, plus fragile, mais toujours hanté par cette obsession du contrôle et de la réussite. Ce n’est pas un héros en quête de rédemption, c’est quelqu’un qui cherche encore à imposer sa vision du monde – quitte à l’imposer de force. L’environnement, lui, a changé. Ses anciens complices, Lenny et Dan, ont pris un virage à 180 degrés. 

 

Finies les combines illégales, ils sont désormais à la tête d’une start-up légale, bien en place, presque corporate. Leur entreprise s’appelle Bonus Life et cible les gamers avec des compléments alimentaires. Ce changement d’univers, de la drogue à la santé, de l’underground au monde légal des start-ups, offre un contraste qui structure toute la saison. Moritz, de retour dans ce monde qui a tourné sans lui, ne trouve plus sa place. Il tente de revenir dans l’entreprise… à sa manière. Par l’arrière-plan. En manipulant. En mentant. Bref, en étant fidèle à lui-même. Son approche n’a pas changé, mais le décor, si. 

 

Et c’est dans ce décalage que se joue l’intérêt principal de cette saison. Il faut le reconnaître : cette saison 4 réutilise plusieurs mécanismes déjà vus. Le rythme rapide, les flashbacks, les montages dynamiques, les moments de rupture avec le quatrième mur… Rien de neuf à l’horizon sur ce plan-là. Est-ce gênant ? Pas forcément. C’est ce style qui a fait la particularité de la série. Mais ce choix a un revers : la nouveauté laisse un peu place à l’habitude. On devine parfois les intentions, les retournements, les chutes de certaines scènes. Cela dit, ce n’est pas tant la surprise qui maintient l’intérêt ici, mais plutôt la manière dont les personnages ont évolué. Ils sont plus matures – ou du moins, ils essaient de l’être. 

 

Le ton reste léger par moments, voire absurde, mais derrière les vannes se cache un vrai regard sur ce que deviennent les ados lorsqu’ils grandissent avec des cicatrices mal refermées. Même si Moritz reste au centre, les personnages secondaires ne sont pas pour autant effacés. Lenny, devenu père, semble enfin apaisé. Dan, de son côté, joue à fond la carte du businessman start-upé, entre anglicismes et ambition maladroite. Ce qui fonctionne ici, c’est l’authenticité des liens. Lenny et Dan ont évolué, mais leur loyauté mutuelle reste tangible. Moritz, en arrivant comme un élément perturbateur, remet en question cet équilibre, ce qui crée une dynamique intéressante – voire parfois dérangeante.

 

Lisa, ex de Moritz et désormais journaliste, revient elle aussi avec une nouvelle posture. Moins dépendante du récit de Moritz, elle incarne un regard extérieur, presque critique, sur tout ce que la série raconte. Quant à la sœur de Moritz, Marie, elle n’est plus une simple figurante adolescente. Elle s’affirme, prend de la place, et devient même l’un des points d’ancrage émotionnels de la saison. Quelques nouveaux personnages font leur apparition, avec une touche de loufoque bien dosée. Un ancien compagnon de cellule de Moritz, philosophe amateur, et un baron du crime à la sensibilité inattendue, apportent une couche de décalage. 

 

Ils ne sont pas essentiels à l’intrigue, mais viennent nourrir l’univers, en gardant cette teinte absurde qui évite à la série de se prendre trop au sérieux. Sur le plan esthétique, la série continue de faire ce qu’elle fait bien. Les scènes sont montées avec rythme, les références visuelles sont actuelles, parfois clins d’œil à des codes de la pop culture, souvent appuyées mais jamais gratuites. La série reste visuellement cohérente avec ses débuts, sans chercher à en faire trop. Le recours aux graphismes pour illustrer certaines données numériques, ou encore les transitions visuelles façon réseaux sociaux, s’inscrivent naturellement dans la narration. 

 

Rien n’est gratuit, tout sert à rappeler que cet univers est né d’une époque où les codes visuels changent aussi vite que les tendances TikTok. L’un des charmes de la série réside dans son humour. Cette saison continue de jouer sur le registre de l’absurde et du sarcasme, mais de façon un peu plus discrète. Les punchlines sont là, les situations improbables aussi, mais elles laissent souvent place à des dialogues plus amers, plus introspectifs. Un exemple marquant : la manière dont la série aborde la relation entre Moritz et Lenny, en pastichant plusieurs films romantiques. Une séquence presque parodique, mais qui en dit long sur la tendresse refoulée entre ces deux amis. 

 

Derrière les clins d’œil à la pop culture, c’est la solidité d’une amitié mise à rude épreuve qui s’exprime. Et c’est là que la série touche, sans forcément chercher l’émotion facile. Pas de feu d’artifice pour le final. Pas de retournement spectaculaire. Juste une conclusion honnête. La saison se termine sans trahir l’univers de départ, mais sans chercher à épater non plus. L’intrigue se boucle, les personnages prennent chacun leur chemin. Il y a une certaine forme de mélancolie dans cette fin. Pas parce qu’elle est triste, mais parce qu’elle marque la fin d’un cycle. On sent que cette fois, c’est vraiment terminé.

 

Ce choix de ne pas céder à l’escalade dramatique donne de la crédibilité à l’ensemble. La série n’a jamais été là pour choquer ou bouleverser, elle a toujours préféré raconter le chaos avec légèreté, et conclut de la même manière : avec justesse. Ce que How to Sell Drugs Online (Fast) réussit encore ici, c’est de capturer quelque chose de son époque. La start-upisation du monde, les faux-semblants des réseaux sociaux, la pression du succès dès l’adolescence, tout cela est présent sans être appuyé. Il n’y a pas de leçon de morale, juste une observation acide, parfois drôle, parfois désabusée.

 

Même les noms choisis pour certains éléments (entreprises, podcasts, tendances) montrent une certaine capacité à faire sourire tout en pointant du doigt l’absurde de certains phénomènes actuels. Cette quatrième saison n’essaie pas de relancer l’histoire. Elle n’est pas là pour ouvrir une nouvelle ère ou poser les bases d’un spin-off. Elle se contente de refermer proprement ce qui avait été commencé. Par moments, elle perd un peu de la fraîcheur des débuts, c’est vrai. Certaines idées semblent recyclées, certains arcs prévisibles. Mais elle garde une cohérence interne, un ton particulier, et surtout, elle évite de tomber dans l’oubliable.

 

À l’arrivée, cette saison m’a semblé plus modeste que les précédentes, mais aussi plus sincère. Elle n’a pas cherché à briller à tout prix, elle s’est juste concentrée sur ce qu’il restait à dire. Et c’est peut-être ça, le plus grand respect qu’une série puisse offrir à ses personnages… et à ses spectateurs.

 

Note : 7/10. En bref, cette saison m’a semblé plus modeste que les précédentes, mais aussi plus sincère. Elle n’a pas cherché à briller à tout prix, elle s’est juste concentrée sur ce qu’il restait à dire.

Disponible sur Netflix

 

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