The Bondsman (Saison 1, 8 épisodes) : Kevin Bacon contre les démons

The Bondsman (Saison 1, 8 épisodes) : Kevin Bacon contre les démons

Dans la vaste forêt des séries fantastiques, certaines choisissent de s'aventurer sur des sentiers déjà bien battus. The Bondsman n'échappe pas à cette logique. Avec une promesse initiale assez intrigante – celle d'un chasseur de primes ramené à la vie pour traquer des démons évadés de l’enfer – la série s’engage sur un terrain connu. Et pourtant, au fil des huit épisodes, ce potentiel semble s’étirer plus qu’il ne se révèle. Kevin Bacon incarne Hub Halloran, un ancien chasseur de primes tué dès le premier épisode par des malfrats locaux. 

 

Le chasseur de primes, Hub Halloran, revient d'entre les morts. Il découvre que son ancien travail a maintenant pris une tournure démoniaque.

 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : le protagoniste revient parmi les vivants, ou du moins dans une version fonctionnelle de lui-même. Ce retour n'est pas sans conditions. Il a une dette à payer, et c'est le diable qui tient le carnet de comptes. Midge, une sorte de représentante RH de l’enfer déguisée en vendeuse de cupcakes, lui attribue une mission simple : rattraper les démons en cavale. S’il réussit, il reste sur Terre. S’il échoue, il est renvoyé en enfer. Le principe est clair. Sa mise en application, un peu moins. Chaque épisode ou presque repose sur une structure similaire : un démon s’empare d’un corps, commet une atrocité, puis Hub le débusque et le renvoie dans les flammes. 

 

Cette répétition aurait pu fonctionner avec un minimum de variation dans les antagonistes ou dans la manière de les piéger. Mais au lieu de ça, les créatures se ressemblent toutes, jusqu’à leur regard vide et leurs traits éteints. Elles parlent peu, ne laissent guère de place à la surprise, et deviennent rapidement interchangeables. Le manque de diversité dans les confrontations rend l’ensemble monotone. Même les scènes d’action finissent par manquer de souffle. Il ne suffit pas d’enchaîner les effusions de sang et les détonations pour créer du rythme.

 

Autour de Hub gravitent quelques personnages censés enrichir l’intrigue. Il y a sa mère, Kitty, interprétée par Beth Grant, figure familière dans ce type de rôle, qui trouve ici un peu plus de consistance que d’habitude. Il y a aussi Maryanne, l'ex-femme, et Cade, le fils adolescent. Tous trois sont embarqués dans les conséquences du retour de Hub, mais leurs arcs narratifs sont trop maigres pour qu’on s’y attache vraiment. Maryanne, en particulier, semble souvent cantonnée à une fonction sentimentale ou nostalgique, sans jamais devenir un moteur de l’histoire. Quant au fils, il manque d’épaisseur et finit souvent relégué à l’arrière-plan.

 

L’action se déroule à Landry, une petite ville du sud des États-Unis. Ce cadre aurait pu servir à ancrer le récit dans une ambiance pesante, à la limite du gothique. Mais le traitement manque cruellement de justesse. Les accents, les décors, la façon dont les habitants sont représentés – tout sonne faux. Il y a une volonté de recréer une atmosphère à la Stephen King, sans jamais en capter la subtilité. L’autre souci vient d’un choix musical récurrent : des scènes entères de musique country qui n’apportent rien à l’intrigue, sinon un ralentissement du rythme. On en vient à les redouter tant elles interrompent la progression du récit.

 

Hub et Maryanne formaient autrefois un duo de musique country. Cette information, qui pourrait relever du détail de caractérisation, devient un fil rouge de la saison. Elle donne lieu à des scènes de chant interminables, à des flashbacks, à des cassettes VHS de leurs heures de gloire. Le passé artistique du couple occupe un espace narratif bien trop large au regard de ce qu’il apporte vraiment. Il est difficile de ne pas voir dans ces choix une tentative de faire exister la passion musicale de Kevin Bacon à l’écran, au risque de parasiter le propos initial. Dès lors, l’idée centrale – traquer les démons pour gagner son salut – s’efface au profit d’une nostalgie forcée.

 

La série semble hésiter entre deux tonalités : l’horreur et la comédie. Il y a des tentatives d’humour – comme un manuel d’utilisation démoniaque obsolète ou des dialogues absurdes – mais jamais assez poussées pour créer un vrai effet comique. L’ensemble reste tiède. C’est dommage, car l’univers proposé se prêt justement à une certaine dérision. L’épisode 6 tente de sortir de cette mécanique épisodique en apportant des éléments de fond sur la société Pot of Gold, cette entreprise liée à l’enfer. C’est sans doute le moment où la série paraît le plus inspirée, dépeignant un enfer bureaucratique, amateur de fax et de pop-ups, digne d’une satire.

 

The Bondsman se regarde, mais laisse un goût d’inachevé. L’idée de départ avait de quoi séduire : mélanger le fantastique, les petites villes américaines, et une touche de rédemption morale. Pourtant, à force de vouloir cocher toutes les cases – action, humour, drame familial, musique, folklore sudiste – la série finit par s’éparpiller. Il reste quelques séquences efficaces, un certain charme visuel, et un Bacon qui, même en mode automatique, reste une présence solide. Mais à titre personnel, il faut bien admettre que cette saison n’a pas tenu toutes ses promesses. Peut-être qu’avec une saison 2 plus recentrée, plus audacieuse, et moins chargée en country, l’enfer pourra redevenir un terrain de jeu digne d’intérêt.

 

Note : 4.5/10. En bref, The Bondsman se regarde sans véritable plaisir et laisse un goût d’inachevé. L’idée de départ avait de quoi séduire : mélanger le fantastique, les petites villes américaines, et une touche de rédemption morale. Pourtant, à force de vouloir cocher toutes les cases – action, humour, drame familial, musique, folklore sudiste – la série finit par s’éparpiller et ne plus rien raconté.

Disponible sur Amazon Prime Video

 

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