Critique Ciné : Gabby et la maison magique - Le film (2025)

Critique Ciné : Gabby et la maison magique - Le film (2025)

Gabby et la maison magique - Le film // De Ryan Crego. Avec Laila Lockhart Kraner, Lior Chabbat et Kristen Wiig.

 

Gabby et la maison magique – Le film est clairement là pour divertir les plus petits, leur offrir un monde plein de couleurs, de rires et de chansons. Adapté de la série Netflix à succès destinée aux enfants de 3 à 6 ans, le long-métrage s’adresse clairement à ce jeune public déjà conquis par les aventures de la petite Gabby et de ses compagnons félins. Mais pour ceux qui découvrent cet univers au cinéma sans avoir grandi avec la série, l’expérience a tout du marathon sucré dont il est difficile de sortir indemne. Dès les premières minutes, le film plonge dans un univers coloré et exagérément brillant. Les décors débordent d’imagination : maisons en cupcakes, arc-en-ciel clignotants, créatures à paillettes et nuages qui parlent.

 

Gabby part pour une virée en voiture avec sa grand-mère Gigi vers la ville imaginaire de Chat Francisco. Mais lorsque sa précieuse maison de poupée tombe entre les mains de Véra, une femme excentrique dangereusement obsédée par les chats, Gabby va partir à l’aventure, cette fois dans le monde réel, afin de récupérer ses Gabby Chats et sauver leur maison avant qu'il ne soit trop tard.

 

Pour un enfant, c’est un rêve éveillé. Pour un adulte, c’est un peu comme tomber dans un pot de confiture sans savoir comment en sortir. La réalisatrice Ryan Crego prolonge ici la logique de la série : une immersion totale dans le monde magique de Gabby, où tout est positif, coloré et joyeux. L’idée n’est pas mauvaise en soi — après tout, la bienveillance est devenue une denrée rare au cinéma — mais sur la durée d’un long-métrage, cette approche finit par tourner à vide. Les émotions restent à la surface, les conflits s’effacent derrière des arcs-en-ciel, et tout semble formaté pour maintenir un taux de bonne humeur constant. C’est charmant… mais aussi terriblement plat.

 

L’histoire de Gabby et la maison magique – Le film tient en quelques lignes : Gabby et ses amis chats doivent sauver leur univers enchanté d’un petit désordre magique qui risque de tout dérégler. Le scénario aligne les péripéties comme un jeu de construction : une mission par séquence, un message positif à la clé, et un retour à la normale avant le générique. Le problème, c’est que le film dure plus d’une heure et demie — une éternité pour les enfants de moins de six ans. En salle, beaucoup décrochent bien avant la fin. L’attention des petits s’évapore au fil des séquences répétitives, et les parents se mettent à regarder leur montre en silence. La mécanique de la série, efficace sur des épisodes de dix minutes, ne tient pas le rythme d’un format cinéma. 

 

Tout semble étiré, artificiellement gonflé pour atteindre la durée d’un long-métrage. Résultat : le charme de la série s’épuise, et l’énergie se dissout dans une succession de saynètes trop sages. Visuellement, Gabby et la maison magique ressemble à une immense vitrine de magasin de jouets. Chaque personnage, chaque objet, chaque recoin de décor semble conçu pour exister aussi en figurine dans les rayons des supermarchés. Ce n’est pas une surprise : la franchise Gabby et la maison magique a déjà généré des lignes entières de produits dérivés. Le film prolonge cette logique commerciale sans s’en cacher. Le résultat, c’est un univers qui brille de mille feux mais qui manque d’âme. Tout est si lisse, si parfait, qu’on finit par ne plus rien ressentir.

 

Le parallèle avec Pixar est inévitable, tant le studio américain a prouvé qu’un film pour enfants pouvait aussi toucher les adultes. Ici, la comparaison fait mal. Là où Pixar ose aborder la tristesse, la perte ou la peur, Gabby et la maison magique s’interdit tout relief émotionnel. Tout est enchantement, sans jamais la moindre ombre. La distribution vocale réserve pourtant quelques surprises. La présence de Gloria Estefan en voix de chat magique intrigue autant qu’elle amuse. L’artiste s’amuse visiblement à jouer de cette excentricité, mais son apparition ressemble davantage à un clin d’œil qu’à un vrai choix artistique. Quant à Laila Lockhart Kraner, qui prête sa voix à Gabby depuis les débuts de la série, elle semble coincée dans un rôle qui ne lui permet plus d’évoluer. 

 

Son interprétation, très codée et surjouée, fonctionne dans un format court, mais devient lassante sur la durée. L’actrice a grandi, mais le personnage, lui, est resté figé. Le film reprend une mécanique déjà vue : Gabby s’adresse directement aux spectateurs, leur demande de chercher un objet ou de répondre à une question. Dans une salle de cinéma, cet effet interactif tombe complètement à plat. Les enfants n’osent pas parler, les parents se crispent, et l’ambiance devient gênante. Ce qui fonctionne devant un écran à la maison ne passe pas la barrière du grand écran. Le tout évoque un mélange de Dora l’exploratrice et de clips YouTube pour enfants, où tout est pensé pour capter l’attention visuelle mais sans réelle narration.

 

À la décharge du film, Gabby et la maison magique ne trompe personne sur ses intentions. Il s’adresse à un public très précis : les enfants d’âge préscolaire. Pour eux, le film fonctionne. Les couleurs éclatent, les chansons sont entraînantes, les messages positifs (amitié, entraide, imagination) passent sans heurt. Mais au cinéma, l’expérience devient vite fatigante. Ce qui, sur Netflix, peut occuper une après-midi pluvieuse, devient une épreuve pour les adultes dans une salle obscure. La magie finit par s’effriter, remplacée par une forme de saturation visuelle et sonore. Gabby et la maison magique – Le film n’est pas un désastre, mais c’est une œuvre sans réelle ambition cinématographique. 

 

Un produit calibré pour prolonger la popularité d’une marque plus qu’un vrai film pensé pour le grand écran. Les enfants y trouveront leur compte, les parents prendront leur mal en patience, et Netflix aura rempli son contrat : offrir une nouvelle aventure à sa petite héroïne à paillettes. Mais difficile de ne pas ressentir une certaine nostalgie pour une époque où les films d’animation familiaux savaient parler à tout le monde. Ici, la magie s’adresse à un seul âge — celui où l’on croit encore que tout finit toujours bien.

 

Note : 3/10. En bref, une avalanche de paillettes qui finit par lasser.

Sorti le 8 octobre 2025 au cinéma

 

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