6 Octobre 2025
Play Dirty // De Shane Black. Avec Mark Wahlberg, Lakeith Stanfield et Rosa Salazar.
Quand un film s’annonce comme un mélange entre action nerveuse, humour décalé et atmosphère noire inspirée d’un classique de la littérature policière, il y a de quoi être intrigué. C’était mon cas avec Play Dirty, adaptation d’un roman de Donald E. Westlake, porté à l’écran par Shane Black. Sur le papier, tout semblait réuni pour un bon divertissement : un cinéaste réputé pour ses dialogues affûtés (Kiss Kiss Bang Bang, The Nice Guys), un casting solide avec Mark Wahlberg, LaKeith Stanfield, Rosa Salazar et Tony Shalhoub, et une intrigue de braquage qui promettait son lot de retournements. Mais à l’écran, le résultat est loin d’être à la hauteur.
Parker, accompagné de Grofield, Zen et d’une équipe chevronnée, tombe par hasard sur un butin qui les met en conflit avec la mafia new-yorkaise, dans cette aventure audacieuse et pleine de malice.
Le film avait sans doute de bonnes intentions. Malheureusement, il s’égare dans un scénario brouillon, difficile à suivre, et finit par ressembler davantage à une succession de scènes mal raccordées qu’à une histoire construite. La structure est confuse, les transitions maladroites, et au bout d’un moment, l’envie de s’attacher à l’intrigue disparaît peu à peu. Ce qui aurait pu être une réinvention moderne du film de braquage devient une expérience frustrante, où l’on sent que quelque chose cloche presque à chaque séquence. L’idée de base avait pourtant du potentiel : suivre Parker, un voleur intrépide qui joue à visage découvert et se retrouve impliqué dans un jeu de dupes où même les criminels finissent par être trahis.
Braquer ceux qui braquent, en théorie, ça avait de quoi donner une dynamique intéressante. Sauf que le traitement manque cruellement de rythme et de cohérence. Au lieu d’une montée en tension progressive, Play Dirty se disperse dans des sous-intrigues anecdotiques et des rebondissements prévisibles. Les différentes missions censées préparer le grand coup final se succèdent sans passion. Chaque étape ressemble à une case cochée sur un cahier des charges plutôt qu’à un vrai moment de cinéma. L’humour, censé alléger le ton, paraît forcé. Les dialogues ne trouvent jamais la justesse qu’on attend d’un Shane Black, qui d’ordinaire sait jongler avec ironie et répliques mémorables. Ici, tout sonne plat.
À ce manque de souffle narratif s’ajoute une direction visuelle décevante. Les effets spéciaux, omniprésents, n’apportent rien. Pire encore, certains plans donnent une impression d’artificialité totale. Entre les fonds verts mal incrustés et des CGI datés, il devient difficile de croire à l’action. Les fusillades n’ont aucune intensité, les poursuites manquent de danger, et même l’ambiance de Noël censée donner une touche particulière paraît plaquée, comme un gimmick déjà usé. Tout cela finit par donner un film qui ressemble parfois à une parodie involontaire. À force d’accumuler des images qui ne tiennent pas visuellement, la tension s’évapore et l’ensemble prend une allure de téléfilm surproduit.
L’un des aspects les plus gênants reste le doublage français. Il est tout simplement raté. Voix décalées, intonations mal choisies, dialogues qui tombent à plat : difficile de ressentir la moindre émotion. Certains personnages semblent caricaturaux simplement parce que leurs voix n’épousent jamais leurs gestes ni leurs regards. Cela casse toute immersion, et parfois même l’envie de continuer. Pour un film produit par une plateforme comme Amazon, on pouvait espérer un minimum de soin à ce niveau-là. Malheureusement, tout laisse penser que cette étape a été bâclée. Mark Wahlberg, dans le rôle de Parker, n’arrive pas à convaincre. Son interprétation manque de froideur, de danger et de profondeur.
Wahlberg donne l’impression d’errer dans un rôle qui n’est pas fait pour lui. Heureusement, le reste du casting parvient à sauver quelques séquences. LaKeith Stanfield apporte un vrai charisme et vole presque chaque scène où il apparaît. Rosa Salazar, malgré un rôle sous-exploité, réussit à donner un peu de relief. Quant à Tony Shalhoub, il confirme encore une fois sa capacité à rendre ses personnages immédiatement intéressants. Mais ces éclairs isolés ne suffisent pas à compenser les failles globales. Le plus regrettable reste sans doute l’écart avec l’œuvre originale. Les romans de Donald E. Westlake avaient ce mélange unique de noirceur et de cynisme. Dans Play Dirty, cette dimension est quasiment absente.
À la place, le film adopte un ton hésitant, à la fois léger et violent, mais sans jamais trouver l’équilibre. Résultat : les fans de l’auteur risquent d’y voir un contresens total. Shane Black, autrefois maître dans l’art de dynamiter les codes du film de genre, semble ici en pilotage automatique. Les dialogues n’ont pas la vivacité qu’on lui connaît, l’humour tombe à plat, et même la mise en scène paraît fatiguée. Cela donne un film impersonnel, loin de ce qu’on pouvait attendre d’un réalisateur aussi reconnu. En sortant de Play Dirty, j’ai eu la sensation d’un énorme gâchis. Tout était là pour livrer un bon divertissement : un univers de braquage, un casting solide, un réalisateur habitué aux histoires de voyous désabusés…
Mais le résultat ressemble à un puzzle mal assemblé. Chaque pièce existe, mais rien ne s’imbrique correctement. Le film finit par n’être ni drôle, ni tendu, ni palpitant. Juste long. Et même si quelques scènes isolées fonctionnent, elles se perdent dans un ensemble confus et sans saveur. Play Dirty aurait pu relancer Shane Black et offrir une adaptation digne des romans de Donald E. Westlake. À la place, il s’agit d’un film mal équilibré, porté par un scénario faible, des effets visuels ratés et une interprétation centrale décevante. Il reste quelques acteurs secondaires qui sauvent l’honneur, mais dans l’ensemble, l’expérience est loin d’être satisfaisante.
Note : 4/10. En bref, pour un film de braquage censé jouer avec l’intelligence et les nerfs du spectateur, Play Dirty échoue à livrer autre chose qu’un divertissement bancal. Une vraie déception.
Sorti le 1er octobre 2025 directement sur Amazon Prime Video
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