Critique Ciné : Scared Shitless (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : Scared Shitless (2025, direct to SVOD)

Scared Shitless // De Vivieno Caldinelli. Avec Steven Ogg, Daniel Doheny et Chelsea Clark.

 

Sorti de l’esprit un peu malade (et donc intéressant) de Vivieno Caldinelli, Scared Shitless se présente comme une comédie horrifique qui assume jusqu’au bout son concept improbable : un monstre logé dans les canalisations d’un immeuble qui s’en prend à tous ceux qui osent s’asseoir sur le trône. Oui, c’est bien ce que le titre annonce. Et contre toute attente, ça marche… parfois. L’histoire suit Don, un plombier old school, et son fils Sonny, un jeune germophobe angoissé depuis la mort de sa mère. Le duo se retrouve embarqué dans une nuit infernale après un banal appel de dépannage qui tourne au cauchemar sanglant. 

 

Un plombier et son fils germophobe sont contraints de se salir les mains pour sauver les résidents d’un immeuble, lorsqu’une créature génétiquement modifiée et assoiffée de sang s’échappe dans le système de plomberie.

 

La cause : une créature génétiquement modifiée qui se balade dans les tuyaux et transforme chaque chasse d’eau en scène de crime. Dit comme ça, ça ressemble à une blague de mauvais goût. Et pourtant, Scared Shitless fait preuve d’un vrai sens du second degré. Le film sait qu’il est absurde — il s’en amuse, et c’est précisément ce qui le rend supportable. Caldinelli ne cherche jamais à vendre une profondeur qu’il n’a pas : il balance de la tripaille, des gags visuels, et une ambiance de série B totalement assumée. Le point fort du film, c’est clairement la relation entre Don et Sonny. Steven Ogg (qu’on a vu dans The Walking Dead ou Better Call Saul) joue avec une intensité presque comique ce père un peu bourru, fier de son métier et débordant d’amour maladroit. 

 

En face, Daniel Doheny incarne un fils pétri de phobies, dont la peur des microbes tourne à la caricature. Leur duo fonctionne à merveille : ils s’engueulent, se soutiennent, se jettent des blagues acides à la figure pendant que les cadavres s’empilent. Ce lien donne un peu d’émotion au milieu du carnage, comme une sorte de Le Monde de Nemo des égouts. Quand les deux sont ensemble, le film dégage une vraie énergie. Dès qu’ils sont séparés, ça se casse un peu la figure : Sonny peine à exister sans son père, et les autres personnages paraissent creux, réduits à des clichés ambulants. Les moments où Don s’éloigne pour aller « réparer une fuite » ou sauver une locataire en détresse sentent un peu le remplissage.

 

Côté horreur, Scared Shitless ne lésine pas sur les éclaboussures. Les effets pratiques signés Steven Kostanski (déjà responsable du joyeux carnage de Psycho Goreman) sont impeccables : la bête suinte, mord, avale, régurgite, bref, tout ce qu’on attend d’un monstre des toilettes digne de ce nom. Pas de CGI moche ici : juste du latex, du sang, et un amour sincère pour les créatures des années 80. Le film joue aussi avec la frustration du spectateur : le monstre n’apparaît jamais trop longtemps. Caldinelli emprunte la logique de Jaws – montrer juste assez pour nourrir la peur sans tout dévoiler. Et ça fonctionne : chaque apparition de la bête crée une tension ridicule mais efficace, entre le rire nerveux et le dégoût amusé.

 

On pouvait s’attendre à un festival de blagues « pipi-caca ». Surprise : Scared Shitless garde la plupart de ses gags en réserve. Les dialogues sont plus pince-sans-rire que gras. Les personnages commentent la situation avec un sérieux absurde, et cette distance renforce le comique. Certaines répliques sont d’ailleurs de véritables perles d’humour noir, servies avec un flegme à la canadienne. L’ambiance musicale participe aussi à ce ton décalé. Entre deux décapitations, quelques riffs de rock canadien viennent rythmer l’action, apportant une énergie presque festive au massacre. Là où le film déçoit, c’est dans sa narration. Certaines sous-intrigues sont amorcées pour ne jamais aboutir. On parle d’un événement tragique du passé, mais sans jamais en révéler la teneur. 

 

Quelques personnages secondaires surgissent, puis disparaissent sans explication. Et certaines scènes – surtout vers la fin – donnent l’impression d’avoir été coupées au montage pour gagner du temps. Même à 76 minutes, Scared Shitless paraît parfois long. Certaines séquences s’étirent inutilement, comme si le film cherchait à se convaincre d’être plus profond qu’il ne l’est. Il aurait gagné à rester dans la pure efficacité d’une série B assumée plutôt que d’essayer de se prendre un peu trop au sérieux à la fin. Scared Shitless ne révolutionne rien, mais il n’en a pas la prétention. C’est un film simple, idiot et généreux dans son délire.  Il promet des rires, du sang, des viscères et une créature qui sort des toilettes — et il livre tout ça sans tricher. 

 

C’est un plaisir coupable, le genre de film parfait pour une soirée entre amis où l’on veut juste rire et grimacer sans se poser de questions. Vivieno Caldinelli réussit surtout à éviter le piège de la parodie lourde. Il filme tout ça avec un sérieux presque académique, comme si le sort du monde dépendait de ce plombier et de son fiston. Ce contraste entre l’absurde et la mise en scène appliquée donne au film une touche unique, presque artisanale. Scared Shitless est une comédie horrifique qui ne cherche pas à masquer son ADN de série B. C’est grotesque, dégoulinant, parfois maladroit, mais toujours sincère. Steven Ogg et Daniel Doheny portent le film à bout de bras (et de clé à molette), tandis que la créature de Kostanski rappelle que le bon vieux latex a encore de beaux jours devant lui.

 

Note : 7/10. En bref, ce n’est pas un chef-d’œuvre, ni une parodie géniale, mais un divertissement crade et drôle, qui assume pleinement d’être ce qu’il est : un film où un monstre des toilettes bouffe des locataires. Et franchement, dans un paysage ciné souvent trop lisse, ça fait du bien de tomber sur un film qui ose être… littéralement à chier.

Prochainement en France en SVOD

 

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