28 Octobre 2025
Super Grand Prix // De Waldemar Fast. Avec la voix de Séverine Cayron, Gemma Arterton et Donald Reignoux.
Il fallait bien que cela arrive un jour : après Mickey et ses copains, c’est au tour des souris d’Europa-Park de s’inviter au cinéma. Avec Super Grand Prix, le parc d’attractions allemand fête ses 50 ans en propulsant ses mascottes Ed et Edda sur la ligne de départ d’un film d’animation plein de bonne volonté. L’idée est claire : offrir un divertissement familial, rythmé, coloré, et suffisamment chargé en adrénaline pour plaire aux petits fans de vitesse. Sauf qu’entre deux virages, le moteur cale parfois. Dès les premières minutes, Super Grand Prix met le pied sur l’accélérateur. Edda, jeune souris mécanicienne rêveuse, veut prouver qu’elle peut courir avec les plus grands.
Edda rêve de devenir championne de courses automobiles. À l’approche du Super Grand Prix, elle saisit l’occasion de rencontrer son idole Ed, un pilote de légende. C’est alors qu’elle décide de prendre son destin en main et de réaliser l’impossible : prendre le départ et gagner la plus grande course de sa vie !
Face à elle, Ed, pilote sûr de lui, plus tête brûlée que réfléchi. Le duo forme le cœur du récit, entre rivalité, chamailleries et amitié forcée. Le tout dans un esprit de buddy movie très calibré, pensé pour plaire à toutes les nationalités, puisque les courses se déroulent dans plusieurs pays : la France, la Suisse, l’Italie et Londres. Drôle d’absence d’ailleurs — aucune épreuve en Allemagne, le pays d’origine du parc. Le film fait ce qu’il promet : de la course, des couleurs, des animaux rigolos, un rythme rapide et des décors variés. Les enfants auront de quoi s’amuser. Pour eux, chaque virage, chaque turbo, chaque cri d’encouragement suffit à maintenir la tension. Pour les adultes, c’est une autre histoire.
Le scénario se répète, les courses se ressemblent, et les dialogues peinent à créer une vraie émotion. Derrière la belle carrosserie, le moteur narratif manque un peu de puissance. Edda et Ed ont chacun leur histoire. Elle, marquée par un père au bord de la faillite et une mère disparue. Lui, par un passé mystérieux que le film dévoile à la va-vite. Ces éléments pourraient nourrir un vrai propos sur la résilience, l’ambition, ou même la quête d’identité. Mais tout est survolé. Chaque émotion semble expédiée, comme si le film avait peur de perdre de la vitesse. Résultat : les personnages existent surtout à travers leurs clichés — la débrouillarde têtue et le pilote orgueilleux — sans jamais vraiment dépasser ce rôle.
Autour d’eux gravitent une foule de personnages secondaires : un père dépassé, un mécano effacé, une voyante, un dromadaire commentateur boudeur… une galerie amusante sur le papier, mais trop dispersée pour être vraiment utile. Certains apparaissent, disparaissent, puis reviennent sans impact réel. Le film veut tout montrer, mais n’a pas le temps de tout raconter. Pour éviter la monotonie, le scénario tente d’ajouter un brin de mystère : quelqu’un cherche à saboter la course. Problème : l’enquête est bouclée avant même d’avoir commencé. Les fausses pistes sont rares, les rebondissements prévisibles. Ceux qui espéraient un peu de tension façon “Satanas et Diabolo” risquent d’être déçus.
Le méchant, vite identifié, ne suscite ni peur ni compassion. On aurait aimé un peu plus de folie, de danger, de second degré. Le film reste sage, trop peut-être. Même l’humour, souvent réduit à des gags visuels ou des chutes attendues, a du mal à faire mouche. L’idée d’un commentateur silencieux – un dromadaire boudeur – aurait pu être une trouvaille délicieusement absurde. Elle finit hélas en cri d’hystérie dans les dernières minutes, comme si le film avait besoin de bruit pour masquer son essoufflement. D’un point de vue visuel, Super Grand Prix ne démérite pas. Les textures sont propres, les lumières bien gérées, et certaines séquences de course parviennent à donner une vraie impression de vitesse.
La caméra glisse sur la piste, s’élève dans les airs, frôle les virages. Il y a de belles intentions de mise en scène. Mais le tout manque d’identité. L’animation est lisse, presque trop sage, comme un produit publicitaire bien fini mais sans âme. Difficile de ne pas penser à une longue promotion pour Europa-Park plus qu’à un véritable film de cinéma. Cela dit, les enfants y verront surtout des animaux qui conduisent des bolides à toute allure, et c’est peut-être tout ce qu’il faut pour les captiver. La direction artistique, tout comme la bande-son aux accents pop, remplit efficacement le cahier des charges du divertissement familial. Là où Super Grand Prix aurait pu se démarquer, c’est dans son propos.
Le film évoque la persévérance, le courage, l’égalité entre les sexes, la peur de l’échec. Des thèmes intéressants, mais traités sans profondeur. Tout reste en surface, dans une bienveillance un peu forcée. L’idée que la compétition n’est pas une fin en soi apparaît, mais se dissout aussitôt dans un discours trop poli pour être marquant. Ce qui manque vraiment, c’est un souffle, une sincérité émotionnelle. Le film semble vouloir dire beaucoup, mais sans jamais vraiment croire à ce qu’il raconte. Chaque victoire, chaque défaite paraît calculée. On attend le moment où la mécanique se dérègle, où les personnages sortent du cadre… mais ce moment n’arrive jamais.
Même la morale finale — “l’important, c’est de participer” — sonne creux, tant elle est évidente. Il faut reconnaître que Super Grand Prix remplit sa mission première : divertir les enfants pendant 1h30. Les plus jeunes adoreront les couleurs, les animaux et les cascades. Les parents, eux, trouveront peut-être le temps un peu long entre deux scènes de course. Le film reste agréable à regarder, surtout en famille, mais n’offre aucune surprise. La qualité du doublage, notamment en français, apporte un vrai plus. Les voix donnent du rythme et de la chaleur, malgré des dialogues convenus. On sent l’effort pour rendre le tout vivant et dynamique. C’est sans doute ce qui empêche le film de tomber complètement dans l’oubli.
Super Grand Prix est un divertissement honnête, taillé pour les plus jeunes, qui roule droit sur la voie du sympa mais sans plus. Visuellement agréable, rythmé et plein de bonne humeur, le film d’Europa-Park ne manque pas de cœur, mais de caractère. En cherchant à plaire à tout le monde, il finit par ne toucher personne vraiment. Pas un accident industriel, mais pas non plus une victoire éclatante. Juste une course bien propre, sans virage dangereux, ni vrai frisson. Les enfants applaudiront sûrement. Les adultes, eux, regarderont la ligne d’arrivée avec un petit sourire… et l’envie de rentrer au stand.
Note : 5/10. En bref, Super Grand Prix est un divertissement honnête, taillé pour les plus jeunes, qui roule droit sur la voie du sympa mais sans plus. Visuellement agréable, rythmé et plein de bonne humeur, le film d’Europa-Park ne manque pas de cœur, mais de caractère.
Sorti le 8 octobre 2025 au cinéma
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