Critique Ciné : The Elixir (2025, Netflix)

Critique Ciné : The Elixir (2025, Netflix)

The Elixir // De Kimo Stamboel. Avec Eva Celia Latjuba, Mikha Tambayong et Donny Damara.

 

The Elixir, production indonésienne disponible sur Netflix, démarre d’une idée prometteuse et qui finit par s’effondrer sous le poids de sa propre ambition. Le pitch a de quoi intriguer : une famille dysfonctionnelle met au point un élixir censé redonner jeunesse et vitalité, mais qui finit par déclencher une épidémie de morts-vivants. Sur le papier, on se dit qu’il y a là de quoi revisiter le mythe du zombie à la sauce asiatique, avec peut-être une touche de satire sociale. En pratique, c’est surtout un chaos narratif sans tension, peuplé de personnages incapables de faire un seul choix logique.

 

Lorsqu'un élixir crée une horde de morts-vivants, une famille en proie à la discorde doit se serrer les coudes et lutter pour survivre à la destruction de son village.

 

Dès les premières minutes, The Elixir donne le ton : de belles images, un montage nerveux, un rythme qui laisse espérer un vrai film d’action horrifique. Sauf que tout s’effondre très vite. Le scénario, déjà fragile, devient vite une suite d’incohérences. Les protagonistes enchaînent les décisions absurdes – crier au lieu de fuir, sortir la nuit au beau milieu d’une apocalypse, ou encore garder les fusils d’assaut posés sur la table sans jamais s’en servir. À ce stade, on ne sait plus si le film cherche à créer de la tension ou à tester la patience du spectateur. Le genre zombie est saturé depuis des décennies, et chaque nouveau film qui s’y attaque doit proposer une idée forte pour se démarquer. Ici, rien de tout ça. 

 

The Elixir recycle les mêmes codes vus mille fois : morsures, contamination éclair, personnages paniqués, et bien sûr les sempiternels plans de foule courant dans tous les sens. L’originalité aurait pu venir du concept de l’élixir, cette potion miracle devenue poison collectif. Malheureusement, cette piste n’est jamais exploitée. Le film ne prend pas le temps d’expliquer comment ce remède miracle provoque la transformation des humains en morts-vivants. On passe directement du drame familial au bain de sang, sans transition ni logique. La mise en scène, signée Kimo Stamboel, essaie pourtant d’apporter un peu de style. Certaines séquences d’action sont correctement filmées, et les effets pratiques (le maquillage des zombies notamment) sont plutôt réussis. 

 

Mais tout ça ne suffit pas à sauver un scénario aussi bancal. Le réalisateur semble plus intéressé par le chaos que par la cohérence. Résultat : un film qui ressemble à un épisode de série Netflix tourné à la va-vite, avec de beaux plans mais aucune âme derrière la caméra. Difficile de s’attacher à qui que ce soit dans The Elixir. Chaque membre de cette famille semble avoir été écrit pour cocher une case de scénario : le père autoritaire, la belle-mère plus jeune, la fille rebelle, le mari infidèle, le fils traumatisé… mais sans qu’aucun d’eux n’ait de vraie consistance. 

 

On a beau essayer de s’intéresser à leur survie, leurs réactions absurdes et leur absence totale d’émotion rendent la tâche impossible. À chaque nouvelle scène, on se surprend à espérer que l’un d’eux se fasse croquer, simplement pour faire avancer un peu le film. Le plus agaçant, c’est que le film ne semble même pas conscient de cette faiblesse. Les acteurs ne jouent pas mal, ils semblent juste perdus dans un scénario qui ne leur laisse aucune place pour exister. Ils passent la moitié du film à courir ou à hurler, et l’autre moitié à se regarder d’un air vide. Quand l’un d’eux prend enfin une décision, elle est si stupide qu’elle relance l’épidémie à chaque fois.

 

Visuellement, The Elixir a des qualités. La photographie est propre, parfois même élégante. Certaines scènes, notamment celles sous la pluie, dégagent une ambiance presque poétique. Mais ces éclairs d’inspiration sont noyés dans une réalisation trop inégale. Le montage multiplie les coupes inutiles, les dialogues sont plats, et la bande-son tente de compenser l’absence de tension avec des crescendos musicaux forcés. Le film dure deux heures, et c’est bien trop. L’action s’étire, les scènes se répètent, et l’ennui s’installe dès la première heure. Les rares moments de tension sont gâchés par des réactions tellement irréalistes qu’il devient difficile de prendre quoi que ce soit au sérieux. 

 

À un moment, un personnage klaxonne face à une horde de zombies et semble surpris de se faire attaquer quelques secondes plus tard. Difficile de rester investi devant un tel niveau d’absurdité. Ce qui rend The Elixir encore plus frustrant, c’est qu’on sent qu’il y avait, quelque part, une bonne idée. Le film aurait pu explorer le thème de la famille déchirée, du poids des erreurs, ou même de la soif de jeunesse à tout prix. Mais rien de tout ça n’est vraiment développé. À la place, le scénario se perd dans une succession de scènes d’horreur sans émotion. Le film tente parfois le registre dramatique, parfois le pur survival, sans jamais choisir. 

 

Résultat : un mélange confus, ni effrayant ni émouvant, qui finit par lasser. Le film essaye même d’introduire une symbolique autour de la pluie, censée apaiser les zombies. Sur le papier, c’est une bonne idée. Dans les faits, ça ressemble à un pur deus ex machina sorti de nulle part pour relancer artificiellement le suspense. L’idée aurait pu être brillante dans un autre contexte, ici elle ne fait que souligner la paresse du scénario. En sortant de The Elixir, une seule idée me vient : tout ça pour ça. Le film avait un concept fort, un potentiel visuel indéniable, et même quelques acteurs capables de porter une histoire plus solide. Mais tout s’effondre dans un tourbillon d’erreurs de scénario, de dialogues creux et de personnages inconsistants. 

 

L’idée d’un élixir qui transforme les gens en monstres aurait pu donner lieu à une réflexion sur la vanité humaine ou la peur de vieillir. Au lieu de ça, on se retrouve avec un film de zombies basique, sans tension, sans émotion, et sans identité. The Elixir n’est pas un désastre complet : la mise en scène est correcte, les effets spéciaux tiennent la route, et la photographie mérite le détour. Mais à l’heure où le genre zombie a besoin de se réinventer, ce film reste bloqué dans les clichés les plus éculés du genre. Une œuvre sans personnalité, qui donne surtout envie de revoir Dernier train pour Busan pour se rappeler à quoi ressemble un vrai film de zombies. 

 

Note : 3/10. En bref, The Elixir est un film qui promettait la vie éternelle, mais qui ne réussit qu’à ressusciter l’ennui.

Sorti le 23 octobre 2025 directement sur Netflix

 

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