Critique Ciné : L’Exorcisme Interdit (2025, direct to VOD)

Critique Ciné : L’Exorcisme Interdit (2025, direct to VOD)

L’Exorcisme Interdit // De Hyeok-jae Kwon. Avec Song Hye-kyo, Yeo-been Jeon et Joon-ho Huh.

 

Le cinéma d’horreur coréen nous a déjà offert des perles, des œuvres capables de marier tension, spiritualité et émotion. Mais avec L’Exorcisme Interdit, cette alchimie explose en vol dès les premières minutes. Ce film, spin-off de The Priests (2015), avait tout pour intriguer : deux nonnes face à une Église patriarcale, un enfant possédé, une lutte entre foi et raison. Sur le papier, ça sonnait presque audacieux. Sur l’écran, c’est une autre histoire : deux heures d’ennui poli, d’exorcisme mou et de drame mystico-administratif qui ferait bailler même Lucifer. 

 

Après avoir appris que le prêtre n'arrivera pas à temps pour sauver un jeune garçon possédé par un esprit maléfique, deux nonnes entreprennent elles-mêmes le dangereux rituel d'exorcisme interdit, en violation directe de l'ordre sacré de l'Église.

 

Sœur Junia (Song Hye-kyo), atteinte d’une maladie grave, décide de braver sa hiérarchie pour sauver un garçon possédé, Hee-Joon. Elle est accompagnée de Sœur Michaela (Jeon Yeo-bin), plus cartésienne, qui hésite entre le stéthoscope et le crucifix. L’idée de confier un exorcisme à deux femmes est plutôt rafraîchissante. Malheureusement, le scénario réussit l’exploit de rendre cette rébellion spirituelle aussi excitante qu’un chapelet mouillé. Tout est plat. Les dialogues, les visages, même les possessions. Le petit garçon crie un peu, les nonnes froncent les sourcils, et la caméra filme ça comme un documentaire sur le carrelage d’église. 

 

La scène censée être le grand moment d’horreur – l’exorcisme final – ressemble davantage à une répétition d’école catholique sous calmants. Le titre promet un combat contre le mal, mais le seul vrai démon ici, c’est la lenteur. Pas de sueur froide, pas de tension, pas même un sursaut. L’horreur, ici, se limite à des ombres mal éclairées et quelques CGI tellement ratés qu’ils mériteraient un exorcisme à eux seuls. Même la bande-son, d’habitude moteur du genre, semble en pause spirituelle : un fond sonore monotone qui ne provoque ni peur ni émotion, juste une envie pressante de vérifier l’heure. Le film se prend tellement au sérieux qu’il en devient involontairement comique. 

 

Les nonnes marmonnent des prières avec la gravité d’un concours de diction, les prêtres débattent de théologie comme s’ils choisissaient la couleur des rideaux du presbytère, et l’enfant possédé semble plus fatigué qu’habité. Il faut bien le dire : si le diable avait réellement pris possession de quelqu’un ici, il se serait probablement endormi avant la fin du générique. Le réalisateur veut visiblement livrer une réflexion profonde sur la foi, la désobéissance et la place des femmes dans l’Église. Mais à force de vouloir être symbolique, il oublie d’être cinéaste. Chaque plan semble vouloir dire quelque chose, mais rien ne dit grand-chose. Les métaphores pleuvent : les cierges, les croix, les murs fissurés… tout est lourd, surligné, récité.


Le film se regarde lui-même penser, et c’est précisément le problème : il pense beaucoup, mais il ressent très peu. Résultat : un récit qui se veut mystique, mais qui donne surtout l’impression d’un catéchisme soporifique filmé avec un budget confortable. Même les rares moments d’émotion sont sabotés par un montage hésitant et une direction d’acteurs digne d’une méditation guidée. Song Hye-kyo, star de la série The Glory, tente d’incarner une femme de foi courageuse, mais son jeu reste figé du début à la fin. Elle récite ses prières comme si elle venait de découvrir le script la veille. On devine la volonté de montrer une religieuse déterminée, mais ce qu’on voit à l’écran, c’est surtout une femme fatiguée, un peu agacée, qui semble attendre la fin du tournage.

 

Jeon Yeo-bin, en Sœur Michaela, n’a pas plus de chance. Sa rationalité de façade tourne rapidement au désintérêt, comme si elle doutait autant du démon que du scénario. Quant à Hee-Joon, le jeune possédé, il passe son temps à gémir et transpirer sans qu’on sache vraiment pourquoi. Si le diable existe, il doit lui-même se demander ce qu’il fait là. L’un des aspects les plus surprenants du film, c’est son obsession pour la bureaucratie religieuse. Au lieu d’une guerre spirituelle contre les ténèbres, L’Exorcisme Interdit ressemble parfois à une réunion de comité d’évêques : beaucoup de discussions, zéro action. La hiérarchie ecclésiastique interdit l’exorcisme, les nonnes désobéissent, les prêtres tergiversent… et tout le monde s’explique dans des couloirs mal éclairés.


C’est un peu The Office, mais sans humour, et avec des crucifix. Le film semble oublier que le cinéma d’horreur repose sur la peur, pas sur la paperasse. Ici, même les manifestations du démon ressemblent à des dossiers mal classés. Visuellement, rien à dire : les décors sont réussis. Les églises en ruine, les couloirs d’hôpital, les monastères plongés dans la pénombre… tout y est. Mais cette belle enveloppe ne cache qu’un vide abyssal. Les plans sont beaux, mais figés. Comme une peinture religieuse qu’on admire deux secondes avant de passer à autre chose. Le film a de l’allure, mais pas de vie. On dirait une pub pour la ferveur, tournée en slow motion.

 

Le peu d’effets spéciaux présents finit d’achever l’ambiance : un démon invisible, quelques distorsions de voix, des rats en CGI qui semblent sortis d’un jeu vidéo de 2004. Même L’Exorciste de 1973 paraîtrait high-tech à côté. Le concept de deux femmes défiant une Église d’hommes avait de quoi donner un vrai souffle au film. Mais au lieu d’en faire un manifeste spirituel, L’Exorcisme Interdit réduit ses héroïnes à des figures souffrantes, empêtrées dans des dialogues pompeux. Leur désobéissance aurait pu devenir un cri de liberté, elle devient une lente plainte. À force de craindre la polémique, le film s’autocensure et se vide de toute substance. Résultat : un discours sur la foi féminine sans conviction, une pseudo-réflexion sur l’institution sans mordant. 

 

La seule chose “interdite” ici, c’est l’émotion. L’Exorcisme Interdit est un film d’horreur qui a peur de faire peur, un drame spirituel qui redoute la passion, et un thriller religieux qui oublie le rythme. Sous ses airs de réflexion profonde se cache un scénario étiré, des dialogues fades et une mise en scène qui confond lenteur et intensité. Même les fans les plus fervents du genre auront du mal à y trouver leur salut. Le film parle de possession, mais c’est surtout le spectateur qui finit possédé par l’ennui. Deux heures à guetter une tension qui ne viendra jamais, à espérer un sursaut démoniaque qui ne surgit pas, et à se demander : “Mais quand est-ce que ça se termine ?” S’il existait un exorcisme contre les films sans âme, celui-là serait un excellent cobaye.

 

Note : 2/10. En bref, L’Exorcisme Interdit n’est ni effrayant, ni captivant, ni même spirituel. C’est une belle idée crucifiée par la mollesse, un film qui se prend pour une prière quand il aurait eu besoin d’un électrochoc. Au bout du compte, le seul vrai miracle, c’est d’arriver à rester éveillé jusqu’à la fin.

Sorti le 24 octobre 2025 directement en VOD

 

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G
coucou toi<br /> hihihi merci pour ton avis pour ce film :OP<br /> je vais pas le regarder :O)))<br /> bon weekend
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