Critique Ciné : The Time That Remains (2025, Netflix)

Critique Ciné : The Time That Remains (2025, Netflix)

The Time That Remains // De Adolfo Alix Jr.. Avec Jasmine Curtis-Smith, Carlo Aquino et Beauty Gonzalez.

 

The Time That Remains du réalisateur philippin Adolfo Alix Jr. avait tout pour intriguer : une romance surnaturelle entre une femme vieillissante et un amant immortel, sur fond de mythes folkloriques et de mystère policier. Sur le papier, l’idée semblait prometteuse, presque poétique. Mais à l’écran, le résultat est beaucoup plus tiède. Le film peine à captiver, se perd dans des longueurs et des personnages secondaires inutiles, jusqu’à devenir un exercice un peu vain. Malgré quelques lueurs d’émotion, The Time That Remains reste une œuvre molle, confuse et souvent ennuyeuse.

 

Cernée par une série de décès, une femme âgée revit son histoire d'amour avec un amant mystérieux et éternellement jeune, tandis qu'un inspecteur se penche sur leur sombre secret.

 

Le film s’ouvre sur une scène dramatique : Lilia Reyes, une femme âgée, se défend contre des cambrioleurs qui trouvent tous la mort. Blessée, elle est hospitalisée, et deux policiers, Angua et Carrion, viennent l’interroger. Mais une jeune infirmière, Isabel, s’y oppose, jugeant la patiente trop fragile. Ce point de départ avait de quoi poser un mystère solide : qui est vraiment Lilia ? Que cache-t-elle derrière ce calme apparent ? Et surtout, que s’est-il réellement passé cette nuit-là ? Malheureusement, dès les premières minutes, le film révèle l’un de ses gros problèmes : un rythme poussif. La mise en scène reste figée, les dialogues s’étirent sans tension, et les personnages semblent parfois parler juste pour combler le silence. 

 

Là où la situation initiale promettait un vrai suspense, le récit s’enlise dans des conversations fades et des flashbacks mal placés. À travers ses discussions avec l’infirmière, Lilia remonte le fil de sa vie et évoque sa rencontre avec Matias, un homme étrange capable de se métamorphoser en chat et de survivre au sang humain. Autrement dit, un vampire. Entre eux naît une relation passionnée, mais marquée par une fatalité : elle vieillit, lui non. Ce contraste aurait pu donner lieu à une belle réflexion sur le temps, la perte et la mémoire. Mais la mise en scène reste si plate que même les moments censés être intenses tombent à plat.

 

Le film veut mêler romance et horreur, mais ne parvient jamais à trouver son ton. Les scènes d’amour manquent de chaleur, les séquences surnaturelles manquent d’angoisse, et le mélange devient incolore. Ce qui aurait pu être une tragédie poétique finit par ressembler à un téléfilm hésitant entre deux genres. Autre souci : les personnages secondaires. La policière, le collègue, la jeune infirmière ou encore le petit ami d’Isabel… tous sont censés enrichir l’intrigue, mais aucun n’apporte vraiment quelque chose. Leur présence dilue l’histoire principale au lieu de la renforcer. 

 

Le scénario se disperse dans des sous-intrigues inutiles (une enquête policière sans tension, une histoire d’amour secondaire bâclée) qui cassent le rythme et détournent l’attention de ce qui aurait dû être le cœur du film : la relation entre Lilia et Matias. Résultat : on s’ennuie. Et c’est probablement le pire défaut qu’un film de ce genre puisse avoir. Même les scènes de révélation — censées nous bouleverser ou nous surprendre — tombent à plat tant la narration manque d’énergie. Sur le plan visuel, The Time That Remains joue la carte de l’obscurité et du mystère. Les scènes de nuit dominent, les couleurs sont sombres, presque ternes, et la photographie cherche à évoquer la mélancolie.


Mais là encore, ça ne fonctionne qu’à moitié. Le film est souvent trop sombre, au point de perdre en lisibilité. Certaines séquences semblent même tournées à la va-vite, avec un éclairage approximatif. La réalisation manque de souffle et d’inventivité. Peu de plans marquants, peu d’idées de mise en scène, peu de tension visuelle. L’ensemble paraît figé, presque théâtral. On sent que le réalisateur cherche à créer une atmosphère, mais il ne parvient jamais à la rendre vivante. Même les moments censés être poétiques — comme la scène finale sous le soleil — tombent dans une sorte de pathos convenu. Côté interprétation, Bing Pimentel (Lilia) s’en sort honorablement. 

 

Elle apporte une certaine gravité à son personnage, et quelques regards suffisent parfois à exprimer la lassitude d’une vie trop longue. Carlo Aquino (Matias), en revanche, reste étonnamment fade. Son vampire manque de mystère et de danger, alors qu’il devrait incarner la tentation et la peur à la fois. Leur duo ne dégage pas la passion qu’on aurait pu espérer. La relation entre eux, censée être le cœur du film, manque de tension, d’intensité et surtout d’alchimie.  Ce qui frustre le plus dans The Time That Remains, c’est qu’il y a de vraies idées derrière tout ça. L’idée d’un vampire qui refuse l’immortalité, d’un amour condamné par le temps, et de la mémoire comme fardeau aurait pu donner un très beau film. 

 

Il y a aussi la tentative d’ancrer le fantastique dans la culture philippine, avec différents mythes. Mais tout reste en surface. Le folklore sert de décor, le fantastique n’a jamais de véritable enjeu, et les thèmes philosophiques sont effleurés sans jamais être creusés. On devine ce que le film veut dire — que l’amour, même éternel, ne protège pas de la douleur — mais il le répète sans surprise, jusqu’à l’épuisement. La fin, où Matias choisit de se sacrifier en affrontant la lumière du soleil après la mort de Lilia, se veut poignante. Sur le papier, l’idée est belle : l’immortel qui choisit enfin la fin, pour rejoindre celle qu’il aime. Mais cette conclusion, déjà vue mille fois dans le cinéma fantastique, n’apporte rien de nouveau. 

 

Le moment manque d’émotion parce que le film n’a jamais su construire l’attachement nécessaire. Ce qui aurait pu être un sommet tragique devient juste une scène attendue, presque mécanique. The Time That Remains n’est pas un désastre, mais c’est un rendez-vous manqué. L’intention était noble : revisiter le mythe du vampire à travers le prisme du temps et de l’amour, tout en y intégrant des éléments de folklore philippin. Mais le résultat est mou, lent et sans souffle. Les dialogues traînent, la mise en scène ne décolle pas, et les personnages secondaires plombent l’ensemble. Quelques images ou idées surnagent ici et là, mais elles ne suffisent pas à sauver un film qui semble s’endormir sur son propre concept.

 

Un film qui voulait parler du temps qui passe, mais qui finit par donner surtout l’impression qu’il ne passe jamais. Une belle idée mal exploitée. The Time That Remains cherche à être poétique et profond, mais se perd dans la lenteur et la mollesse. À voir par curiosité, ou pour les amateurs de romances surnaturelles, mais difficile d’y trouver une vraie émotion ou une tension durable.

 

Note : 4/10. En bref, un conte vampirique qui s’étire sans passion. Une belle idée mal exploitée. The Time That Remains cherche à être poétique et profond, mais se perd dans la lenteur et la mollesse.

Sorti le 16 octobre 2025 directement sur Netflix

 

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