14 Octobre 2025
Matlock // Saison 2. Episode 1. The Before Times.
La saison 2 de Matlock démarre sans temps mort. Après un final de première saison riche en zones d’ombre, cette reprise, intitulée « The Before Times », nous replonge directement dans le chaos émotionnel et moral que Madeline « Matty » Matlock (interprétée par Kathy Bates) a contribué à créer. Si la série reste fidèle à son équilibre entre drame personnel et intrigue judiciaire, ce premier épisode pose surtout une question essentielle : que reste-t-il de la vérité quand les liens humains deviennent trop lourds à porter ? L’un des fils narratifs majeurs de cet épisode est sans conteste le retour de Joey, le père biologique d’Alfie. La révélation, amorcée à la fin de la saison précédente, trouve ici un écho immédiat.
Matty, qui a déjà connu la perte d’Ellie, doit composer avec ce nouveau bouleversement. Ce n’est pas tant la biologie qui la trouble, mais ce qu’elle symbolise : l’idée qu’Alfie pourrait lui échapper, qu’une autre figure paternelle vienne troubler l’équilibre fragile qu’elle a construit avec Edwin. Ce face-à-face entre Matty et Joey n’a rien de spectaculaire, mais il frappe par sa justesse. Joey, encore empêtré dans ses démons, rappelle à Matty tout ce qu’elle a perdu avec Ellie. Leurs échanges, lourds de non-dits, traduisent bien la difficulté de séparer compassion et méfiance. Et même si la question de la paternité semble réglée rapidement, on sent que Joey n’a pas dit son dernier mot.
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Son ombre plane sur la suite de la saison, comme un rappel que certaines vérités, une fois dévoilées, ne se referment jamais vraiment. L’autre grand axe de l’épisode repose sur la relation complexe entre Matty et Olympia. Leur amitié, déjà fragilisée par les événements autour de Wellbrexa, est mise à rude épreuve. Olympia, désormais empêtrée dans ses mensonges, tente de protéger Julian, alors que Matty cherche toujours à faire éclater la vérité. Deux femmes, deux fidélités opposées : l’une envers la justice, l’autre envers un homme qu’elle n’arrive pas à quitter. Ce qui fonctionne ici, c’est la manière dont la série met en scène la fatigue morale de ces personnages.
Matty semble lucide mais épuisée ; Olympia, quant à elle, s’enferme dans ses contradictions. Leurs échanges oscillent entre affection et rancune, comme s’il restait encore un espoir de réconciliation malgré la trahison. La scène où Matty évoque Ellie et sa dépendance reste l’un des moments les plus poignants de l’épisode. C’est un rappel que sous les dossiers juridiques et les manipulations, Matlock parle avant tout de deuil, de culpabilité et de pardon. Edwin, toujours droit et rationnel, continue de représenter la voix de la prudence, mais sa manière d’intervenir commence à irriter. Son insistance à vouloir éloigner Matty d’Olympia, ou à remettre en question son investissement dans l’affaire Wellbrexa, donne parfois le sentiment qu’il cherche plus à contrôler qu’à protéger.
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Leur mariage, vieux de presque cinquante ans, traverse une zone de turbulences. On ressent dans leurs échanges une tendresse indéniable, mais aussi une lassitude. Matty, malgré son âge, refuse de se retirer du combat. Edwin, lui, rêve d’un quotidien apaisé, loin des scandales et des manipulations. Ce contraste pourrait bien devenir l’un des fils rouges de la saison. Le « cas de la semaine » de cet épisode met en scène deux jeunes filles accusées d’avoir provoqué un incendie lors d’une soirée illégale. Une affaire censée relancer Julian dans le giron de Jacobson-Moore. Si cette intrigue remplit son rôle narratif, elle peine à susciter l’intérêt. L’enjeu moral paraît faible comparé aux tensions personnelles qui animent les personnages principaux.
Cela dit, le stratagème de Matty avec les balles dorées – un clin d’œil à ses méthodes rusées – apporte un peu de légèreté. Ce moment rappelle que la série sait doser l’intelligence procédurale avec des touches d’humour et d’humanité. Mais il est clair que, cette fois, le dossier juridique n’est qu’un prétexte : tout tourne autour du retour de Julian et de la manière dont chacun va composer avec ses propres contradictions. Julian revient à Jacobson-Moore, non pas pour expier, mais pour préparer sa revanche. Son retour est teinté d’hypocrisie : il prétend vouloir un poste stable, tout en dissimulant ses intentions réelles. Son père, Senior, incarne toujours cette figure du pouvoir corrompu, persuadé d’être au-dessus des lois.
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Leur relation reste l’un des piliers dramatiques de Matlock : deux hommes, liés par le sang mais séparés par l’ambition. La confrontation entre Senior et Matty est, à ce titre, l’un des moments les plus tendus de l’épisode. Peu de mots suffisent pour rappeler que ces deux-là se connaissent trop bien pour se faire confiance. Senior, avec son ton calme et presque bienveillant, dissimule mal sa menace ; Matty, elle, avance ses pions sans illusion. Le titre « The Before Times » prend tout son sens à la fin de l’épisode. Quand Matty envoie le dossier Wellbrexa au New York Times, elle sait qu’elle vient de briser l’équilibre fragile qui liait encore tous ces personnages.
Son choix est courageux mais destructeur : il signe la fin d’une époque, celle où tout semblait encore réparable. Ce premier épisode ne cherche pas à tout résoudre, mais à redéfinir les positions. Chacun campe désormais sur ses valeurs, quitte à perdre ce qu’il lui reste. Olympia, Julian, Edwin… tous semblent avancer sur un fil tendu, et Matty, lucide mais isolée, s’impose plus que jamais comme la conscience morale du récit. Ce début de saison 2 de Matlock ne cherche pas à impressionner, mais à approfondir. Les intrigues judiciaires passent au second plan pour laisser place aux blessures intimes. Kathy Bates incarne une Matty plus vulnérable, plus humaine, mais toujours guidée par une inébranlable quête de vérité.
Note : 6.5/10. En bref, ce premier épisode pose des bases solides : des relations fracturées, une vérité qui dérange, et des choix impossibles à effacer. On comprend rapidement que “The Before Times” n’est pas seulement un titre : c’est une promesse que plus rien ne sera jamais comme avant.
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