Critiques Séries : Matlock. Saison 2. Episode 2.

Matlock // Saison 2. Episode 2. Another Matlock.

Cet épisode de Matlock saison 2 m’a laissé avec un sentiment ambivalent. D’un côté, on retrouve ce que la série sait bien faire : mêler intrigue juridique, tensions psychologiques et conflits moraux. De l’autre, on sent que la mécanique devient plus complexe, presque étouffante pour ses propres personnages. Cet épisode 2, sobrement intitulé “Another Matlock”, marque une vraie fracture entre Matty et Olympia, deux femmes désormais liées par la méfiance autant que par la loyauté. L’intrigue judiciaire de la semaine illustre parfaitement les dilemmes moraux au cœur de la série. Matty doit défendre Dasha, une ancienne compagne d’un membre de la mafia russe, accusée d’avoir participé à une agression sous la contrainte. 

La défense repose sur une notion juridique que les amateurs de droit connaissent bien : le “collateral estoppel”, principe censé empêcher de rejuger un fait déjà établi. Mais dans la pratique, rien n’est simple. Le tribunal refuse d’appliquer cette protection automatique, obligeant Matty à reconstruire toute sa défense.  Ce qui m’a frappé, c’est la façon dont Matty manipule la situation. Elle utilise la peur, les silences, la colère pour influencer le jury. Elle fait venir un témoin terrorisé qui se tait à la barre, puis provoque volontairement une explosion de rage chez Alexei, l’ex-compagnon violent de Dasha. 

Ces tactiques sont efficaces, mais elles montrent aussi la part d’ombre du personnage : Matty sait que la vérité ne suffit pas toujours, et que la justice se gagne parfois à coups de stratégie. Ce qui rend cet épisode intéressant, c’est qu’Olympia agit en miroir parfait de Matty. Dès les premières scènes, elle simule une maladie pour forcer Matty à rester sur l’affaire. Elle manœuvre dans l’ombre, bloque la fuite vers The New York Times, et prend le contrôle du jeu sans jamais hausser la voix. Ce n’est plus une simple collègue ou une rivale : c’est une stratège froide, qui a compris comment piéger celle qui, jusqu’ici, menait la danse. J’ai trouvé cette inversion de rapport fascinante. Olympia n’est plus seulement blessée par la trahison de Matty, elle est passée à l’offensive. 

Et quand elle enregistre Matty en pleine colère on comprend que la guerre est déclarée. Ce n’est pas une crise passagère : c’est la fin d’une complicité, et le début d’une lutte d’ego où chacune veut garder le contrôle, quitte à s’y perdre. Ce qui traverse tout Matlock depuis le début, c’est la tension entre morale personnelle et ambition professionnelle. Ici, cette tension atteint son point de rupture. Matty, malgré sa colère, veut encore croire qu’elle peut servir la vérité. Olympia, elle, agit pour protéger Julian et sa famille, quitte à mentir ou manipuler. Ces deux femmes se ressemblent plus qu’elles ne l’admettent : elles rationalisent leurs choix, chacune persuadée de faire ce qu’il faut pour les autres.

Là où la série réussit particulièrement bien, c’est dans cette mise en parallèle entre la salle d’audience et le monde du cabinet Jacobson-Moore. Les règles sont les mêmes : tout est question de persuasion, d’apparence, de récit. Ce n’est pas la justice qui gagne, mais celle qui raconte la meilleure histoire. Et dans cet épisode, Matty et Olympia se battent justement pour imposer leur version du monde. L’évolution d’Edwin ajoute une autre dimension à l’épisode. Moins agressif que dans le premier, il se retrouve malgré lui pris entre deux feux. On sent qu’il admire toujours Matty, mais qu’il commence à douter de ses choix. Sa relation avec elle reste solide, mais les fissures apparaissent. 

Il représente la conscience morale de l’histoire, celui qui veut encore croire à une forme d’intégrité, même dans un système qui ne récompense plus la droiture. L’affaire parallèle autour de Dasha sert alors de miroir : comme cette femme piégée entre deux violences, Matty est elle aussi enfermée entre sa loyauté envers la vérité et sa dépendance à un milieu où tout se négocie. La différence, c’est qu’elle choisit d’y rester. Peut-être par orgueil, peut-être par besoin d’exister dans cette arène qu’elle maîtrise mieux que tout autre. Si la saison 1 de Matlock jouait sur la tension entre idéalisme et cynisme, cette saison 2 semble assumer pleinement son virage plus sombre. 

L’épisode 2 confirme que la série n’essaie plus de réhabiliter ses personnages, mais de les confronter à leurs propres contradictions. La frontière entre héroïne et antagoniste s’efface, au point qu’on ne sait plus vraiment pour qui on doit espérer la victoire. Le seul élément qui m’a un peu sorti de l’histoire est ce juge fan de la série originale Matlock. Les clins d’œil méta – sifflements du thème, références à Andy Griffith – m’ont semblé forcés. L’humour léger ne colle pas à la tension dramatique que la série installe ailleurs. On dirait presque une tentative de désamorcer la noirceur ambiante, mais le résultat détonne. Cet épisode 2 de la saison 2 de Matlock marque un tournant décisif. Le duel entre Matty et Olympia est désormais ouvert, et il semble clair qu’aucune des deux ne sortira indemne de ce jeu de dupes. 

L’affaire du jour, bien que secondaire, reflète à merveille la situation : deux femmes fortes, contraintes de se défendre dans un système qui ne laisse aucune place à la faiblesse. En refermant cet épisode, je me suis dit que la série venait de franchir une étape. Moins brillante, peut-être, mais plus honnête dans ce qu’elle raconte sur le pouvoir, la loyauté et la corruption morale. Si Matlock continue sur cette voie, la saison 2 pourrait bien être celle où la série cesse d’être un simple drame juridique pour devenir une véritable étude de caractère – sans illusions, mais avec beaucoup de justesse.

Note : 6.5/10. En bref, cet épisode 2 de la saison 2 de Matlock marque un tournant décisif. Le duel entre Matty et Olympia est désormais ouvert, et il semble clair qu’aucune des deux ne sortira indemne de ce jeu de dupes. 

Prochainement sur M6 et M6+