7 Octobre 2025
Regarder Red Alert revient à se demander si la caméra tremblante était vraiment un choix artistique ou juste un accessoire pour masquer l’absence de style. Dès les premières minutes, la mini-série tente de créer de l’immersion avec un style visuel a la Paul Greengrass, mais le résultat ressemble surtout à une caméra stressée qui a peur de rater un plan. Le 7 octobre 2023 est censé être vécu dans toute son horreur par le spectateur. Dans les faits, on est parfois plus occupé à suivre les secousses du cadre qu’à ressentir la peur des personnages.
Lors d’une attaque surprise menée par le Hamas contre Israël, les membres d’une famille, dispersés à travers le pays, luttent pour survivre et se retrouver.
La série suit quatre histoires humaines au milieu du chaos. Il y a Ayoub, qui se retrouve seul avec son bébé après la mort de sa femme, Nofar et Kobi, le couple de policiers séparé au festival Nova, Tali Hadad, mère courage qui transforme sa voiture en ambulance improvisée, et la famille Yahalomi, réfugiée dans une pièce de sécurité défectueuse. Le choix de rester très proche des personnages est pertinent pour montrer la survie et la panique. Le souci, c’est que cette proximité ne suffit pas à compenser l’absence de recul. On a l’impression de regarder des événements brutaux filtrés à travers un objectif maladroit. Le premier épisode installe le rythme immédiatement. La veille, les personnages vivent des moments presque banals : Ohad prépare du thé avec sa fille, Kobi joue avec ses enfants, les festivaliers profitent des premières heures du Nova.
Et puis la sirène retentit. Les explosions, les tirs, la panique : tout arrive d’un coup. La caméra qui tremble, censée amplifier la tension, finit par donner la sensation d’un documentaire amateur. Les intentions sont claires : rendre la panique palpable. Mais, entre les mouvements excessifs et les plans qui refusent de rester stables, on finit par se concentrer sur les secousses plutôt que sur l’urgence. Ayoub est probablement le personnage le plus poignant. La mort de sa femme, la protection de son bébé et l’incertitude face aux soldats israéliens qui contrôlent ses papiers constituent des moments intenses.
Mais la réalisation semble parfois oublier l’essentiel. Les plans tremblants, les changements de lumière et les dialogues un peu rigides freinent l’émotion. Il y a pourtant tout : la peur, la confusion, le désespoir. C’est juste que la caméra semble jouer sa propre partition, plus nerveuse que les personnages. Nofar et Kobi apportent un autre type de tension. Kobi se lance dans une mission de sauvetage au festival, affronte des terroristes, se cache dans les rues. La narration est efficace, mais là encore, le style visuel tire un peu vers l’illisible. La caméra bouge dans tous les sens, les transitions sont parfois abruptes, et certaines séquences perdent en clarté ce qu’elles gagnent en prétendue urgence.
Nofar, blessée et protégée par Liat, navigue entre peur et survie. Les enjeux sont forts, mais la forme les dilue. La famille Yahalomi incarne le point le plus réaliste du récit. Bat Sheva, Ohad et leurs enfants se réfugient dans une pièce de sécurité qui ne se verrouille pas. La tension est palpable, les choix sont terribles et immédiats. Et pourtant, le spectateur a presque le temps d’observer le décor, d’apprécier la façon dont les personnages essaient de rester calmes, de jouer à Taki pour occuper les enfants. La gravité du moment ne s’éteint pas, mais l’œil est attiré par des détails qui rappellent que le chaos n’a pas besoin d’artifice pour être puissant.
La caméra hésite, cherche à créer du style, mais ne fait que souligner son propre manque de subtilité. Tali Hadad, la mère d’Ofakim qui conduit blessés et voisins en sécurité, offre un autre regard sur la survie. Ses trajets dans les rues assiégées sont haletants, ses décisions instantanées et pragmatiques. L’intensité est là, mais la manière dont elle est filmée ne rend pas toujours justice à ces moments. Les plans sont souvent trop serrés ou trop tremblants, et la photo plate ne permet pas de sublimer le courage des personnages. On sent l’urgence, mais le spectateur peut finir par ressentir plus de fatigue que d’angoisse. Le rythme est probablement l’atout principal de Red Alert.
Les quatre épisodes s’enchaînent sans aucun temps mort, alternant entre les histoires des personnages. La tension est continue, la panique se transmet efficacement. On vit presque physiquement la journée, du réveil à l’assaut. Mais ce rythme serré aurait pu être accompagné d’une réalisation plus stable et d’une esthétique plus travaillée pour vraiment sublimer la dramaturgie. L’un des aspects les plus frappants est la façon dont la série s’accroche au moment présent. Elle ne prend aucun recul historique ni politique, ce qui a du sens si l’objectif est de montrer la panique humaine. Mais le spectateur manque parfois de contexte pour mesurer l’ampleur réelle des événements.
On vit le 7 octobre, mais il reste un sentiment de miniature : des vies bouleversées dans un récit intime, sans la perspective qui pourrait transformer l’urgence en tragédie universelle. Malgré tout, Red Alert captive. Les personnages sont crédibles et attachants, les décisions qu’ils prennent pour survivre donnent un rythme haletant à la série. Le fil narratif est simple et clair, et l’on se sent pris dans le chaos. Mais la forme trahit parfois l’ambition. Entre les plans secoués, les coupes rapides et la lumière crue, le spectateur est conscient de la maladresse de l’ensemble. C’est un peu comme si la série voulait à tout prix transmettre l’urgence, mais que le réalisateur avait oublié que le style doit aussi servir l’histoire.
Certaines scènes restent pourtant marquantes. La confrontation d’Ayoub avec les soldats, les choix désespérés de Bat Sheva dans le refuge, la course de Kobi pour atteindre sa femme… tout cela fonctionne parce que l’écriture et les personnages sont solides. La caméra, en revanche, s’épuise à vouloir faire ressentir l’angoisse plutôt que de la montrer avec subtilité. La tension est là, mais la fatigue du spectateur pourrait l’emporter sur l’émotion. En conclusion, Red Alert est une mini-série qui remplit son objectif principal : plonger dans la journée du 7 octobre et suivre des vies humaines bouleversées par la violence.
Les quatre histoires sont intenses et crédibles, les personnages attachants et les choix réalistes. Mais le style visuel, parfois tremblant et trop direct, dilue l’impact émotionnel. La série fonctionne grâce à son rythme et aux situations extrêmes, mais laisse une impression mitigée sur le plan artistique. On retient l’horreur, la survie, la tension… et l’envie de crier à la caméra de se calmer un peu.
Note : 5/10. En bref, Red Alert captive par ses histoires humaines et son rythme haletant, mais sa réalisation tremblante et maladroite, et son manque de recul transforment l’urgence en fatigue plus qu’en émotion.
Disponible sur Paramount+
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