7 Octobre 2025
Sleeping Dogs // De Adam Cooper. Avec Russell Crowe, Karen Gillan et Marton Csokas.
Avec Sleeping Dogs, le scénariste devenu réalisateur Adam Cooper tente un virage vers le polar noir psychologique. Sur le papier, l’idée avait de quoi intriguer : Russell Crowe dans la peau d’un ancien flic atteint d’Alzheimer, qui doit replonger dans une vieille affaire de meurtre dont il n’a plus aucun souvenir. Un mélange de film noir et de drame sur la mémoire, entre Memento et Shutter Island. En pratique, c’est surtout un film qui s’endort sur ses ambitions et finit par ronfler là où il aurait dû nous hypnotiser. Roy Freeman (Russell Crowe), ex-flic rongé par la maladie, vit entre deux mondes : celui du présent, qu’il peine à suivre, et celui d’un passé qui s’efface peu à peu.
Un ancien inspecteur de la police criminelle ayant perdu la mémoire est contraint de résoudre un meurtre brutal et de découvrir des secrets effrayants de son passé oublié.
Lorsqu’un condamné pour meurtre clame son innocence, Roy est contraint de replonger dans une enquête qu’il aurait lui-même menée… sans se souvenir ni des faits, ni des suspects, ni même de ses propres motivations. Sur cette base, Sleeping Dogs aurait pu devenir un vrai thriller psychologique, oppressant et labyrinthique. Malheureusement, Adam Cooper semble s’être perdu dans son propre puzzle narratif. Les morceaux s’emboîtent, mais jamais de manière fluide. Le film donne l’impression d’empiler des flashbacks et des dialogues explicatifs sans parvenir à créer la moindre tension. Et c’est dommage, car la thématique — la mémoire comme piège et illusion — est fascinante.
Mais ici, elle n’est qu’un prétexte à une enquête molle, où chaque révélation tombe à plat. Plus le film avance, plus l’intrigue ressemble à une version bas de gamme de Saw sans pièges ni sang, ou à un polar de seconde zone diffusé un soir de pluie sur une chaîne câblée. Comme souvent ces dernières années, Russell Crowe élève le niveau d’un film qui ne le mérite pas vraiment. Il joue Roy Freeman avec une lassitude presque touchante, un mélange de fatigue physique et de désespoir tranquille. Son regard fatigué, sa voix éraillée, son air perdu collent parfaitement à ce détective en bout de course. Mais même lui ne peut pas sauver Sleeping Dogs de son écriture paresseuse.
Le scénario enchaîne les dialogues plats et les incohérences à un rythme préoccupant. Les personnages secondaires, censés épaissir le mystère, sont au mieux anecdotiques, au pire inutiles. On a parfois l’impression que le casting tout entier se demande dans quel film il joue. Karen Gillan, pourtant capable de beaucoup mieux, est ici sous-exploitée, enfermée dans un rôle sans relief. Les autres acteurs oscillent entre la caricature et le service minimum, renforçant cette impression d’un film tourné en pilote automatique. Sleeping Dogs essaie de donner une épaisseur psychologique à son histoire, mais ne fait que s’enliser dans des discours vides.
Là où un film comme The Father transformait la confusion mentale en expérience immersive, Adam Cooper se contente d’un vernis narratif, comme si l’Alzheimer de son héros n’était qu’un gadget scénaristique. Le résultat : un polar qui se veut intelligent mais qui multiplie les facilités. Les scènes d’interrogatoire s’enchaînent mécaniquement, les flashbacks sont confus, et les révélations finales tombent dans le ridicule. Le twist du dernier acte, censé tout réécrire, ne fait que souligner les incohérences accumulées. Sans trop en révéler, disons simplement que la logique interne du film s’effondre au moment même où elle devrait se resserrer.
Des personnages changent de motivation du jour au lendemain, des actions passées n’ont plus de sens à la lumière du dénouement, et certaines décisions sont tout bonnement incompréhensibles. La scène de conclusion aurait pu sauver le tout par un sursaut d’émotion ou une vraie introspection sur la culpabilité, mais elle passe à côté de tout : ni émotion, ni tension, ni véritable réflexion. Visuellement, Sleeping Dogs n’est pas raté. La photo est propre, les décors bien choisis, et la lumière sombre colle à l’ambiance de polar. Mais cette mise en scène n’a rien d’inspiré. Adam Cooper filme avec sérieux, mais sans vision. Les plans sont corrects, jamais marquants. Même les flashbacks, censés exprimer la confusion mentale du héros, manquent de créativité.
Le montage reste plat, le rythme inégal, et certaines transitions sont si abruptes qu’on croirait des coupures publicitaires. La musique, elle, tente désespérément d’ajouter de la tension où il n’y en a pas comme tout bon vieux Direct to SVOD qui se respecte. Elle souligne chaque scène comme si le spectateur était incapable de ressentir quoi que ce soit sans aide sonore. Résultat : un film qui semble forcer ses effets au lieu de les laisser naître naturellement. Le principal problème de Sleeping Dogs, c’est son scénario. Des trous, des incohérences, et une logique narrative qui s’effrite à mesure que l’histoire avance. Certains choix des personnages défient toute compréhension, notamment dans le dernier acte. Le film veut surprendre, mais finit surtout par agacer.
C’est le genre de scénario qui te donne l’impression d’avoir manqué un épisode, alors que tout est là — juste mal expliqué. Même le traitement de la maladie d’Alzheimer est frustrant. Plutôt que d’explorer les angoisses et les failles de la mémoire, le film s’en sert comme d’un simple ressort dramatique. On reste à la surface, sans jamais plonger dans la tête de Roy. Sleeping Dogs est un film qui donne envie de l’aimer, mais qui s’oublie aussi vite qu’il se termine. Pas honteux, mais pas réussi non plus. Russell Crowe sauve l’essentiel par sa présence, mais tout autour de lui s’effondre doucement : écriture fainéante, rythme haché, dialogues sans relief et twist final bâclé. Ce n’est pas un désastre total, mais c’est typiquement le genre de film qu’on regarde d’un œil distrait et qu’on oublie aussitôt.
Adam Cooper signe un premier long-métrage honnête mais maladroit, plus proche du téléfilm de luxe que du vrai polar noir qu’il ambitionnait. Un film d’enquête qui ne décolle jamais, où l’émotion est absente et la tension artificielle. Bref, Sleeping Dogs aurait pu être un bon film sur la mémoire et la vérité… il finit juste par être un film qu’on aura du mal à se rappeler.
Note : 4/10. En bref, Adam Cooper signe un premier long-métrage honnête mais maladroit, plus proche du téléfilm de luxe que du vrai polar noir qu’il ambitionnait.
Sorti le 15 août 2025 directement sur Amazon Prime Video
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