7 Octobre 2025
Conjuring : l’heure du jugement // De Michael Chaves. Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson et Mia Tomlinson.
Avec Conjuring : l’heure du jugement, l’univers horrifique lancé par James Wan tente de refermer la boucle ouverte en 2013. Neuf films plus tard, la saga des Warren tire sa révérence dans un mélange de nostalgie, de bonnes intentions… et de déception. Ce quatrième opus centré sur le couple d’enquêteurs du paranormal n’a pas grand-chose de honteux, mais il manque clairement de souffle, d’inventivité et de frissons. Au lieu d’un baroud d’honneur, Conjuring : l’heure du jugement ressemble davantage à un hommage poli, presque timide, à une franchise qui a pourtant marqué le cinéma d’horreur moderne.
Alors qu’ils espéraient une nouvelle vie, Ed et Lorraine Warren se voient impliqués dans une dernière enquête…qu’ils n’auraient jamais dû accepter. Dans la maison de la famille Smurl, un mal ancien les attend. Un ennemi qu’ils croyaient à jamais enfoui... Découvrez comment les Warren ont affronté le cas le plus maléfique de leur carrière, inspiré de faits réels qui ont terrorisé l’Amérique.
Le film choisit d’adopter un ton plus doux, presque attendri, autour du couple formé par Patrick Wilson et Vera Farmiga. Le duo reste impeccable : leur complicité fonctionne toujours, et leur tendresse apporte un supplément d’âme à un récit qui en manque souvent. Mais cette orientation plus émotionnelle que terrifiante finit par plomber le rythme. Cette fois, l’histoire se concentre sur la famille Warren elle-même, et plus précisément sur leur fille, au centre d’une intrigue qui aurait pu être touchante si elle n’était pas aussi prévisible. En voulant humaniser ses héros, le film oublie un peu l’essentiel : faire peur.
Là où les premiers Conjuring réussissaient à créer une tension continue avec des éléments simples — un bruit dans le noir, une porte qui s’ouvre seule, un souffle derrière l’épaule — ce dernier opus préfère les dialogues explicatifs, les scènes de famille et les bons sentiments. Le résultat est plus proche d’un drame mystique que d’un vrai film d’horreur. Le cœur de la saga, c’était ce mélange entre terreur psychologique et mysticisme. Dans L’heure du jugement, ce mélange ne prend plus. L’entité démoniaque censée menacer les Warren et les Smurl n’a ni la force symbolique ni la présence glaçante des précédents adversaires. Le scénario survole le fond de l’affaire, préfère les raccourcis et finit par transformer une intrigue surnaturelle prometteuse en un simple prétexte à émotions.
Le démon, pourtant au centre du titre, devient presque secondaire — et ça se ressent. On ne tremble plus, on observe. Les quelques tentatives de jump-scares n’aident pas : elles tombent souvent à plat, trop téléphonées ou mal rythmées. À force d’utiliser les mêmes codes, le film finit par ressembler à ces productions d’horreur « grand public » où tout semble calibré pour provoquer un sursaut au bon moment. Ce qui frappe le plus, c’est la volonté manifeste de rendre hommage aux Warren. Le film les met en avant comme des figures presque mythiques, au point d’en oublier leur part d’ombre. Il ne s’agit plus ici d’une enquête surnaturelle, mais d’un adieu à un couple de légende.
Cet angle sentimental aurait pu fonctionner, à condition d’être mieux intégré. Mais le scénario insiste trop, jusqu’à frôler la redite. Le mariage de leur fille, les flashbacks attendris, la musique larmoyante de l’épilogue… tout semble fait pour émouvoir plus que pour terrifier. Et c’est là que Conjuring : l’heure du jugement se perd. À force de vouloir clore dignement la saga, le film oublie l’essence même de ce qui la rendait unique : la peur viscérale, celle qui s’immisce dans le quotidien et fait douter du réel. Sur le plan visuel, le résultat oscille entre efficacité et paresse. Quelques scènes sortent du lot — notamment l’introduction avec la naissance, filmée avec une tension sincère — mais la majorité des séquences horrifiques manquent de relief.
Les effets spéciaux, souvent numériques, manquent de finesse. Certains maquillages paraissent datés, et les CGI nuisent à l’immersion. On sent la main d’un réalisateur qui cherche à retrouver le ton de James Wan, sans jamais y parvenir vraiment. La mise en scène tente parfois de rappeler les premiers films, notamment avec quelques jeux d’ombre et de lumière, mais le sentiment de déjà-vu domine. L’ambiance sonore, quant à elle, est convenue : les silences avant le sursaut, la note grave au moment du danger, tout est attendu. Ce manque d’inventivité visuelle et sonore accentue l’impression de routine. Conjuring : l’heure du jugement ne parvient pas à se démarquer, ni à proposer de nouvelles idées de mise en scène, ni à réinventer la peur.
Le film laisse un goût amer : celui d’une conclusion trop sage pour une saga qui, à ses débuts, avait redéfini l’horreur moderne. Ce qui avait fait le succès du premier Conjuring — sa simplicité, sa tension, sa précision dans la mise en scène — s’est dilué dans une formule usée. En cherchant à plaire à tout le monde, L’heure du jugement finit par ne toucher personne. Les fans de la première heure y verront un hommage fade ; les amateurs de frissons resteront sur leur faim. Et les spectateurs curieux découvriront un film correct, mais sans vraie personnalité. Le plus frustrant, c’est que tout n’est pas à jeter. Patrick Wilson et Vera Farmiga restent les piliers émotionnels du film.
Leur duo continue de donner un peu de chaleur humaine à un univers devenu froid. On ressent une vraie affection pour eux, et c’est probablement la raison pour laquelle ce dernier chapitre reste regardable malgré ses faiblesses. Mais en dehors de ce duo, tout semble artificiel, comme si la franchise tournait sur elle-même sans savoir comment conclure. Conjuring : l’heure du jugement n’est pas un désastre, mais il symbolise la fatigue d’une saga qui a perdu son souffle. Trop long, trop explicatif, trop sage, le film peine à retrouver la magie et la terreur des débuts. Ce dernier opus aurait pu être un adieu fort, un frisson final. Il se contente d’un hommage convenable, un peu lisse, parfois émouvant, mais jamais vraiment effrayant. Un film qui se regarde sans déplaisir, mais qui ne laisse pas grand-chose une fois les lumières rallumées.
Note : 4.5/10. En bref, Conjuring : l’heure du jugement n’est pas un désastre, mais il symbolise la fatigue d’une saga qui a perdu son souffle. Trop long, trop explicatif, trop sage, le film peine à retrouver la magie et la terreur des débuts.
Sorti le 10 septembre 2025 au cinéma
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