Critiques Séries : Matlock. Saison 2. Episode 4.

Critiques Séries : Matlock. Saison 2. Episode 4.

Matlock // Saison 2. Episode 4. Pierce of My Heart.

 

Depuis le début de cette deuxième saison, Matlock avance sur un fil tendu entre la quête de vérité et les blessures personnelles de ses personnages. Après l’épisode précédent, où Matty et Olympia semblaient enfin trouver un terrain d’entente, « Piece of My Heart » vient rappeler que la paix entre elles reste précaire.
Cet épisode, plus intime, m’a frappé par sa manière de relier le deuil et la culpabilité à travers plusieurs niveaux d’histoire — l’enquête sur le scandale Wellbrexa, le passé d’une femme oubliée, et surtout, les souvenirs que Matty s’efforce de fuir. 

 

Depuis quelques épisodes, le nom de Deborah Palmer planait comme une promesse : celle d’une clé possible pour percer le mystère de Wellbrexa et, peut-être, réparer la relation brisée entre Matty et Olympia. On savait peu de choses sur elle, si ce n’est qu’elle avait été la compagne de Senior il y a quinze ans, à l’époque même où le scandale pharmaceutique prenait racine. Dans cet épisode, Deborah apparaît enfin — non pas comme la lanceuse d’alerte tant espérée, mais comme un personnage déroutant. Artiste maquilleuse à Hell’s Kitchen, elle navigue entre les vivants et les morts, maquillant parfois les uns comme les autres avec le même soin. 

Son ton léger et ses anecdotes de soirées à Sydney contrastent avec le poids des attentes placées sur elle. Matty, qui se fait passer pour une certaine “Cindy Shapiro” pour l’approcher, découvre vite que Deborah n’a pas grand-chose à offrir. Chaque fois que la conversation s’approche du cœur du scandale, la femme se referme. À la fin, elle coupe tout contact. Ce que j’ai trouvé intéressant ici, c’est la façon dont cette rencontre agit comme un miroir pour Matty. En cherchant chez Deborah des réponses sur le passé, elle se retrouve confrontée au sien. Ce n’est pas Deborah qui la fait avancer sur le plan juridique, mais sur le plan émotionnel.

 

Depuis le début de la série, la douleur liée à la mort d’Ellie, la fille de Matty, reste un fil rouge. « Piece of My Heart » ramène cette histoire en surface, parfois avec insistance, mais sans gratuité. Chaque interaction de Matty semble la renvoyer à Ellie : un mot d’Alfie, une conversation sur la maternité, ou même une chanson entendue par hasard. L’épisode revisite plusieurs souvenirs, notamment un baby shower organisé dans un bar karaoké, où mère et fille avaient partagé un moment rare de complicité. Sur scène, elles avaient chanté « Piece of My Heart », mais même là, Matty ne parvenait pas à se détendre. Obsédée par la peur d’une rechute de sa fille, elle guettait les signes, surveillait ses yeux, vérifiait chaque geste.


C’est un souvenir amer. Dans cette scène, on comprend à quel point Matty voulait bien faire, mais sans savoir comment aimer sans contrôler. L’épisode joue sur cette ambiguïté : la douleur d’une mère qui voulait sauver sa fille, mais qui l’a peut-être perdue à force de vigilance. Parallèlement, Matlock reprend sa structure classique de procédural avec une affaire en apparence indépendante, mais qui finit par résonner avec les thèmes du jour. Olympia défend une veuve dont le mari, Frank Russo, est mort sur son lieu de travail lors d’une inondation. L’entreprise reconnaît sa responsabilité, mais cherche à minimiser les compensations en décrivant Frank comme un homme âgé, au bout du rouleau, dont la disparition ne représenterait qu’une perte économique limitée.


L’affaire prend de l’épaisseur lorsque Olympia démontre que les équipements de sécurité — bouchons d’oreilles et lunettes de protection — empêchaient les employés de percevoir les signaux d’évacuation.
Ce combat en justice devient une métaphore de la série : il ne s’agit pas seulement de prouver une faute, mais de redonner du poids à une vie, aussi ordinaire soit-elle. Lorsque la veuve de Frank déclare qu’ils “n’avaient jamais perdu une minute ensemble”, Matty comprend que le vrai sujet, c’est le temps qu’on laisse filer. Ce moment-là, presque discret, résonne fort avec son propre regret de n’avoir jamais su être pleinement présente pour Ellie.

La relation entre Matty et Olympia continue d’évoluer sur un terrain miné. Après la trêve du précédent épisode, les deux femmes décident d’instaurer un pacte de transparence : chacune peut demander à consulter le téléphone de l’autre, pour prouver qu’aucune ne joue double jeu. Ce geste, censé être rassurant, tourne vite en un test d’intimité. Olympia découvre un message d’Alfie s’excusant auprès de Matty, tandis que cette dernière lit un texte de Julian exprimant sa compassion pour Olympia à l’anniversaire de la mort de son père. Ces échanges montrent bien que malgré leurs efforts pour séparer le professionnel du personnel, les émotions restent au centre. 

 

Leur collaboration repose sur une corde raide : la loyauté et la méfiance cohabitent, comme deux forces qui refusent de s’annuler. L’épisode s’achève sur un rebondissement discret mais inquiétant : Olympia annonce à Matty que Julian a désormais des informations compromettantes sur elle. Il aurait découvert, via l’ordinateur de Mrs. Belvin, les traces de ses communications liées à l’affaire Wellbrexa. Cette révélation relance la tension. Après avoir passé tout l’épisode à effleurer la réconciliation, les deux femmes se retrouvent à nouveau menacées par la trahison, cette fois venue de l’intérieur. Ce n’est pas un retour à la case départ, mais une piqûre de rappel : dans l’univers de Matlock, la vérité avance rarement sans casse.

Ce que je retiens surtout de « Piece of My Heart », c’est la manière dont la série continue à explorer le deuil et la mémoire sans tomber dans la complaisance. La douleur n’est jamais mise en scène pour émouvoir gratuitement. Elle sert à comprendre pourquoi ces personnages agissent comme ils le font. Matty et Olympia ne sont pas héroïques, elles sont humaines. L’une cherche encore la paix avec sa fille disparue, l’autre tente de protéger sa famille coûte que coûte. Ensemble, elles forment un duo aussi instable que nécessaire. 

 

Note : 6/10. En bref, l’épisode se termine sur une note suspendue, presque fragile, comme si la série nous rappelait que certaines blessures ne se referment pas, mais que l’on apprend à vivre avec. C’est peut-être ça, le vrai cœur de Matlock : ne pas chercher à effacer la douleur, mais à la transformer en quelque chose d’utile.

Prochainement sur M6 et M6+

 

Retour à l'accueil

Partager cet article

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article