Critique Ciné : After Yang (2022)

Critique Ciné : After Yang (2022)

After Yang // De Kogonada. Avec Colin Farrell, Jodie Turner-Smith et Malea Emma Tjandrawidjaja.

 

Kogonada, qui a réalisé de magnifiques épisodes de la brillante Pachinko (dont il faut que je vous parle) réalise ici un film de science-fiction humain et terriblement émouvant. Adapté de la nouvelle « Saying Goodbye to Yang » d’Alexander Weinstein (disponible dans le livre « Children of the New World »), After Yang est un film étonnant qui vous poser une question : si vous pouviez sauvegarder 5 secondes chaque jour de votre vie, qu’est-ce que vous garderiez ? Il n’y a rien de particulièrement dévastateur dans ce film. After Yang préfère contempler ses personnages et leurs décisions de façon intelligente. After Yang aurait très bien pu sortir de l’esprit d’Alex Garland (un réalisateur de référence pour moi depuis la merveille Ex Machina). On y retrouve tout ce qu’il aime dans la science-fiction et cette humanité qui transperce le spectateur. Tout commence avec Yang, un robot doté d’une intelligence artificielle, appelé « techno-sapiens » et qui s’avère être une sorte de frère pour Mika, la fille de Jake. Lorsqu’il tombe en panne, Jake veut tout faire pour le réparer.

 

Dans un futur proche, chaque foyer possède un androïde domestique, appelé « techno-sapiens ». Dans la famille de Jake, il s’appelle Yang, et veille plus particulièrement sur la jeune Mika, assurant pour cette petite fille adoptée d’origine chinoise, un rôle de tuteur, d’ami, de confident. Aussi, le jour où Yang tombe en panne, Jake met toute sa vie en pause pour tenter de le réparer. Mais le parcours va se révéler beaucoup plus compliqué que prévu, et va mettre Jake aux prises avec des questionnements existentiels et intimes vertigineux.

 

After Yang me rappelle aussi beaucoup ce que Steven Spielberg a pu faire avec A.I : Intelligence Artificielle. Il y a ici une vraie ligne fine entre l’incertitude entourant l’intelligence artificielle et nos peurs vis-à-vis de notre propre nature : celle d’être humains. Comme dans le film de Spielberg, After Yang explore aussi la difficulté d’être parent. J’ai trouvé ce film bouleversant de bout en bout, mélangeant les souvenirs du robot (ces fameuses 5 secondes par jour) avec le deuil que la famille de Jake doit en faire. Bien que Yang ne soit ni parent ni le fils de quelqu’un, à de nombreuses reprises le film le transforme dans chacun de ces deux rôles. Le but de Yang était avant tout de créer un lien entre Mika et la culture chinoise qui l’a vu naître. C’est simple et surtout magnifique. After Yang n’use d’aucun artifice afin de nous conter son récit et c’est probablement ce qui rend ce film encore plus bouleversant. On ne sait pas forcément si Jake, en regardant ces petites brèves de la vie de Yang, cherche à faire son deuil ou chercher une touche d’espoir.

 

Mais After Yang est donc un film de petits mystères : Yang peut-il être sauvé ? Quelle est l’identité de la mystérieuse femme apparu dans ses souvenirs ? Comment faire le deuil d’un être qui a beau être doté d’une intelligence mais qui n’est pas humain ? Kogonada me rappelle ici ce qu’il a déjà fait avec son précédent film, Columbus. Il aime créer une ambiance pour que ses personnages puissent trouver leur propre chemin. After Yang a une véritable richesse intéressante à délivrer aux téléspectateurs et c’est tout ce dont on pouvait rêver en termes de SF cet été. Je vous conseille vivement (avec un peu de retard) cette petite merveille.

 

Note : 8.5/10. En bref, un film brillant sur le deuil et la place de l’intelligence artificielle dans la vie d’une famille.

Sorti le 6 juillet 2022 au cinéma

 

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