13 Février 2024
American Fiction // De Cord Jefferson. Avec Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross et John Ortiz.
Jeffrey Wright tient ici l’un de ses meilleurs rôles. Il est hilarant et tient le film du début à la fin sur ses épaules. Adapté du roman Erasure de Percival Everett (que je ne connais pas), American Fiction suit les aventures de Monk alors qu’il est au fond du trou dans sa carrière et dans sa propre vie. Son dernier bouquin a été rejeté par tous les éditeurs. Il est forcé par ses pairs de quitter son boulot de prof, il est célibataire et sa relation avec sa famille n’est pas au beau fixe. Aucun de ses frères et soeurs ne l’aime bien et sa mère préfère le dire qu’il est « gros » que d’avoir un vrai rôle de mère. Alors qu’il en a marre de voir des livres « black » acclamés par la critique, il décide d’en écrire un comme eux. Un livre plein de clichés sur la vie « black » et des personnages qui vont aller dans ce même sens. Il décide alors de cacher sa propre identité derrière un pseudo et devient cet homme que les éditeurs veulent.
Thelonious "Monk" Ellison, professeur d'anglais, écrit un roman satirique sous un pseudonyme, dans le but de dénoncer les hypocrisies de l'industrie de l'édition.
Cord Jefferson (Watchmen, The Good Place) parvient à écrire des dialogues amusants et subtiles. American Fiction tient sa réussite là dedans, dans son script et dans l’interprétation sans faille de Jeffrey Wright. Lorsque le film est une vraie satire du monde de l’art et de sa commercialisation, alors le film fonctionne. American Fiction fonctionne bien moins lorsqu’il veut être tout autre chose : un drame familial, une histoire d’amour autour de Monk et d’une rencontre. Plutôt que de laisser la satire prendre le dessus et de nous amuser de bout en bout, le film n’a de cesse de revenir à ces éléments familiers afin de se sentir confortablement installé. C’est dommage car l’on perd un peu le rythme. Le film est entrecoupé de moments qui tombent parfois à plat alors que si la satire prenait réellement son envol, American Fiction aurait réellement été l’une des plus belles choses que ce début d’année nous aurait offert au cinéma.
Jeffrey Wright partage par chance une véritable alchimie avec tous les membres du casting. Cela permet de s’attacher tout de même à son personnage et ses différentes relations. Mais quand American Fiction veut être plus terre à terre, le film devient bien trop plat. Il n’y a plus la folie de ce que l’on pouvait attendre ailleurs. Même en arrivant à la fin de American Fiction, le film semble oublié ses personnages les plus intéressants. Comme Sintara incarnée par la toujours excellente Issa Rae qui est presque laissée pour compte. American Fiction est un film suffisamment sympathique pour nous faire passer un bon moment mais la satire hilarante qu’il propose par moment, est un peu trop engoncé dans un mélange qui ne prend pas toujours. Ne serait-ce que lorsque le film décide d’entrecouper le tout de moments familiaux.
Note : 5.5/10. En bref, Jeffrey Wright est excellent et la satire fonctionne, le reste moins.
Prochainement en France
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