Critique Ciné : Borgo (2024)

Critique Ciné : Borgo (2024)

Borgo // De Stéphane Demoustier. Avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly et Louis Memmi.

 

Stéphane Demoustier m’avait surpris avec La Fille au Bracelet (2020) et Borgo est une belle réussite. Ce polar dit « carcéral » a énormément de choses à nous raconter. Car si Borgo parle de la prison en Corse et de règlements de compte entre gangs corses, c’est aussi un film sur la difficulté d’intégration en Corse pour des personnes du continent. Stéphane Demoustier dépouille son film de toute recherche esthétique, permettant là aussi de nous plonger au coeur de la Corse (et surtout de la prison) sans les fioritures que l’on peut voir habituellement dans ce genre de films. Il y a clairement un travail documentaire qui a été fait afin que l’on croit à cette histoire racontée en deux temps. Je ne pensais que Borgo était divisé entre un long flashback et le présent mais cela rend l’histoire encore plus palpitant et permet aussi de créer un twist dans le dernier tiers du film qui lui sied à merveille. 

 

Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

 

Si visuellement c’est très joli, c’est avant tout Hafsia Herzi (Le Ravissement, Trois nuits par semaine) qui crève l’écran. Elle a dépassé toutes mes attentes dans la peau de Melissa. L’actrice est comme habitée par son personnage et l’on s’attache alors facilement à elle. C’est probablement car Borgo n’est pas vraiment un film de prison ou de règlements de compte mais bel et bien le portrait complexe d’une femme, Melissa, surveillante pénitentiaire. Demoustier parvient alors à décortiquer le personnage et créer une ambiance particulièrement qui montre le glissement petit à petit du personnage vers le meurtre. Certes, elle ne commet pas le meurtre, mais elle participe à ce règlement de compte. Borgo va bien au delà en montant à quel point la Corse reste un lieu complexe à aborder. Quand on n’est pas de l’île, l’intégration est souvent compliquée. 

 

Le mystère du double meurtre et de l’enquête policière est là aussi palpitant. Borgo ne cherche pas à en faire des tonnes mais montrer simplement les preuves qui commencent à faire leur apparition. Les seconds rôles sont bons (notamment le jeune Louis Memmy, inconnu au bataillon). On est donc dès les premières images plongés dans un environnement particulier mais fascinant où le piège se renferme petit à petit autour de l’héroïne. Stéphane Demoustier tient ici l’une des plus belles surprises du cinéma français de cette année. Borgo est donc un polar dit carcéral en apparence mais un film social qui en reprend tous les codes avec brio. Ça fait du bien de voir des films (ici inspiré de faits réels relatés dans la presse) qui sied aussi bien au cinéma. 

 

Note : 9/10. En bref, un choc très réussi. Hafsia Herzi crève l’écran. 

Sorti le 17 avril 2024 au cinéma

 

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