3 Juin 2024
Le Successeur // De Xavier Legrand. Avec Marc-André Grondin, Yves Jacques et Anne-Elisabeth Bossé.
Six ans après le choc Jusqu’à la Garde, Xavier Legrand revient. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Le Successeur a de quoi être clivant. C’est à la fois très inspiré et en même temps très académique, voire brouillon. Tout n’est pas à jeter dans Le Successeur car il y a énormément de choses à apprécier mais je m’attendais à quelque chose de complètement différent aussi. Tout commence avec un magnifique plan de défilé. Cette scène d’ouverture sur fond de musique électronique entêtante est prenante. On est dans le bain et on peut alors espérer que l’ensemble du récit sera aussi énergique. C’est péniblement que Le Successeur achève son premier tiers avant de nous délivrer son twist qui fait passer Le Successeur du film de drame familial (avec la mort du père du héros, la quête de réponse, le besoin de renouer avec sa famille que l’on a laissé pour compte) au thriller.
Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du coeur fragile de son père.
Le premier film de Xavier Legrand était tellement intense et juste qu’il était forcément difficile de faire aussi bien. Le Successeur se casse donc un peu les dents à cause d’un équilibre qui manque entre tout ce qu’il cherche à aborder. Le monde de la mode par exemple n’est pas spécialement utilisé, comme un trophée que l’on exhibe à quelques moments pour justifier le besoin de retourner à Paris du héros. Lorsque Le Successeur délivre son premier twist, assez maladroitement il faut bien l’avouer, le film enchaîne alors les décisions hasardeuses du héros. Pourquoi n’a t-il pas appelé la police ? Il y a cependant des tas d’idées de mise en scène assez fascinantes. Tant par la scène d’ouverture que cette façon de faire passer le temps dans la voiture dans le deuxième tiers du film en faisant un 360 degré avec la caméra. C’est une excellente idée qui donne une allure au moment.
Le second twist arrive dans les dernières vingt-minutes du film. Je dois avouer que je m’attendais à ce qu’il y ait une révélation autour du meilleur ami du père mais pas du tout dans ce sens là. C’est d’autant plus fort que ce moment est un véritable point de bascule du récit. Le Successeur a beaucoup joué avec notre perception des images, sidérant ainsi le spectateur en le laissant bouche bée. Le premier tiers du film, sur le drame familial et l’introduction du héros est sympathique mais ressemble à tellement d’autres films du genre que Le Successeur n’apporte rien de neuf. Le second tiers est intéressant mais à tendance parfois à se reposer sur son twist plus qu’à une force claire et précise du récit. Le dernier tiers est un bien plus intéressant car il permet de donner plus de coffre et d’intérêt au premier twist. Avec Le Successeur, Xavier Legrand veut clairement nous dire que l’image que l’on se fait de quelqu’un ne correspond pas toujours à la réalité.
Note : 6/10. En bref, curieux objet qui fonctionne parfois mais a tendance à se reposer sur des rebondissements parfois grotesques, cassant ainsi la force du film.
Sorti le 21 février 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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