24 Juillet 2024
La mini-série Lake in the Lake, adaptée du roman de Laura Lippman, promettait un voyage captivant dans une époque révolue, avec une distribution de choix et une production visuellement soignée. Cependant, malgré ses atouts indéniables, elle laisse un goût amer en raison de son déroulement laborieux et de ses clichés omniprésents. Dès le premier coup d'œil, Lake in the Lake se distingue par son esthétique raffinée (qui devait être réalisée par Jean-Marc Vallée - Dallas Buyers Club - avant que ce dernier ne décède en 2021) et ses costumes soignés. Les décors et la direction artistique rappellent les meilleures productions rétros, évoquant des séries telles que Mad Men et Mrs. Maisel. La reconstitution historique est indéniablement réussie, offrant une immersion visuelle dans les années 60, fidèle aux détails d'époque. Pourtant, cette impression visuelle plaisante est loin de compenser les failles scénaristiques.
Thanksgiving 1966 - Alors que la ville de Baltimore est en émoi suite à la disparition d’une petite fille, les vies de deux femmes vont fatalement entrer en collision. Maddie Schwartz, une femme au foyer, cherche à enterrer un mystérieux passé et se réinventer en journaliste d’investigation. Cleo Sherwood, une mère qui se bat pour subvenir aux besoins de sa famille, parcourt les bas-fonds politiques de la communauté noire de Baltimore. Leurs vies semblent bien différentes mais lorsque Maddie devient obsédée par la mort déconcertante de Cleo, un gouffre s’ouvre, mettant les proches des deux femmes en danger.
Le principal défaut de cette mini-série réside dans sa longueur excessive. Conçue pour durer plusieurs épisodes, elle aurait sans doute bénéficié d'une condensation en un téléfilm d'une heure et demie. L'histoire met un temps considérable avant de s’installer pleinement, ce qui engendre une certaine lassitude chez le spectateur. Les intrigues secondaires, les personnages multiples et les détours narratifs finissent par diluer l'intérêt initial. L’interprétation de Natalie Portman dans le rôle de Maddie, l'une des protagonistes principales, est décevante. Bien que Natalie Portman soit une actrice talentueuse, son personnage apparaît opaque et difficilement engageant. Maddie porte un lourd passé, dévoilé à travers des flash-backs qui semblent artificiels et alourdissent le rythme de la série. Ce manque de profondeur émotionnelle empêche le spectateur de vraiment s’attacher à elle, rendant son évolution moins captivante qu’escompté.
En revanche, le personnage de Cleo, incarné par Moses Ingram, aurait mérité davantage d'exploration. Cleo est une figure fascinante, une combattante de la ségrégation raciale qui mérite une attention plus prononcée. Sa force et sa résilience dans un contexte sociétal difficile sont sous-exploitées, laissant un sentiment de gâchis face à ce potentiel narratif non exploité. L’un des aspects les plus décevants de Lake in the Lake est son recours excessif aux clichés. La série présente une galerie de stéréotypes bien connus : le policier corrompu, le bijoutier juif avide, le star déchue sous l'emprise de la drogue, et le propriétaire de club malveillant. Ces archétypes, qui auraient pu être utilisés de manière originale, sont traités de façon prévisible et platement. L’intrigue elle-même, qui tourne autour de la disparition de Tessie Durst et cie, manque de suspense et d’intérêt. La série peine à créer une véritable tension dramatique, se perdant dans des conflits internes qui n'ont pas de répercussions claires sur l’intrigue principale.
La musique intrusive et le retour à une caméra tremblante n’aident pas à améliorer l’expérience de visionnage. En fin de compte, Lake in the Lake est une série qui brille davantage par son apparence que par sa substance. Si la direction artistique et les costumes sont impeccables, la série échoue à offrir un thriller captivant. Son ambition historique et sociétale est louable, mais cela ne suffit pas à compenser les défauts narratifs et les choix créatifs discutables. Les amateurs de reconstitutions historiques soignées pourraient trouver un certain plaisir dans l’esthétique de la série, mais ceux qui recherchent un thriller palpitant seront déçus. Le manque de dynamisme dans la narration et les personnages peu attachants font que Lake in the Lake rate sa cible, laissant un sentiment de gâchis face à un potentiel évident. En conclusion, Lake in the Lake est une série qui aurait pu être remarquable mais se trouve alourdie par une longueur excessive et des clichés usés. Elle nous rappelle que, parfois, la beauté visuelle ne peut compenser une trame narrative défaillante.
Note : 4.5/10. En bref, tout dans l'apparence, rien ne tient vraiment en substance.
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